Crucifères, Avertissement No 18, 28 août 2025

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Crucifères
Températures fraîches et quelques précipitations. Vigilance face aux taches alternariennes : de plus en plus de lésions sont observées sur les feuilles médianes, et parfois sur les inflorescences. Les chenilles défoliatrices, les pucerons, les thrips et la cécidomyie du chou-fleur sont à surveiller.

 
ÉTAT DES CULTURES ET MALADIES

Pour la plupart des régions, les précipitations demeurent insuffisantes pour répondre aux besoins des cultures. Dans plusieurs champs non irrigués, les plants souffrent toujours d'un stress hydrique. Divers désordres physiologiques sont également observés (carences minérales, montaison prématurée).  
 

La pluie et les rosées persistantes permettent toutefois la progression de plusieurs maladies. En effet, jusqu'à la hauteur de Chaudière-Appalaches, on observe une augmentation des symptômes de taches alternariennes (A. brassicicola, A. brassicae) sur les feuilles médianes et les inflorescences des crucifères-fleurs. Pour la tache noire alternarienne (A. brassicicola), il faut surveiller de près sa progression, car en début d'infection, de petites lésions peuvent apparaître qu'au niveau des pédicelles des crucifères-fleurs, sans qu'il n'y ait de dépression apparente sur l'inflorescence ni de tache sur les feuilles.
 

Image Agri-Réseau

Lésions de taches alternariennes sur feuilles de chou-fleur
Source : CIEL

Image Agri-Réseau

Lésions de taches noires alternariennes (A. brassicicola) sur pédicelles de brocoli
Source : CIEL
 


On rapporte également une hausse des symptômes de pourriture molle bactérienne. L'accumulation d'eau sur le feuillage et les inflorescences créent un environnement propice aux infections. Les dommages laissés par certains insectes et d'autres maladies (ex. : les taches alternariennes) servent aussi de portes d'entrée pour la bactérie responsable de cette maladie. L'odeur nauséabonde qui se dégage lorsque la bactérie liquéfie les tissus aide à identifier la pourriture molle bactérienne. 

Par endroits, de la pourriture sclérotique et du mildiou sont observés, mais le niveau d'infestation reste faible. Les conditions de fraîcheur actuelles pourraient favoriser leur développement. Il en est de même pour la rouille blanche, qui n’a été signalée que dans la région de Lanaudière, dans quelques champs de navet et sur au moins trois espèces de mauvaises herbes : rorippe des marais, amarante à racine rouge, amarante de Powell. 

 

ACTIVITÉ DE RECHERCHE SUR LA RÉSISTANCE DES TACHES ALTERNARIENNES AUX FONGICIDES

Au cours de la saison 2025, un exercice d’échantillonnage de crucifères affectées par la tache noire alternarienne (Alternaria brassicicola) sera mené dans le cadre d’un projet sur la résistance aux fongicides. Nous vous invitons à signaler à l’équipe du Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière (CIEL) tout foyer d’infection observé. Celle-ci coordonnera avec vous la collecte des échantillons. Les sites participants recevront un sommaire personnalisé à la fin de la saison. Les informations associées aux échantillons demeureront confidentielles.

Informations utiles : 

  • Titre du projet : « Protocoles par SHD pour détecter des mutations causant la résistance aux fongicides chez Alternaria spp. (et Phytophthora infestans) »

  • Cultures : Toutes les crucifères-légumes

  • Pathogènes : Alternaria brassicicola

Contact : Annie Archambault du CIEL, a.archambault@ciel-cvp.ca, 438 347-1416


Si vous avez des doutes sur les symptômes que vous observez, n'hésitez pas à communiquer avec l'équipe du RAP Crucifères ou les experts du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ. D'ailleurs, afin d'encourager le secteur de l'agriculture biologique et la relève agricole à faire appel à ses services, le LEDP offre gratuitement des analyses à ces clientèles.
 


INSECTES RAVAGEURS


Voici le sommaire des observations pour les insectes ravageurs : 

  • Les pucerons sont toujours très présents. Par endroits, leur contrôle est même difficile, car les colonies ont profité des conditions chaudes et sèches pour se développer rapidement.  
  • L'activité des altises (des crucifères, des navets) semble être ralentie dans la plupart des régions, alors que l'altise à tête rouge continue de faire des dégâts dans certains champs de chou chinois au sud de la province.
  • La piéride du chou et la fausse-teigne des crucifères sont toujours actives : on observe des adultes en vol et des larves sur les plantes.  
  • La fausse-arpenteuse du chou est active du sud-ouest de la province jusqu'à la hauteur de la Capitale-Nationale.
  • Les thrips sont présents dans plusieurs champs de chou pommé et de chou chinois. En Montérégie, on remarque une hausse de leur activité, particulièrement près des champs d'oignon en récolte. Il est important d'intervenir rapidement, avant qu'ils ne se cachent sous les feuilles de chou et qu'on ne puisse plus les atteindre avec les insecticides.
  • Dans les régions plus au nord, les oeufs de la mouche du chou (et des mouches des semis) sont trouvés dans les crucifères-racines et dans le feuillage des choux chinois.
  • Le niveau d'infestation de la cécidomyie du chou-fleur varie selon les champs. Des dommages sont observés par endroits, et ce, même sur des inflorescences de crucifères-fleurs prêtes à être récoltées.
 
Pour toute information concernant les produits phytosanitaires homologués dans les crucifères, consultez les bulletins d'information N° 1 (herbicides) 2025, N° 2 (insecticides) 2025 et N° 3 (fongicides) 2025.

Avant d’utiliser un pesticide, il est important de lire attentivement l’étiquette du produit et de suivre les recommandations qui y sont indiquées. En tout temps, si l’information de ce communiqué diffère de celle de l'étiquette, cette dernière prime.

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.




Cet avertissement a été rédigé par Marilou Ratté, agr., Isabel Lefebvre, M. Sc. (CIEL) et Mélissa Gagnon, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du sous-réseau Crucifères ou le secrétariat du RAP. Édition : Laurianne Pichette, agr.-phytopathologiste et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.