PREMIER CAS DE MILDIOU DANS LE CONCOMBRE EN SERRE
Depuis quelques semaines, le RAP Cucurbitacées signale des cas de mildiou (Pseudoperonospora cubensis) dans des concombres en champ des régions de la Montérégie, de Lanaudière et des Laurentides. Cette semaine, un premier cas en serre a également été rapporté dans une installation située au sud de la province.
Cette maladie, facilement transportée par le vent, pourrait se manifester dans d’autres serres du Québec au cours des prochaines semaines. La température optimale d’infection du mildiou se situant entre 15 et 25 °C, la baisse des températures observée à partir de la mi-août pourrait favoriser sa sporulation et sa dissémination.
Le mildiou du concombre est une maladie virulente qui entraîne une détérioration rapide du feuillage et une baisse de production. Il se manifeste d’abord sur les feuilles âgées, par de petites taches angulaires jaunes à verdâtres, délimitées par les nervures (photos 1 et 2). Sur la face inférieure, ces taches présentent un duvet gris constitué de sporanges, sacs contenant les spores (photo 3). Au fur et à mesure que la maladie évolue, les taches s’étendent et virent au brun rouille. Les feuilles se dessèchent en se repliant vers le haut et finissent par mourir, tout en demeurant fixées à la tige.
Pour germer, les spores du mildiou ont besoin d’eau libre sur le feuillage. En conditions d’humidité relative élevée, une période de mouillure de 2 heures, à des températures entre 18 et 23 °C, suffit pour provoquer une infection généralisée en serre. Cette infection est d’autant plus favorisée lorsque l’hygrométrie ambiante est très élevée (supérieure à 85 %).
PRINCIPAUX MOYENS POUR PRÉVENIR ET LUTTER CONTRE LE MILDIOU DU CONCOMBRE
Gestion de l’humidité et de la ventilation de la serre
- Déshumidifier correctement la serre pour éviter la condensation et la présence d’eau sur les feuilles, car des conditions chaudes et sèches ralentissent la propagation du mildiou.
- Réaliser des pulses de chauffage aux 4 heures pendant la nuit.
- Activer la serre tôt le matin, en chauffant et en ventilant une heure avant le lever du jour, afin de limiter la condensation.
- Assurer une ventilation adéquate durant la journée, en alternant cycles de chauffage et de ventilation selon les conditions de température et d’humidité extérieures.
Gestion du feuillage
- Conserver le nombre de feuilles recommandé pour favoriser l’aération et réduire la transpiration.
- Éliminer les feuilles les plus affectées à l’aide de sacs plastiques pour diminuer les sources de sporulation.
Protection chimique et biologique
- Appliquer des fongicides à base de Bacillus subtilis en prévention.
- En traitement curatif, utiliser des fongicides homologués en alternance pour éviter l’apparition de résistance.
- Consulter la liste des produits homologués pour contrôler le mildiou du concombre sur le site SAgE Pesticides.
- Cette maladie n’attaque que les cucurbitacées et, malgré son nom français (mildiou des cucurbitacées), elle ne doit pas être confondue avec la maladie causée par Phytophthora infestans, appelée mildiou de la pomme de terre, qui avait fait l’objet de l’alerte du 31 juillet dernier.
Pour en savoir plus :
- Fiche Iriis Phytoprotection Mildiou – Concombre.
- Bulletin d’information N° 3 du RAP Cucurbitacées 2018 Mildiou des cucurbitacées.
- Fiche technique Concombre de serre : différencier les maladies des causes abiotiques.
- Ephytia Biologie, épidémiologie du mildiou du concombre.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction de l'usage des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Fréchette, agronome (MAPAQ) et Carlos Baez, agronome, M. Sc. avec la collaboration avec Dany Boudreault, T. P. (Climax-Conseils). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du sous-réseau Cultures maraîchères et fruitières en serre ou le secrétariat du RAP. Édition : Line Bilodeau, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.