Cucurbitacées, Avertissement No 15, 3 septembre 2025

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Cucurbitacées
Mildiou présent dans le concombre dans la plupart des régions. Quelques cas de tache angulaire sur des fruits de courge spaghetti et de pourriture noire sur des fruits de butternut. Signalements de virus sur des fruits. Insectes et acariens parfois abondants. Récolte et conservation des courges. Implantation de cultures de couverture. 

 
MÉTÉO ET ÉTAT DES CULTURES
 
Pour la période du 27 août au 2 septembre, du temps frais s'est fait sentir en début de période, mais dès le dimanche 31 août, la chaleur et l'humidité ont été de retour pour se maintenir jusqu'au 2 septembre. Bien qu'il ait plu dans la majorité des secteurs, à plusieurs endroits, les précipitations ont une fois de plus été insuffisantes pour combler le besoin des plantes encore en croissance. 

La sénescence naturelle des plants est de plus en plus visible au fur et à mesure que les fruits murissent, c'est le cas dans plusieurs champs de courges spaghetti, poivrée, buttercup et delicata. L'oïdium est alors plus présent, le feuillage sèche et meurt. Les vieux plants de courgettes sont également très touchés par le blanc.

Là où les plants n'ont pas souffert de stress hydriques à répétition, la qualité des cucurbitacées récoltées jusqu'à présent est excellente.
 
Le sommaire agrométéorologique cucurbitacées vous présente le tableau des précipitations et des degrés-jours cumulés pour chacune des régions.
 
 
 MILDIOU DANS LE CONCOMBRE 
 
Depuis une semaine, de nouveaux foyers de mildiou (Pseudoperonospora cubensis) se sont rajoutés en Chaudière-Appalaches et dans la région de la Capitale-Nationale. En Montérégie, dans Lanaudière, en Estrie et dans le Centre-du-Québec, les vieux foyers sont stables ou en légère augmentation. On trouve également de nouveaux foyers dans ces régions, toujours dans le concombre. En Montérégie, on soupçonne la présence de mildiou dans du melon brodé en fin de production.

Pour les champs de concombre de transformation, de concombre frais et de melon brodé où il est prévu de récolter pour encore plus d’une semaine, il est conseillé de poursuivre les pulvérisations de fongicides avec des produits spécifiques contre cette maladie. Lorsque la récolte est terminée, il est important de détruire rapidement la végétation afin de ne pas laisser de plants sans protection fongique, car ceux-ci pourraient servir de source de contamination pour les autres champs.

Pour consulter la stratégie de traitement et voir des symptômes de la maladie à différents stades, dans le melon brodé et dans le concombre, consultez le bulletin d'information N° 3 du 2 juillet 2025.
 
 
SIGNALEMENTS DE MALADIES SUR DES FRUITS
 
De la tache angulaire (Pseudomonas syringae) sur des fruits de courge spaghetti a été dépistée en Montérégie et dans Lanaudière cette semaine. Sur les fruits, on peut observer des petites lésions aqueuses superficielles et légèrement déprimées, ou vert clair avec un centre plus foncé. Ces lésions peuvent se développer en profondeur et atteindre les tissus internes de la courge.
 
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Tache angulaire (Pseudomonas syringae) sur un fruit de courge spaghetti
La lésion pénètre les tissus internes de la courge.

Source : Charlotte Coutin-Beaulieu, agr., ing. (Groupe PleineTerre), 28 août 2025



Aucun nouveau cas de pourriture noire dans la courge butternut n'a été signalé cette semaine. Notez cependant que les infections se produisent lorsque la température varie entre 20 et 25 °C, sous une humidité relative élevée et une période de mouillure sur les fruits d’au moins une heure. L’humidité est le facteur prépondérant pour les infections et le développement de la maladie. Seulement trois jours suffisent entre l'infection et l'apparition de la maladie.
 
Afin de minimiser tout risque d’infection, dès que la maturité des courges est atteinte, il est important de sortir rapidement les fruits d’apparence saine des champs. Attendez dans la journée que les fruits soient secs avant de débuter la récolte, puisqu'en absence de pellicule d’eau, les champignons pathogènes risquent moins de se développer lors de l'entreposage.
 
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Pourriture noire sur une courge butternut

Source : Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)

 

PRÉSENCE DE QUELQUES VIRUS SUR DES FRUITS 
 
La présence de Potyvirus et celle de virus de la mosaïque de la courge (SqMV) ont été confirmées dans des échantillons de feuilles et de fruits de plusieurs cucurbitacées envoyés au Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ. Les pucerons sont les vecteurs des Potyvirus alors que pour le SqMV, ce sont les chrysomèles. Le nombre de plants et de fruits virosés demeure toutefois faible.
 
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Présence du virus de la mosaïque de la courge (SqMV) transmis par la chrysomèle

Source : Roxanne Letendre, conseillère (PRISME)
 


Pour en savoir davantage sur les Potyvirus et le virus de la mosaïque du concombre (CMV), dont les pucerons sont les vecteurs, consultez la fiche technique La transmission des virus par les pucerons. Vous pouvez également consulter la vidéo La transmission des virus par les pucerons (cas du virus de la mosaïque du concombre-CMV) d'une durée de 5 minutes.
 
 
INSECTES ET ACARIENS 
 
Surveillez les chrysomèles rayées du concombre, car s'il n'y a plus de fleurs dans vos champs, elles pourraient s'attaquer aux fruits. Des signalements de grignotements par les chrysomèles sont rapportés sur les fruits de melon d'eau, dans la région de Québec et en Chaudière-Appalaches. On voit également davantage de chrysomèles des racines du maïs du nord et de chrysomèles des racines du maïs de l'ouest dans les fleurs de cucurbitacées. Les chrysomèles des racines du maïs peuvent également s'attaquer à l'épiderme des fruits en l'absence de fleurs.

Encore cette semaine, on rapporte la présence de foyers d'acariens dans le concombre, le melon et les courges. Détruisez rapidement les plants une fois que la récolte est terminée.

On nous signale davantage de thrips 
(Thrips tabacicette année sous les feuilles de cucurbitacées, dans le concombre et dans les courges en particulier. Normalement, leur présence ne justifie pas de traitement. Vérifiez cependant que les insectes ne se trouvent pas à la surface des fruits où ils pourraient provoquer des dégâts d'alimentation, particulièrement sur les courges qui pourraient être entreposées après la récolte.

Vous pouvez consulter le bulletin d’information N° 1 du 22 mai 2025 pour connaître les insecticides et acaricides homologués dans les cucurbitacées, en production biologique et conventionnelle.

 
RÉCOLTE ET CONSERVATION DES COURGES
 
Il peut être difficile de savoir quand commencer la récolte de la courge poivrée. Contrairement à la courge butternut, qui à maturité prend une belle couleur chamois abricot, la courge poivrée atteint non seulement sa taille maximale dès la deuxième semaine suivant la pollinisation, mais elle prend aussi sa couleur définitive vert sombre. C’est donc dire que le risque de la récolter immature est grand. Un fruit récolté trop tôt aura de faibles taux de sucre et de matière sèche, ce qui le rendra nettement moins savoureux.
 
Deux observations peuvent nous aider à déterminer le bon moment pour récolter la courge poivrée. D'une part, la couleur de la courge au point de contact avec le sol est un bon indice visuel. En effet, si la zone de contact est de couleur jaune ou vert pâle, il faut attendre encore un peu. Lorsque la courge sera mature, cette zone prendra une couleur orangée.
 
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La couleur orange au point de contact avec le sol est un bon indice de la maturité de la courge poivrée

Source : Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)



D'autre part, on peut aussi estimer le début de la récolte en comptant 50 jours à partir de la pollinisation (lorsque les fleurs mâles et femelles sont observées simultanément). Ce décompte est un très bon indicateur du moment de la récolte, autant pour les courges poivrées que pour la plupart des autres courges d’hiver et des citrouilles.
 
Pour ce qui est des courges kabocha et buttercup, le bon moment pour commencer la récolte se situe à environ 40 jours après la pollinisation, puisque ces courges sont sensibles aux coups de soleil et ont tendance à brunir si on les récolte lorsque le feuillage est très sénescent.
(Source : Brent Loy, Department of Plant Biology, University of New Hampshire, Cucurbitaceae proceedings 2006)
 
Afin de minimiser tout risque d’infection, dès que la maturité des fruits est atteinte, il est important de sortir rapidement les fruits d’apparence saine des champs. Il faut idéalement attendre que les fruits soient secs avant de commencer la récolte, puisqu'en absence de pellicule d’eau, les champignons pathogènes ont moins de risque de se développer lors de l'entreposage.

La température d’entreposage optimale pour la courge d’hiver se situe entre 10 et 13 °C, avec une humidité relative de 50 à 70 %.
 

 
IMPLANTATION DE CULTURES DE COUVERTURE 
 
Après la récolte de vos cultures, il est recommandé de déchiqueter et d’enfouir les résidus. Cette opération empêche les ravageurs et les maladies de se développer et/ou de compléter leur cycle, ce qui constitue une stratégie efficace pour limiter leur impact sur les cucurbitacées avoisinantes, mais également sur les cucurbitacées qui seront cultivées dans les années à venir. Ceci est particulièrement vrai pour le perceur de la courge, dont la larve cherche actuellement à s'enfoncer dans le sol pour s'empuper.
 
Après la destruction des résidus de culture, il est aussi recommandé de couvrir les sols en semant des plantes de couverture (culture simple ou mélange de plusieurs espèces de plantes). En plus d'améliorer la santé et la conservation des sols, leur implantation contribue à la valorisation des éléments fertilisants et à la bonne gestion des ennemis des cultures, notamment en compétitionnant avec les mauvaises herbes et en interférant dans le cycle de développement de certains ravageurs et de certaines maladies. Il faut toutefois attendre les bonnes conditions de sol et météorologiques pour semer les cultures de couverture afin qu'elles germent rapidement et puissent croître de manière optimale. Plus l’implantation se fait tôt dans la saison, plus grand est le choix d’espèces qu'il est possible d'utiliser.

Voici quelques documents permettant de mieux connaître les cultures de couverture à privilégier et de comprendre les bénéfices de cette pratique : 
 
  • Cultures de couverture en productions maraichères;
  • Optimiser les cultures de couverture en production maraichère (p. 13); 
  • Intégration des cultures de couverture en maraîchage de terre noire;
  • Guide des cultures de couverture en grandes cultures;
  • Cultures de couverture - Les pratiques agricoles de conservation : Habiter le sol par les racines;
  • Engrais vert (Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée); 
  • Légumes de champ - Agri-Réseau | Documents | Recherche : cultures de couverture.

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.


 
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.