Grandes cultures, Avertissement No 11, 6 juillet 2018

Réseau d'avertissements phytosanitaires, RAP, réseau Grandes cultures, avertissement

Soya : conditions actuelles défavorables à la pourriture à sclérotes. Légionnaire uniponctuée : captures faibles sauf dans trois zones. Canola : stress thermique à plusieurs endroits et stade vulnérable à la cécidomyie du chou-fleur. Fusariose de l’épi : cartes disponibles pour l’évaluation des risques.

 
LES CONDITIONS CLIMATIQUES NE SONT PAS FAVORABLES AU DÉVELOPPEMENT DE LA POURRITURE À SCLÉROTES
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Yvan Faucher, agr. (MAPAQ), et Sylvie Rioux, agr. (CÉROM)

Les conditions chaudes et sèches des derniers jours n’ont pas été favorables au développement de la pourriture à sclérotes, la principale maladie d’importance économique au Québec pour la culture du soya. Le risque est encore plus faible dans les champs où la fermeture des rangs n’est pas observée. Ainsi, au vu de la situation actuelle et pour la plupart des champs de soya au Québec, il est donc peu probable qu’une application de fongicide soit justifiée pour les prochains jours.

Veuillez-vous référer au communiqué Avons-nous besoin de fongicides dans le soya au Québec? quant à la question de la rentabilité des traitements fongiques et au communiqué La pourriture à sclérotes chez le soya pour en savoir plus sur les symptômes de la maladie et les stratégies de lutte.

 
LÉGIONNAIRE : CAPTURES TRÈS FAIBLES SAUF POUR TROIS SITES DE CAPTURES (MONTÉRÉGIE-OUEST, ABITIBI ET TÉMISCAMINGUE)
 Isabelle Fréchette, agr., et Julien Saguez, biologiste-entomologiste (CÉROM)

Le RAP Grandes cultures met en place chaque année un réseau de capture du papillon de la légionnaire uniponctuée à l’aide de pièges à phéromone. En 2018, il y a 56 sites de capture répartis à travers la province.
 
Jusqu’à maintenant, les captures sont très faibles (cliquez ici pour consulter le graphique des captures hebdomadaires en comparaison avec celles des années précédentes), à l’exception de trois sites où des captures plus importantes ont été obtenues : à Saint-Blaise-sur-Richelieu (Montérégie-Ouest), à Palmarolle (Abitibi) et à Duhamel (Témiscamingue).
 
Les champs situés dans ces régions pourraient être plus à risque de subir des dommages de larves de légionnaire. Pour la Montérégie-Ouest, des larves pourraient déjà être visibles dans les prochains jours, alors que pour l’Abitibi-Témiscamingue, il est plus probable que les larves soient aperçues à partir de la mi-juillet.  Les champs à risque devraient être suivis jusqu’à la fin juillet.
 
Image Agri-Réseau

 Photo 1 : La larve de légionnaire est de couleur variable (rose pâle, gris, vert à brun), elle porte plusieurs bandes longitudinales et sa tête est brun-jaunâtre avec des motifs plus foncés

Source : LEDP, MAPAQ



Dépistage des larves
La méthode recommandée de dépistage des larves est la suivante :
  • Surveiller régulièrement, tous les 4 jours idéalement, les champs à risque, c'est-à-dire :
    • les champs de céréales de printemps et de maïs semés tardivement et mal désherbés(particulièrement les endroits où il y a eu présence ou avec présence de chiendent).
    • les peuplements denses de céréales et de graminées vivaces.
    • les prairies situées à proximité des cours d'eau.
  • Évaluer les densités de larves de légionnaire tôt le matin ou en soirée, au moment où elles sont les plus actives. Le jour, elles se cachent dans la végétation dense et versée ainsi qu'au niveau du sol, sous les débris. Par temps nuageux, les larves se retrouvent parfois à l’intérieur du cornet des plants de maïs et sur les épis des céréales.
  • Les larves se nourrissent en commençant à la base des plants de céréales et de graminées. C’est à cet endroit qu’il faut chercher les premiers indices de leur présence. La présence d’excréments est aussi un bon indice.
  • Lorsqu’un champ de céréales est infesté de larves qui commencent à attaquer la feuille étendard, il faut le dépister quotidiennement pour déceler la présence d’épis coupés. Il arrive parfois que les plus grosses larves coupent les tiges en bas des épis. De tels dommages peuvent alors progresser très rapidement. 


Que faire si vous trouvez des larves?
Lors du dépistage, vous pouvez déterminer la santé des larves. Certaines d’entre elles sont parasitées (la photo 2 montre un des cas de parasitisme que l'on peut observer). Si un grand nombre est parasité, cela signifie qu’un contrôle naturel des populations est réalisé par des ennemis de la légionnaire uniponctuée et il faut éviter de traiter avec un insecticide. De même, il est inutile de traiter quand les larves sont très grosses (> 2,5 cm), puisqu’elles vont arrêter de s’alimenter avant de former leur chrysalide et l’insecticide n’est plus efficace à ce stade.
 
Image Agri-Réseau

Photo 2 : Larve parasitée par des oeufs de mouche

Source : LEDP, MAPAQ



Seuils d’intervention
Les seuils d'intervention sont toujours arbitraires, mais l'expérience québécoise a permis d'établir qu'un traitement insecticide peut s'avérer nécessaire si les seuils suivants sont atteints :
 
Culture Seuil
Céréales 54 à 64 larves par mètre carré
2 à 3 % des épis coupés, si les larves sont toujours présentes et actives
Maïs 1 larve par 4 plants de maïs
Prairies 54 à 64 larves par mètre carré
Soya Des dommages économiques dans le soya ont été observés pour la première fois au Québec en 2013. Il n’existe pas de seuil d’intervention au Québec, mais il peut être nécessaire de traiter si la défoliation causée par les larves excède 40 % durant les stades végétatifs ou 20 % durant les stades reproductifs
 

CÉCIDOMYIE DU CHOU-FLEUR ET STRESS THERMIQUE DANS LA CULTURE DU CANOLA
Line Bilodeau, agr. (MAPAQ)
 
Comme le canola est encore à un stade vulnérable à la cécidomyie du chou-fleur (stade où les boutons floraux des inflorescences secondaires sont individuellement visibles, mais encore fermés), les producteurs sont invités à suivre le ravageur dans leurs champs. Consultez l'avertissement du 29 juin dernier pour plus de détails sur le dépistage.
 
Toutefois, il ne faut pas confondre les dommages de cécidomyie du chou-fleur avec les symptômes de stress dû à la chaleur des derniers jours. En effet, alors que la tige principale atteint généralement 30 % à 60 % de sa longueur maximale juste avant la floraison, la canicule des derniers jours semble avoir accéléré la croissance du canola et plusieurs stades de croissance peuvent être observés dans un champ. Cela semble avoir précipité la formation des boutons et la floraison avant que la tige principale n’ait terminé, voire même commencé son élongation. Cela ne doit pas être confondu avec des dommages de cécidomyie du chou-fleur.
 
Lorsque la floraison coïncide avec une période de chaleur intense, le nombre de branches qui produisent des fleurs et le nombre de fleurs sur chaque branche peuvent être réduits. Les fleurs qui sont ouvertes pendant le stress thermique peuvent ne pas être pollinisées. Si le stress sévère s'est produit au début de la floraison, la plante peut reprendre la floraison en augmentant la ramification si les conditions sont favorables. Ainsi, la floraison des tiges secondaires risque d’être plus importante et de s’étirer en raison des températures chaudes des derniers jours qui ont pu faire avorter les fleurs de la tige principale. Par conséquent, il pourrait être nécessaire de protéger les racèmes secondaires afin de ne pas compromettre le potentiel de rendement. Le développement des racèmes secondaires va se poursuivre jusqu’à la fin de la floraison. Une fois que la floraison des tiges secondaires a débuté, il ne servirait toutefois à rien de traiter contre la cécidomyie du chou-fleur. De même, lorsque des larves sont constatées au champ, l’application d’un traitement insecticide ne permettra pas de prévenir les dommages qui seront causés par ces dernières, car les dégâts deviennent apparents environ une semaine à la suite de l’alimentation des larves. Par contre, ce traitement pourrait permettre le contrôle de la génération subséquente.

Pour plus de détails, consultez la fiche technique du RAP Grandes cultures sur la cécidomyie du chou-fleur.
 
 
RAPPEL : DES CARTES INTERACTIVES SONT DISPONIBLES POUR ÉVALUER LE RISQUE D’INFECTION PAR LA FUSARIOSE DE L’ÉPI
 Yves Dion, agr. (MAPAQ), et Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
 
Les producteurs de céréales sont appelés à surveiller le développement de leur culture. Plusieurs champs de blé sont aux stades critiques pour l’infection par la fusariose de l’épi (Fusarium spp.) ou le seront dans les prochains jours, soit entre l’épiaison et la floraison. 

Afin d’aider à la prise d’une décision quant à la pertinence d’appliquer ou non un traitement fongicide, les producteurs et leurs conseillers peuvent consulter des cartes interactives qui présentent le niveau de risque d’infection causant la fusariose de l’épi. Ces cartes montrent que le risque est élevé dans plusieurs zones de la province.
 
Attention : lorsque la culture est aux stades critiques d’infection ou sur le point de l’être, il est primordial de consulter régulièrement les cartes indiquant le niveau de risque, soit au moins une fois par jour. Bien qu’il soit utile de prévoir les jours suivants, l’évaluation pour la journée même (une période de 24 heures) offre la plus grande précision, sachant que les calculs de risque sont fondés sur des données météorologiques renouvelées toutes les 30 minutes.
 
Pour plus d’information sur cet outil d’aide à la décision, veuillez consulter l’avertissement N° 5 du 8 juin 2018.
 


Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseure du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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