Grandes cultures, Avertissement No 14, 27 juillet 2018

Réseau d'avertissements phytosanitaires, RAP, réseau Grandes cultures, avertissement

Légionnaire uniponctuée : plusieurs cas en Hautes-Laurentides. Puceron du soya : la Montérégie est à surveiller. Ver-gris occidental des haricots : capture élevée en Montérégie-Ouest. L’impact des ravageurs sur la pollinisation du maïs. Présence de thrips (blé). Chrysomèle du haricot (soya). Fusariose de l’épi : cartes interactives.


LARVES DE LÉGIONNAIRE UNIPONCTUÉE : PLUSIEURS CAS RAPPORTÉS EN HAUTES-LAURENTIDES - DÉPISTAGE SUGGÉRÉ
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), et Julien Saguez, biologiste-entomologiste (CÉROM)

Au cours de la semaine, plusieurs champs situés dans les Hautes Laurentides ont été infestés par la légionnaire uniponctuée et certains présentaient des populations supérieures aux seuils d’intervention.
 
Puisque les chenilles n’ont pas toutes atteint leur stade mature, de la défoliation peut encore être observée. À travers la province, les champs à risque qui devraient être surveillés en priorité sont :
  • Les champs de céréales de printemps et de maïs semés tardivement et mal désherbés (particulièrement là où il y a ou a déjà eu présence de chiendent).
  • Les peuplements denses de céréales et de graminées vivaces.
  • Les prairies situées à proximité des cours d'eau.
La vigilance est encore de mise en Estrie, en Montérégie, en Abitibi-Témiscamingue, en Outaouais et dans les Laurentides. Il est toujours important de vérifier la présence et l’abondance d’ennemis naturels avant de faire le choix d’intervenir.

Dans une semaine, les larves issues de la première génération de légionnaires devraient avoir atteint un stade de leur développement (stade mature ou chrysalide) qui ne justifie plus l’utilisation de pesticide. 

Pour en savoir plus sur ce sujet, la méthode de dépistage et les seuils d’intervention, consultez l'avertissement N° 11 du 6 juillet 2018.
 

PUCERON DU SOYA : LES CHAMPS DE LA MONTÉRÉGIE SONT À SURVEILLER
 Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), et Julie Breault, agr. (MAPAQ)
 
Dans les champs de soya suivis par le RAP, la moyenne provinciale de 17 pucerons par plant est encore loin du seuil d’alerte de 250 pucerons par plant. Par ailleurs, un champ situé à Contrecœur (Montérégie-Est), qui n’est pas suivi par le réseau, dépasse le seuil d’alerte (les ennemis naturels y sont, par contre, aussi bien présents). Deux champs du réseau sur les 24 suivis en Montérégie ont des populations moyennes respectives de 155 pucerons par plant (Verchères en Montérégie-Est) et de 102 pucerons par plant (St-Cyprien-de-Napierville en Montérégie-Ouest). Ces résultats laissent présager que certains champs en Montérégie peuvent présenter des populations plus importantes. Le suivi des champs de soya dans cette région est donc conseillé, alors que pour les autres régions, le dépistage n’est pas nécessaire pour le moment.
 
Pour en savoir plus sur la stratégie d’intervention, consultez le bulletin d’information intitulé Stratégie d’intervention recommandée au Québec contre le puceron du soya. Pour vous préparer au dépistage, vous pouvez également visionner la courte vidéo Le dépistage du puceron du soya en cinq points.

 
VER-GRIS OCCIDENTAL DES HARICOTS DANS LE MAÏS : SURVEILLEZ VOS CHAMPS, NOTAMMENT DANS LE SUD-OUEST DE LA MONTÉRÉGIE
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), et Julien Saguez, biologiste-entomologiste (CÉROM)

Les captures des papillons du ver-gris occidental des haricots (VGOH) ont augmenté dans la majorité des sites de captures du réseau. Des spécimens ont été trouvés dans 43 des 51 pièges relevés cette semaine. Le papillon est maintenant présent dans toutes les régions dans lesquelles des pièges sont installés (Abitibi-Témiscamingue, Bas-Saint-Laurent, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, Centre-du-Québec, Estrie, Lanaudière, Laurentides, Mauricie, Montérégie et Outaouais). La plus grosse abondance observée cette semaine est de 669 papillons capturés dans un piège localisé à Saint-Anicet en Montérégie-Ouest. Ce nombre est vraiment supérieur à ce que l’on trouve dans les autres pièges, pour lesquels les captures varient de 0 à 56 papillons.

À ce stade, des masses d’œufs sont susceptibles d’être pondues par les femelles sur des plants de maïs dont les panicules (croix) sont sur le point ou viennent de sortir. Notez que dépendamment du moment de la ponte, les œufs changent de couleur, passant rapidement du blanc au violacé. Dans un même champ, on peut trouver des œufs de différentes couleurs et maturité. Attention à ne pas confondre les œufs de VGOH avec des œufs de punaise pentatomide.
 
Image Agri-Réseau
Variation dans la coloration des œufs de VGOH (blancs à gauche et roses à droite)
Photo : Julien Saguez, biologiste-entomologiste (CÉROM)
 
Image Agri-Réseau
Image Agri-Réseau
Différence entre des oeufs de VGOH (à gauche) et de punaises (à droite)
Photo : Julien Saguez, biologiste-entomologiste (CÉROM)


Les données de captures du Québec ainsi que celles de l’Ontario et du Michigan sont consultables sous forme de cartes interactives sur le site de la Coalition canadienne des ravageurs du maïs.
 
Pour en savoir plus sur la méthode de dépistage des œufs, consultez l'avertissement N° 12 du 13 juillet 2018.
 
 
ÉVALUATION DE L’IMPACT DE L’ALTISE À TÊTE ROUGE, DE LA CHRYSOMÈLE DES RACINES DU MAÏS ET DU SCARABÉE JAPONAIS SUR LA POLLINISATION DU MAÏS
 Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), et Julie Breault, agr. (MAPAQ)
 
L’altise à tête rouge, la chrysomèle des racines de maïs et le scarabée japonais sont trois insectes actuellement présents dans les champs. Ces insectes peuvent occasionnellement s’alimenter sur les soies du maïs et causer quelques dommages. L’impact potentiel de ces ravageurs sur le rendement repose sur une évaluation du processus de pollinisation, la longueur des soies et le dépistage des insectes. Veuillez vous référer à l'avertissement N° 35 du 27 juillet 2016 afin d’en savoir plus sur la méthode pour déterminer si la pollinisation du maïs est complétée.
 
Un impact notable sur le rendement pourrait être observé si toutes les conditions suivantes sont rencontrées lors du dépistage :
  • Moins de la moitié du champ est pollinisé.
  • Les soies mangées ne dépassent pas un demi-pouce (1,3 cm) des épis.
  • Les ravageurs sont toujours présents et s’alimentent sur les soies :
    • Altise à tête rouge
    • Chrysomèle des racines du maïs (l’Université de l’Iowa considère un seuil de 5 spécimens ou plus par plant)
    • Scarabée japonais (certains États américains font état d’un seuil d’intervention de 3 adultes et plus par épi)
Par ailleurs, aucun insecticide n’est homologué contre l’altise à tête rouge et le scarabée japonais dans la culture du maïs. Il existe des insecticides homologués pour lutter contre la chrysomèle des racines du maïs, mais les indices de risque pour la santé et l’environnement associés à l’utilisation de ces produits sont élevés.
 
 
PRÉSENCE DE THRIPS DANS DES CHAMPS DE BLÉ DE PRINTEMPS
 Line Bilodeau, agr. (MAPAQ)
 
Des dommages de thrips dans du blé de printemps ont été rapportés dans quelques champs de Bellechasse en Chaudière-Appalaches. La présence de thrips a également été remarquée au CÉROM à Saint-Mathieu-de-Beloeil (Montérégie-Est). Les thrips sont de petits insectes (1 à 2 mm) piqueurs suceurs de couleur beige à noire. Les adultes et les nymphes peuvent causer des dommages aux petites céréales en s’alimentant sur les feuilles, les fleurs et les grains. Leur présence est remarquée par des stries blanches sur la feuille étendard, lui conférant une couleur argentée. Les thrips peuvent également être visibles sur les épis à partir de l'épiaison. Lorsque l'alimentation des thrips sur la feuille étendard est sévère, les grains ne se remplissent pas correctement et leur poids est réduit. L'alimentation intensive au début de la formation de l’épi produit de petits grains ratatinés. Les plants très infestés peuvent ne pas avoir de grains sur le haut et le bas de l’épi. Sur les grains formés, leurs piqûres d'alimentation causent de petites taches. Les blessures infligées peuvent également servir de porte d’entrée à certaines maladies.

Les thrips causent plus de dommages en bordure des champs; les femelles passent l’hiver sous les feuilles et les débris végétaux situés dans les zones périphériques. Certains prédateurs tels que la punaise anthocoride (Orius sp.) sont efficaces contre les thrips.

Il n’existe pas de seuil d’intervention contre cet insecte, mais des chercheurs européens ont documenté des pertes de rendement pour une densité de population de 20 adultes par tige. Ils peuvent être très abondants en conditions sèches, mais causent rarement des dégâts sérieux au Québec. Puisque c’est à la floraison qu’est déterminé, de façon presque définitive, le nombre de grains par épi, une intervention ne serait pas justifiée dans les champs ayant dépassé ce stade.
 
Image Agri-Réseau

Présence de larve sur l'inflorescence

Photo : N. Harvey

Image Agri-Réseau

Dommages de thrips sur la feuille étendard du blé

Photo : A. Faucher (OptiConseil)


CAS RAPPORTÉ DE CHRYSOMÈLE DU HARICOT DANS UN CHAMP DE SOYA
EN MONTÉRÉGIE-EST 
 Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), et Julie Breault, agr. (MAPAQ)
 
La chrysomèle du haricot a été observée en abondance dans un champ de soya en Montérégie-Est cette semaine. Le risque que cet insecte affecte le rendement repose sur l’évaluation du taux de défoliation et les dommages causés aux gousses.

Avant le développement des gousses, l’évaluation du taux de défoliation permettra de déterminer si le seuil d’intervention est atteint (R1 et R2 = 15 %). Après le développement des gousses, en plus des seuils d’intervention quant à la défoliation (R3 et R4 = 15 %, R5 et R6 = 25 %), le pourcentage de gousses endommagées ou coupées doit être considéré. Un traitement pourrait être justifié si le seuil de défoliation est atteint ou si 10 % des gousses sont affectées par l’insecte. Par ailleurs, le Guide agronomique des grandes cultures de l'OMAFRA fait mention de l’évaluation des gousses seulement à partir du stade R5, alors que d’autres publications américaines suggèrent d’examiner les gousses dès le début de leur formation. Afin de combiner les deux méthodes d’évaluation, le dépistage doit être réalisé à 10 stations bien réparties dans le champ, l’évaluation de la défoliation se fait sur 5 plants par station et celle des dommages aux gousses se fait sur 10 plants par station.

Veuillez vous référer au Guide sur les stades de croissance du soya ainsi qu’au bulletin d'information N° 10 du 8 juillet 2016 pour en savoir plus sur la méthode permettant d’évaluer le niveau de défoliation, afin d’éviter de le surestimer.
 
Image Agri-Réseau

Chrysomèle du haricot

Photo : LEDP (MAPAQ)



RISQUE D'INFECTION PAR LA FUSARIOSE DE L'ÉPI
Yves Dion, agr. (MAPAQ), et Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
 
Les producteurs de céréales sont appelés à surveiller le développement de leur culture. Bien que la période critique d’infection soit dépassée pour une grande part des champs dans les régions les plus chaudes, les champs de blé semés tardivement et ceux situés dans les zones plus fraîches peuvent encore être aux stades critiques pour l’infection par la fusariose de l’épi (Fusarium spp.).

Afin d’aider à la prise d’une décision quant à la pertinence d’appliquer ou non un traitement fongicide, les producteurs et leurs conseillers peuvent consulter des cartes interactives qui présentent le niveau de risque d’infection causant la fusariose de l’épi.

Pour plus d’information sur l’outil d’aide à la décision, veuillez consulter l’avertissement N° 5 du 8 juin 2018.



Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseure du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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