Pomme de terre, Avertissement No 19, 12 septembre 2025

Météo : températures plus fraîches avec peu de précipitations. Développement de la culture : poursuite des opérations de défanage, ralentissement de la progression de la sénescence et/ou du dépérissement dans des champs plus tardifs, présence de désordres aux tubercules. Qualité à la récolte : tests « Hot box ». Maladies : aucun nouveau cas de mildiou, progression généralement au ralenti, mais constante, de maladies de faiblesse sur le feuillage. Insectes : rien de spécial à signaler, sauf localement pour les pucerons. Dernier avertissement régulier de la saison.
 
Pour la période du 5 au 11 septembre 2025, le temps chaud de la période précédente a laissé la place à du temps plus frais, et ce, partout en province. Des valeurs sous les moyennes de saison ont été enregistrées sur plusieurs jours. Plusieurs nuits ont à nouveau été fraîches et même froides par moments, surtout celle du 8 au 9 septembre, avec 0 ºC à Saint-André-Avellin en Outaouais ainsi qu’à Saint-Léonard-de-Portneuf en Capitale-Nationale, et 3 ºC à Lanoraie dans Lanaudière (consultez le sommaire agrométéorologique). Des précipitations ont eu lieu principalement en tout début de période (5 au 7 septembre selon la région), avec des cumuls plutôt légers, un peu plus localement dans des secteurs comme la Montérégie et dans la région de Québec (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (12 au 18 septembre), Environnement Canada prévoit une période majoritairement sous le soleil, avec des températures au-dessus de la moyenne le jour, plus élevées pour les secteurs au sud et au centre (jusqu’à 27 ºC en fin de période par endroits). Aucune précipitation n’est prévue, sauf samedi ou dimanche pour des secteurs plus au nord et à l’est. L’été n’est donc pas terminé.
 
Les chantiers de défanage pour la récolte principale se terminent ou se poursuivent selon la région et le producteur. Certains profitent de conditions plus favorables pour le faire, avant la venue de plus de chaleur entre autres. L'entrée de tubercules pour l’entreposage à plus long terme a débuté récemment dans certains secteurs plus au sud. Des parcelles à vocation plus tardive présentent encore du feuillage actif pour certains cultivars dans certaines régions (mais pas partout) et selon la régie de production réalisée en cours de saison (irrigation, fertilisation, rotation, santé du sol). On peut mentionner les variétés 'Caribou', 'Reveille', 'Highland', 'Mountain Gem' et 'Maritime Russet' notamment. Des producteurs prévoient défaner plus tard ces parcelles afin de maximiser le remplissage des tubercules. Concernant les rendements pour la récolte principale, les relevés réalisés par des collaborateurs sont encore préliminaires. Des premiers rapports annoncent une grande variabilité en province. De bonnes familles sont remarquées par endroits, avec un calibre parfois moyen présentement et variable selon le cultivar. Concernant la qualité des tubercules, cela demeure également variable selon la région et le cultivar. Certains défauts sont rapportés, dont du cœur creux, des fissures et craquelures de croissance, de la gale commune, de la difformité et plus de brunissement interne que la normale, en particulier dans des sols à texture plus légère (voir photo). Il est donc recommandé aux producteurs de bien vérifier la qualité interne et externe des tubercules récoltés avant l'entreposage pour bien les gérer au besoin.
    
Un peu comme en septembre 2024, du temps parfois chaud et sec est dans les prévisions pour les prochains jours. Un suivi de la température du sol et de l’air doit donc être réalisé afin de diminuer les risques de blessures aux tubercules, entre autres. Plus d’informations sont incluses dans le dernier avertissement. Par temps trop chaud, la suspension des opérations de récoltes en journée pourrait être nécessaire, au besoin. Également, il pourrait être requis de profiter des nuits plus fraîches prévues pour bien ventiler les entrepôts.

Le test « Hot box » est une méthode qui permet d’accélérer le développement des blessures et d’évaluer celles-ci sur une courte période (environ 12 heures). Elle permet aussi de détecter des maladies non visibles lors de la récolte. Un équipement plus sophistiqué est disponible commercialement, mais il est plus simple et surtout moins coûteux de le concevoir en utilisant un contenant isolé et hermétique (ex. : vieux congélateur horizontal), une chaufferette avec thermostat et un thermomètre. Les tubercules (échantillon d’environ 25 à 50) sont récoltés et déposés dans des sacs de papier dans la « Hot box » et celle-ci sera maintenue à une température de 34 à 36 °C, avec 95 à 98 % d’humidité relative. Après 12 heures sous ces conditions, les tubercules seront pelés (une peleuse mécanisée est préférable) et un premier classement des tubercules sera effectué. Un deuxième pelage des tubercules affectés permettra de valider la profondeur des blessures. Un premier échantillon est prélevé lors de l’emboîtage ou la mise en tas dans l’entrepôt. Advenant l’identification de blessures inacceptables, d’autres échantillons sont prélevés en remontant la chaîne de la récolte, parfois jusqu’à l’andainage au champ, pour y identifier la ou les sources possibles des blessures.
 
Mildiou
Aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n'a été rapporté en cours de période. Le suivi régulier de la maladie se termine donc avec seulement un cas confirmé pour la saison 2025, soit celui déclaré le 13 août en Montérégie.

Malgré la présence de nombreuses taches diverses sur le feuillage des plants, des collaborateurs de certaines régions continuent à surveiller la maladie dans des parcelles avec une biomasse foliaire encore active, à la suite de conditions qui ont été plus favorables au champignon par endroits (ex. : fortes hygrométries la nuit). Une protection fongicide peut donc demeurer nécessaire selon la date du défanage prévu (cela demeure du cas par cas).  

Ailleurs au Canada, aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté dans la pomme de terre en Ontario en cours de période et toujours aucun dans les autres provinces.  Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, aucun nouveau cas n’a été rapporté en cours de période.

Autres maladies d’intérêt
Pour des parcelles non défanées, des collaborateurs rapportent, selon la région, une progression plus lente, mais constante, de maladies de faiblesse ou de fin de cycle déjà identifiées (brûlure hâtive, flétrissure verticillienne et dartrose), et ce, même sous des températures plus fraîches. Dans certains cas, cela contribue ou a contribué à un dépérissement plus prématuré que prévu de plants.

De nouveaux cas de gale commune s’ajoutent à ceux mentionnés dans les derniers avertissements, parfois en mélange avec de la rousselure par endroits, ce qui peut compliquer son identification. Les dommages demeurent variables selon le cultivar, la parcelle et la région, mais sont souvent présents dans plusieurs des sites où on regarde l’état des tubercules.

Moins d’incidence de pourritures de tubercules que prévu est rapportée présentement (en lien avec la forte pluviométrie de juillet par endroits), mais l’échantillonnage est encore restreint pour le moment. Une origine bactérienne (ex. : Pectobactérium) et/ou fongique (ex. : Pythium) est mentionnée. La vigilance demeure lors des récoltes afin de limiter de possibles problèmes en entreposage.  
 
Avec l’avancement de la saison (mi-septembre) et des opérations de défanage faites ou en cours pour la grande majorité des parcelles, le contrôle des principaux ravageurs n’est plus nécessaire ou justifié. Certains collaborateurs rapportent, pour des champs avec encore du vert et à vocation plus tardive, une baisse ou le maintien de l’activité des pucerons qui ont pu contribuer par endroits, avec d’autres facteurs, au dépérissement de plants dans des parcelles (ex. : Capitale-Nationale). La présence d’auxiliaires, en particulier les coccinelles et les guêpes Aphidius, a permis de contrôler efficacement des populations en cette fin de saison. L’activité du doryphore de la pomme de terre est également mentionnée, mais avec des populations généralement inférieures aux saisons précédentes pour la période.
   
Ce communiqué est le dernier avertissement régulier de la saison 2025, qui a été à nouveau marquée par divers événements météorologiques intenses, parfois de manière plus régionale, et qui ont affecté la culture (ex. : printemps frais et humide, fortes pluies en juillet, chaleur intense et sécheresse en août). La rédaction des avertissements en cours de saison n’aurait pas été possible sans la collaboration des gens de terrain de plusieurs régions productrices de pommes de terre en province. Ces collaborateurs et collaboratrices ont transmis chaque semaine, depuis le mois de mai, des observations qui ont permis de produire des avertissements qui ont reflété le plus possible la réalité des différentes régions.

Il ne reste qu’à souhaiter une bonne fin de saison aux producteurs, avec des récoltes, on l’espère, à la hauteur des attentes.   

 

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.

Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agr. (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.