''Rain check'' dans la tomate. Évolution des tétranyques, autres insectes stables ou en diminution. Pourriture molle bactérienne : symptômes et précautions à la récolte. Moisissure grise, alternariose et anthracnose à surveiller, autres maladies sous contrôle. Fin de saison : gestion postrécolte et stratégies d’intervention pour les maladies et les insectes. Dernier avertissement de la saison, remerciements.
MÉTÉO ET ÉTAT DES CULTURES
Le mois de septembre amène des températures plus près des normales. Les précipitations varient hautement d’une région à l’autre, allant de presque 50 mm à l'Acadie (Montérégie) à moins de 10 mm en Estrie. Les rosées matinales restent bien présentes. La chaleur en fin de période a amené une recrudescence de certains ravageurs, particulièrement les tétranyques.
Certaines récoltes s’achèvent, notamment dans l’aubergine et la cerise de terre.
Le sommaire agrométéorologique solanacées vous informe des précipitations et du cumul des degrés-jours entre le 27 août et le 2 septembre 2025, et depuis le 30 avril :
- Précipitations des sept derniers jours
- Sommaire des degrés-jours base 15
PROBLÈMES ABIOTIQUES
Quelques collaborateurs signalent la présence de microfissures étendues sur les tomates (un phénomène appelé ''rain check''). Il s’agit de microfissures liées à un stress climatique, qui se regroupent et donnent à la peau du fruit une texture rugueuse. La zone touchée ne changera pas de couleur en mûrissant. Le phénomène est associé à de la pluie suivant des périodes de sécheresse, ou à la présence d’eau sur les fruits en température froide. Selon Ephytia, une bonne couverture foliaire des fruits diminue les symptômes en protégeant les fruits de l’exposition à la pluie. De plus, certaines variétés semblent avoir un épiderme plus sensible à cette problématique, et les variétés à fruits plus larges sont plus sensibles également. Pour plus d’information sur ce phénomène (références en anglais) :
- Rain Check May Become a Problem in Tomato Fields | Weekly Crop Update
- Blossom End Rot, Internal Whitening, and Rain Check of Tomatoes
Il y a moins de pourriture apicale sur les nouveaux fruits, sauf sur la tomate italienne qui y est plus sensible. Dans certains champs, de nouvelles fentes de croissance dans la tomate ont fait leur apparition à la suite des précipitations de la semaine dernière. Les problèmes liés à l’exposition au soleil, comme l'épaule jaune et l’insolation, sont encore présents pour les tomates et les poivrons dont le couvert de feuillage a souffert des maladies et chez les variétés plus susceptibles à ces désordres.
INSECTES ET ACARIENS
Les populations de tétranyques ont évolué depuis la semaine dernière autant dans l’aubergine et la tomate que dans la cerise de terre. Des traitements sont prévus dans quelques cas lorsque la situation le justifie (dommages importants, pas d’adultes orangés [entrée en diapause], peu d’auxiliaires, période plus longue avant la récolte, météo favorable prévue).
Les doryphores et les scarabées japonais sont en diminution, alors que les punaises ternes et pentatomides continuent d’être visibles en petite quantité dans les champs; on voit encore des dommages sur les fruits récoltés, mais de moins en moins.
En Montérégie, certains collaborateurs notent le retour des cicadelles avec un jaunissement des feuilles signalé dans le poivron.
Dans la cerise de terre, un nouveau cas de Rhagoletis striatella est soupçonné. Un rappel que si vous observez des larves dans les fruits de cerise de terre, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller pour qu’elles puissent être identifiées par le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ.
MALADIES
La pourriture molle bactérienne est rapportée sur le poivron et la tomate en Montérégie et dans les Laurentides.
- Symptômes sur fruit de tomate
- Symptômes sur tige de tomate
- Symptômes sur tige de poivron
Cette bactérie se développe lors de temps chaud et à la suite de fortes pluies. Elle est propagée par l’eau, les outils et les insectes et peut pénétrer les fruits lorsqu’il y a des blessures comme celles causées par un insecte ou une insolation. Une lésion gorgée d’eau apparaît sur le fruit qui se détériore rapidement. Pour minimiser les risques de dommages postrécoltes :
- Effectuer la récolte par temps sec;
- Minimiser les blessures aux fruits lors de la récolte, particulièrement au niveau du pédoncule;
- Nettoyer et désinfecter les contenants de récolte et les équipements après la récolte chaque jour;
- Éliminer les poivrons infectés avant le passage dans l’eau de lavage;
- Selon le LEDP, la chloration de l’eau peut éliminer l’infection durant le lavage. L’Université du Massachusetts recommande 100 ppm à un pH de 6.0-7.5.
- Assurer des conditions d’entreposage sèches et à une température adéquate.
Les autres maladies bactériennes continuent d’évoluer dans certains champs (tomate et poivron) ou le contrôle est plus difficile, mais peu de nouveaux fruits sont affectés.
Maladies fongiques
L’alternariose reste présente et augmente parfois dans la tomate, mais est tolérable en fin de saison. En Montérégie, quelques cas d'anthracnose dans la tomate et le poivron sont signalés, ce qui est normal en fin de saison pour les fruits mûrs au champ. Si vous observez des symptômes d’anthracnose qui semblent anormalement virulents ou qui s’attaquent à des fruits verts et intacts, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller. Le LEDP pourra identifier la souche d’anthracnose en cause.
Les symptômes de la pourriture sclérotique (poivron et tomate), de la verticilliose (aubergine) et de Phytophthora capsici (poivron et tomate) se sont stabilisés et sont généralement moins visibles. Cependant, le blanc dans la tomate sous abri froid est en augmentation (dans les Laurentides et l’Outaouais). La moisissure grise est en augmentation en tunnel dans l’Outaouais et en champ en Chaudière-Appalaches, où elle reste cependant concentrée sur le bas des plants.
Aucun nouveau cas de mildiou n’a été signalé au Québec, en Ontario ou aux États-Unis depuis le cas rapporté le 13 août dernier dans la pomme de terre.
GESTION DES FRUITS POSTRÉCOLTE
Une bonne gestion des températures et la prévention de la condensation sur les fruits sont importantes pour éviter le développement de maladies et maximiser la durée de conservation et la qualité. Selon le Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée, chapitre 21 : récolte et postrécolte, il est possible de conserver les poivrons et les tomates à une température entre 10 et 15 ºC, à une humidité relative de 90 %.
Pour plus d'information sur la conservation postrécolte des légumes, vous pouvez également consulter :
- Les fiches vente au détail des Producteurs en serre du Québec;
- La fiche Promo-Cultures - Manutention et entreposage après récolte (gov.on.ca) qui rassemble des renseignements sur les techniques d’assainissement de l’eau de lavage, de refroidissement et d'entreposage pour différents légumes frais.
- Le New England Vegetable Management Guide, chapitre Postharvest Handling and Storage (en anglais).
STRATÉGIE D’INTERVENTION D’ICI LA FIN DE LA SAISON
Maladies
Les traitements peuvent cesser dans les champs qui seront en fin de récolte d’ici deux semaines. Si les récoltes continuent après la mi-septembre, les traitements peuvent se poursuivre aux 7 à 10 jours. Sur les sites destinés à l’autocueillette et où la tomate et le poivron sont récoltés mûrs, il est préférable de continuer les protections fongiques contre la pourriture du fruit causée par l’anthracnose. Selon les maladies principalement observées sur vos sites, assurez-vous d’utiliser un fongicide approprié.
Insectes
Les insectes sont beaucoup moins actifs en fin de saison et des traitements sont rarement justifiés. Contactez votre conseiller en cas d’inquiétude.
DERNIER AVERTISSEMENT DE LA SAISON
Comme c’est la fin de la saison de dépistage dans une bonne partie des sites, il s’agit du dernier avertissement régulier pour 2025.
Nous remercions sincèrement toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs du sous-réseau Solanacées du RAP, répartis dans plusieurs régions du Québec. Grâce à leur implication et leurs expertises, le RAP Solanacées est en mesure de suivre l’évolution des insectes et des maladies présents dans les principales régions productrices de légumes-fruits (solanacées). Voici la liste des organisations qui ont collaboré durant la saison 2025 :
- Carlos Baez Cruz, agr.
- Club agroenvironnemental de l'Estrie
- Club Agroenvirotech
- Club Les Productions Écolo-Max
- Groupe PleineTerre inc.
- Innovterra Services Conseils
- Jean-Philippe Gagné, agr.
- MAPAQ : Directions régionales des Laurentides, de la Montérégie, de Montréal-Laval-Lanaudière et de l’Outaouais
- Marianne Lefebvre, agr.
- Pr'Eau maraîcher conseil inc.
- Réseau de lutte intégrée Bellechasse
- Réseau de lutte intégrée Orléans
- Services agronomiques Catherine Thireau
- Services-conseils Profiteausol
- Sophie Guimont, agronome-consultante
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Alex-Antoine Fortier-Brunelle, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du sous-réseau Solanacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.