Grandes cultures, Avertissement No 26, 12 juillet 2017

Réseau d'avertissements phytosanitaires, RAP, réseau Grandes cultures, avertissement


La présence de chenilles de la Belle-Dame a été rapportée au RAP récemment dans plusieurs champs de soya. Le taux de défoliation du champ et la taille des larves permettent d’en évaluer l’impact sur la culture. Ces chenilles causent rarement des pertes économiques et aucun insecticide n’est homologué pour les traiter.

 
Présence de chenilles DE LA BELLE-DAME DANS le SOYA

 
Plusieurs cas de champs affectés par des chenilles de la Belle-Dame (Vanessa cardui), aussi appelée Venesse de l’artichaut, ont été rapportés au RAP Grandes cultures dans la dernière semaine, dans les régions de la Chaudière-Appalaches (Sainte-Marie, Scott et Montmagny), du Bas-Saint-Laurent (Saint-Roch-des-Aulnaies, Rivière-Ouelle et La Pocatière), de la Montérégie-Est (Calixa-Lavallée), de Lanaudière (L'Assomption, Le Gardeur et Saint-Thomas), du Centre-du-Québec (Princeville et Saint-Germain-de-Grantham) et du Saguenay–Lac-Saint-Jean (Saint-Gédéon). Ces chenilles, mesurant jusqu’à 3,2 cm à leur dernier stade larvaire, ont le corps vert souligné de blanc jaunâtre et de petites taches noires. Leur corps est recouvert d’épines jaunes aux extrémités noires (photo 1 A). Les larves entrent en métamorphose en formant ensuite une chrysalide (photo 1 B). Après 7 à 10 jours, il en émerge un papillon (photo 1 C). En Amérique du Nord, on observe généralement deux générations par année, mais comme cette espèce peut se nourrir de plus de 100 plantes hôtes, la deuxième génération ne s’établira pas nécessairement dans le même champ.
 
Photos 1 (A, B et C) : Stades de développement de la Belle-Dame. A) Larve, B) Chrysalide, C) Adulte (vue dorsale).
Crédit : B. Duval (MAPAQ) (A) et Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (MAPAQ)(B,C).
 
Ce sont les chenilles qui peuvent occasionner des dommages aux cultures, en causant de la défoliation dans le soya et d’autres cultures. Elles s’installent sur le feuillage situé à l’apex des plants où elles peuvent tisser une toile leur servant d’abri pour se protéger des prédateurs et pour se nourrir par la suite (photo 2).

Photo 2 : Chenille qui s’enroule dans une toile
Crédit : J. Breault (MAPAQ)


Estimer le taux de défoliation sur le soya
Il existe une méthode permettant d’estimer le pourcentage de défoliation d’un champ de soya : en dix zones du champ, prélever de 1 à 3 feuilles trifoliées dans le milieu du feuillage de cinq plants (au total, au moins 50 feuilles seront prélevées). Les 10 zones doivent être bien réparties dans le champ, parce qu'il est normal de voir plus de dommages en début et en bordure de champ. Pour chaque feuille examinée, jeter la foliole la moins endommagée et la foliole la plus endommagée. Comparer la foliole restante au montage photographique ci-contre et déterminer le pourcentage de défoliation. Finalement, faire la moyenne de toutes les folioles retenues.
 
Rappelons que la plupart des gens ont tendance à surévaluer le pourcentage de défoliation. Les deux photos du bas montrent des pourcentages de défoliation de 25 et de 30 % sur une seule foliole.
 
Même si les feuilles du haut du plant sont plus fortement affectées, celles-ci laissent passer davantage de lumière vers les feuilles situées à un niveau inférieur de la canopée. Ces dernières compensent alors les pertes par une photosynthèse accrue en recevant plus de lumière. C’est la raison pour laquelle on ne prélève que les feuilles dans le milieu du plant.
 
Source : Malin Rice, Université de l'Iowa
 
Seuils économiques
Au Québec, jusqu’à présent, aucun seuil d’intervention n’a été validé dans le soya et la Belle-Dame n’a pas le statut de ravageur économique. Un champ touché peut sembler a priori affecté, mais une analyse plus poussée de la situation (évaluation des dommages aux feuilles et de la taille des larves) permettra probablement de conclure qu’une infestation par cette chenille ne présente pas de risque élevé de perte de rendement.
 
Dans l’état de l’Iowa, on considère que ce ravageur peut devenir problématique si on observe une chenille par plant, et ce, pour l’ensemble du champ ou si on atteint 25 % de défoliation. C’est surtout sur la base du taux de défoliation moyen causé par le ou les insectes défoliateurs présents dans un champ qu’on peut évaluer l’impact sur le rendement.
 
En Ontario, pour les insectes défoliateurs en général, les seuils économiques varient selon le stade de développement de la plante :
  • Stades végétatifs : 30 %
  • De la floraison (R1) au remplissage des gousses (R4) : 15 %
  • Du remplissage des gousses à la maturité (R5-R6) : 25 %
 
La taille des larves est également importante. Les derniers stades larvaires présentent moins de risque de perte de rendement puisque les larves qui se préparent à entrer en métamorphose ne causent plus de dommage.
 

Méthode de lutte
Au Canada, il n’y a aucun insecticide homologué pour contrôler la Belle-Dame dans le soya. De plus, un traitement insecticide aurait un impact très négatif sur les ennemis naturels du puceron du soya et du tétranyque à deux points. Ces deux ravageurs pourraient causer davantage de problèmes à la culture du soya en l’absence de leurs prédateurs, comparativement aux dommages que pourrait occasionner la Belle-Dame, qui n’est d’ailleurs pas considéré comme un ravageur d’importance économique.
 

N’hésitez pas à nous contacter si vous observez des dommages causés par la Belle-Dame : rapcerom@cerom.qc.ca ou Isabelle Fréchette au 450-464-2715, poste 242.
 
 
Pour plus d’informations
  • Pour mieux connaître la Belle-Dame, vous pouvez consulter la fiche technique réalisée par le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ à l’adresse suivante : http://www.agrireseau.qc.ca/lab/documents/Fiche%20technique%20Vanessa_Final.pdf.
  • Rice, M. 2002. Estimating soybean defoliation. Integrated Crop Management, 19: 153-154. Disponible en ligne (en anglais seulement).
  • Soybean Insects Pest. Iowa State University. Disponible en ligne (en anglais seulement).
 
  
 
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Fréchette, agr., Julie Breault, agr., et Julien Saguez biologiste-entomologiste, avec la collaboration de Véronique Samson, agr. Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

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