Pomme de terre, Avertissement No 18, 5 septembre 2025


Météo : réchauffement des températures, avec plus de précipitations par endroits. Développement de la culture : opérations de défanage en cours, poursuite de la sénescence et/ou de dépérissement dans des champs plus tardifs. Maladies : aucun nouveau cas de mildiou, progression constante de maladies de faiblesse. Insectes : rien de spécial à signaler, sauf pour des pucerons plus tenaces par endroits. Cultures de couverture : encore des possibilités en cette fin de saison.
 

CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES

Pour la période du 29 août au 4 septembre 2025, des températures sous les normales ont eu lieu les 29 et 30 août. Par la suite, un retour marqué de la chaleur a été observé, et ce, jusqu’en fin de période, avec des valeurs maximales variant généralement de 24 à 28 ºC, soit bien au-dessus des moyennes de saison. Cependant, plusieurs nuits ont été fraîches (consultez le sommaire agrométéorologique). Les précipitations significatives par endroits qui avaient débuté le 28 août se sont poursuivies en tout début de période un peu partout les 29 et/ou 30 août (moins en Gaspésie et au Témiscamingue), de manière à nouveau hétérogène. Par la suite, d’autres cumuls bien notables ont eu lieu en toute fin de période, plus dans des secteurs du sud et du centre (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (5 au 11 septembre), Environnement Canada prévoit le retour à des températures près ou sous les moyennes de saison. Des précipitations avec des cumuls légers sont annoncées pour vendredi et/ou samedi dans les secteurs plus au sud, et de manière plus importante et fréquente plus au nord.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

La sénescence et/ou le dépérissement de plants ont stagné ou progressé en cours de période, plus ou moins rapidement selon les précipitations reçues, la parcelle et/ou le cultivar. Des collaborateurs rapportaient en fin de période des conditions de sol à nouveau sèches en plusieurs endroits, accélérant le vieillissement des plants (avant les précipitations de jeudi). Une biomasse active est encore mentionnée dans la moitié supérieure des plants pour des parcelles de certains cultivars de type 'Russet', meilleure en parcelles irriguées (ex. : ‘Mountain Gem’, ‘Highland’, ‘Reveille’), mais dans moins en moins de parcelles. D’ailleurs, l’irrigation s’est poursuivie dans plusieurs régions afin d’aller chercher le maximum de calibre aux tubercules. Les chantiers de défanage pour les récoltes d’entreposage à plus long terme se poursuivent ou débutent dans les secteurs du sud et du centre de la province. Certains producteurs attendaient le retour de plus de précipitations pour le faire dans de meilleures conditions. Un début d’entreposage est prévu à partir du 15 septembre dans des secteurs du sud. Des prises de rendements sont en cours par des collaborateurs, mais les données sont encore trop préliminaires pour conclure. Des défauts comme du cœur creux, des fissures de croissance ou des craquelures de la peau de divers types, du brunissement interne et même de la germination (voir photos) sont rapportés.

Concernant les récoltes, il est préférable de les faire lorsque la température du sol est entre 10 et 20 ºC, en conditions de sol ni trop sèches ni trop humides. Si la température du sol est trop élevée (par exemple plus de 20 ºC), cela pourrait rendre des tubercules plus susceptibles aux blessures donc au développement de possibles maladies. Il y a évidemment des variantes selon le cultivar et le type de sol. Il est possible de suivre la température du sol en temps réel pour certaines localités en province. Pour encore plus de précision, il est préférable d’utiliser un thermomètre de précision à tige métallique pour vérifier la température du sol dans la parcelle à être récoltée.
 
Image Agri-Réseau

Photo 1 : Germination d’un tubercule dans le sol, cultivar 'Satina' (2 septembre 2025)
Source : Maxime Brière, technol. prof.

Image Agri-Réseau

Photo 2 : Exemple de cœur creux dans des tubercules de pomme de terre (2 septembre 2025)
Source : Maxime Brière, technol. prof.

 

GESTION DES MALADIES

Mildiou
Aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n'a été rapporté en cours de période. Cela limite toujours sa présence dans des champs de pommes de terre à un seul cas confirmé depuis le début de la présente saison, soit celui déclaré le 13 août en Montérégie.

La détection du mildiou sur les feuilles devient plus compliquée en cette fin de saison avec la qualité du feuillage qui se détériore, montrant ainsi plus de taches abiotiques ou d’autres maladies foliaires qui n’en sont pas. Même si du temps plus chaud a eu lieu dernièrement avec peu de précipitations, une hygrométrie élevée a été observée en plusieurs endroits, avec entre autres de bonnes rosées matinales. Cela a pu avoir favorisé la sporulation du champignon responsable, si un inoculum était présent. Un suivi (dépistage, protection fongicide) pour les parcelles avec encore du vert devrait se maintenir jusqu’au défanage complet, pour ne pas favoriser la migration de possibles spores présentes vers les tubercules dans le sol et ainsi compromettre leur conservation en entrepôt.   

Ailleurs au Canada, aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté dans la pomme de terre en Ontario en cours de période et toujours aucun dans les autres provinces. Pour le suivi par capteurs de spores au Québec, le site Web Airspore peut être consulté. Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, aucun nouveau cas n’a été rapporté en cours de période.

Autres maladies d’intérêt
Une progression des maladies de faiblesse ou de fin de cycle est rapportée un peu partout, mais de manière variable selon le cultivar et la parcelle (brûlure hâtive, flétrissure verticillienne et dartrose). Dans le cas de la brûlure hâtive, une protection est désormais inutile dans la très grande majorité des cas à cette période-ci.

Plus de cas de gale commune sont rapportés par des collaborateurs, lors de la prise de rendements au champ. Cela demeure plutôt surprenant par endroits à la suite des bonnes précipitations reçues en juin et en juillet.

L’activité d’autres maladies demeure faible ou stable par rapport à la semaine dernière (ex. : pourritures de tubercules, jambe noire, moisissure grise), sauf localement où il y a plus d’incidence pour la moisissure blanche (pourriture sclérotique).

 
GESTION DES RAVAGEURS

Avec les chantiers de défanage en cours ou qui vont débuter sous peu et avec des parcelles en condition de sénescence rapide des plants, les interventions contre les principaux ravageurs deviennent pour la plupart inutiles. Pour les collaborateurs effectuant encore un suivi des champs, voici quelques informations qui ont été rapportées.

Doryphore de la pomme de terre
Présence d’adultes naviguant dans des parcelles, parfois en hausse, mais sans impact sur la culture. Ces derniers seront bientôt à la recherche d’un site pour y passer l’hiver, avec la baisse de la photopériode et de la température.

Pucerons
Des colonies sont encore remarquées dans des parcelles de plusieurs régions, se concentrant dans les têtes des plants avec encore du vert. Le dépérissement de plants par foyers relié à leur activité a été signalé par endroits. Un suivi devrait se maintenir pour les parcelles qui ne seront pas défanées avant 2-3 semaines. Différents auxiliaires sont de plus en plus actifs présentement, contrôlant suffisamment les pucerons. D’ailleurs, davantage de momies de pucerons sont observées sous le feuillage des plants.   
 
Cicadelle de la pomme de terre
Pour les sites où il y a encore du piégeage, des captures stables ou à la baisse sont mentionnées, avec des décomptes plutôt bas. L’activité de nymphes est observée, mais sans impact sur la culture à cette période-ci.

Tétranyque à deux points
Plus de cas ont été rapportés en cours de période, mais la plupart sans impact sur la culture, étant donné un défanage prochain.

Vers gris (noctuelles)
Des larves et des dommages à des tubercules ont été observés localement en Montérégie. L’activité d’autres bioagresseurs potentiels (ex. : altise à tête rouge, punaise terne, pyrale du maïs) demeure faible et/ou à la baisse par rapport à la semaine dernière.

 
 CULTURES DE COUVERTURE

Il est encore temps d’implanter des cultures de couverture après une récolte de pommes de terre. Cette pratique est surtout utilisée suivant une récolte de pommes de terre de primeur. Ces cultures jouent plusieurs rôles importants, dont de protéger contre les érosions hydrique et éolienne, ainsi que d’accumuler les éléments nutritifs qui seraient autrement perdus dans l’environnement par lessivage, dont l’azote, et d’accroître la biodiversité et l’activité biologique du sol. Les cultures de couverture peuvent aussi jouer un rôle dans la gestion des mauvaises herbes et dans la lutte contre certains agents pathogènes du sol. Il faut toutefois attendre les bonnes conditions de sol et météorologiques pour semer les cultures de couverture afin qu'elles germent rapidement et puissent croître de manière optimale. Plus l’implantation se fait tôt dans la saison et/ou dans des conditions de sol propices à une bonne germination, plus grand est le choix d’espèces qu'il est possible d'utiliser.

Les documents ci-dessous permettent de mieux connaître les espèces végétales à privilégier et de comprendre les bénéfices qu’on peut retirer de cette pratique.
  • Cultures de couverture en productions maraichères;
  • Cultures de couverture - Les pratiques agricoles de conservation : Habiter le sol par les racines 
  • Guide des cultures de couverture en grandes cultures
  • Engrais vert (Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée); 
  • Cover cropping in potato rotations (en anglais)
  
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.



Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agr. (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.