Grandes cultures, Avertissement No 16, 10 août 2018

Réseau d'avertissements phytosanitaires, RAP, réseau Grandes cultures, avertissement

Ver-gris occidental des haricots : certains champs de maïs et de haricots sont à surveiller. Puceron du soya : suivi recommandé. Tétranyque à deux points : la vigilance est toujours de mise. Les graines de mauvaises herbes pourront bientôt être testées pour la résistance aux herbicides. Ériochloée velue : il est temps de dépister cette mauvaise herbe à déclaration obligatoire.
 
 
VER-GRIS OCCIDENTAL DES HARICOTS : CERTAINS CHAMPS DE MAÏS ENCORE ATTRACTIFS ET LE HARICOT POTENTIELLEMENT UNE CIBLE
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Julie Breault, agr. (MAPAQ), Mathieu Neau (CÉROM), et Julien Saguez, entomologiste (CÉROM)
 
Les captures de papillons de ver-gris occidental des haricots (VGOH) continuent d’être élevées. On remarque toutefois une diminution des quantités capturées en Outaouais, en Montérégie-Ouest, en Mauricie et dans Lanaudière. Ces régions auraient donc atteint leur pic de captures la semaine dernière. En revanche, les populations continuent d’augmenter en Chaudière-Appalaches, en Estrie et en Montérégie-Est. Consultez le tableau des résultats de piégeage du Québec ou les cartes interactives sur le site de la Coalition canadienne des ravageurs du maïs, qui montrent l’évolution des captures au Québec, en Ontario et au Michigan.

En raison des captures encore élevées cette semaine, il est recommandé de dépister les masses d’œufs dans les champs de maïs dont les croix sont sur le point de sortir ou dont les croix sont fraîchement sorties. Une vigilance doit être maintenue dans les champs où du pollen est encore présent, mais ils sont moins à risque d’être la cible du ravageur.
 
Depuis l’observation de masses d’œufs sur des plants de maïs dans différentes régions (avertissement N° 15 du 3 août 2018), d’autres masses d'œufs ont été observées en Estrie, ainsi que des larves en Montérégie-Ouest. Pour en savoir plus sur la méthode de dépistage des œufs et des jeunes larves ainsi que sur les seuils d’intervention, consultez l'avertissement N° 12 du 13 juillet 2018. Dans le maïs, la fenêtre d’intervention est très restreinte : un traitement doit être appliqué pendant les 5 à 7 jours suivant l’éclosion de la majorité des œufs. L’objectif est d’atteindre les jeunes larves avant qu’elles n’atteignent les soies, sinon le traitement n’aura pas d’effet, puisqu'elles seront cachées à l'intérieur des épis.

Considérant que la pollinisation est terminée dans plusieurs champs au sud de la province, le papillon (VGOH) pourrait se déplacer vers des champs de haricots pour y pondre ses oeufs. Dans cette culture, un dépistage des œufs ou des jeunes larves n’est pas envisageable, car ils sont trop difficiles à repérer. Par ailleurs, à partir du moment où les gousses sont en développement, un dépistage révélant un début de dommages indiquerait un besoin de lutter contre les larves à l’aide d’un traitement insecticide. Ces dommages peuvent être observés 10 à 21 jours après le pic des captures. Les résultats de piégeage peuvent également orienter le suivi : selon les recommandations de l’Ontario, une capture cumulative de plus de 50 papillons par piège à phéromone installé dans un champ de haricots indique que celui-ci est à risque (référez-vous au tableau des résultats de piégeage en lien plus haut). Les champs qui devraient être ciblés en priorité pour évaluer d'éventuels dommages sont ceux adjacents à des champs de maïs dans lesquels le seuil d’intervention aurait été atteint. Le dépistage consiste à examiner 100 plants dans 5 zones bien réparties dans le champ (20 plants par zone) et à noter le nombre de plants qui présentent une légère défoliation (photo 1) ou des gousses trouées (photos 2 à 4). Il n’existe pas encore de seuil d’intervention, mais si les premiers dommages sont facilement observables durant le dépistage, la fiche du MAAARO (en anglais) suggère qu’un traitement pourrait être justifié et qu’il est aussi possible de limiter l’application sur certaines zones, si les dommages sont localisés à certains endroits dans le champ. Comme il n’y a aucun seuil économique d’intervention, si les dommages sont répartis dans le champ et qu’un traitement est appliqué, il serait pertinent de garder une bande non traitée afin de vérifier la rentabilité du traitement sous nos conditions. Attention, d’autres insectes peuvent causer des dommages similaires à ceux du VGOH sur les gousses. Contrairement aux larves du VGOH, ces insectes seront toutefois observables à l’intérieur ou à l’extérieur des gousses, comme la pyrale du maïs (photo 5) ou la chrysomèle du haricot.
 
Image Agri-Réseau
Source : Christina Di Fonzo (Michigan State University)
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Source : Tracey Baute (OMAFRA)
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Source : Tracey Baute (OMAFRA)
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Source : Tracey Baute (OMAFRA)
Photos 1 à 4 : Dommages causés par les larves du VGOH sur une feuille et des gousses
 
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Photo 5 : Présence d'une pyrale du maïs à l'intérieur d'une gousse de haricot. L'apparence du trou est semblable à celui qui aurait été fait par une larve de VGOH

Source : Tracey Baute (OMAFRA)


 
PUCERON DU SOYA : SURVEILLER LES CHAMPS QUI N’ONT PAS ATTEINT LE STADE « R5 »
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), et Julie Breault, agr. (MAPAQ)
                                                        
Les populations de puceron du soya sont en hausse depuis la semaine dernière. Dans les champs surveillés par le Réseau, la moyenne provinciale est passée de 46 pucerons par plant à 144. Quinze pour cent des champs dépistés du 6 au 8 août (9 champs sur 61 au total) dépassaient le seuil d’alerte de 250 pucerons par plant. Un champ situé en Estrie présente même une moyenne de plus de 1 000 pucerons par plant. À noter que les populations des champs dépistés par le Réseau sont plus faibles en Chaudières-Appalaches, en Outaouais et en Mauricie.

Il importe de tenir compte du stade du soya : à partir du stade « R5 » (présence de graines d’environ 3 mm dans une gousse à l’un des 4 nœuds supérieurs de la tige principale), un traitement insecticide a peu de chance d’être rentable. Soixante-neuf pour cent des champs du Réseau, soit 42 des 61 champs, ont atteint ce stade.

Cliquez ici pour accéder au tableau montrant le nombre de sites suivis par région, la densité de pucerons et le stade de croissance du soya dans les champs suivis par le RAP.

Un dépistage des champs de soya dont le stade de croissance est inférieur à « R5 » est recommandé partout en province.

Le dépistage consiste à déterminer le nombre moyen de pucerons par plant et l’abondance des ennemis naturels qui ont montré leur efficacité pour contrôler le puceron du soya. L’atteinte du seuil d’alerte de 250 pucerons par plant ne signifie pas qu’un insecticide doit être appliqué immédiatement, mais qu’il est nécessaire de dépister tous les 2 à 4 jours pour suivre l’évolution des populations de pucerons.
 
Si des populations élevées (ex. : 1 000 pucerons par plant avant le stade « R5 ») sont observées au premier dépistage des champs, il peut être intéressant d’analyser la situation en utilisant l'outil de calcul dynamique de rentabilité d’un traitement qui a été développé pour les conditions du Québec.
 
Pour en savoir plus sur la stratégie d’intervention contre le puceron du soya et sur l’identification de ses ennemis naturels, veuillez consulter le bulletin d’information N° 22 du 16 juillet 2015 (mis à jour le 29 juillet 2016). Vous pouvez aussi visionner la courte vidéo Le dépistage du puceron du soya en cinq points.

 
TÉTRANYQUE À DEUX POINTS : LA VIGILANCE EST TOUJOURS DE MISE
 Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), et Julie Breault, agr. (MAPAQ)
 
La pluie des derniers jours a pu favoriser le contrôle du tétranyque à deux points par les ennemis naturels, mais un suivi des champs de soya qui sont situés en sols secs et/ou bien drainés et/ou qui ont un historique de dommages causés par le tétranyque est recommandé considérant la présence importante du ravageur cette année. Dans un champ qui présente des symptômes, un dépistage en bonne et due forme permettra de déterminer si l’acarien y est toujours présent. Pour en savoir plus, veuillez vous référer à l’avertissement N° 12 du 13 juillet 2018.
 
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Photo 6 : Foyer d'infestation de tétranyques à deux points en bordure d'un champ de soya

Source : Brigitte Duval, agronome (MAPAQ)



ÉCHANTILLONNAGE DES MAUVAISES HERBES RÉSISTANTES AUX HERBICIDES

Sandra Flores-Mejia, malherbologiste (CÉROM)

Les graines de plusieurs mauvaises herbes deviendront matures vers la fin de l’été : l’amarante à racine rouge, le chénopode blanc, la morelle noire de l’Est, la sétaire verte et la vergerette du Canada. Au Québec, ces mauvaises herbes comptent parmi les espèces pour lesquelles la résistance à certains herbicides a été répertoriée dans le passé.

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Photo 7 : Amarante à racine rouge

Source : LEDP (MAPAQ)

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Photo 8 : Chénopode blanc

Source : LEDP (MAPAQ)

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Photo 9 : Morelle noire de l'Est

Source : LEDP (MAPAQ)

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Photo 10 : Sétaire verte

Source : LEDP (MAPAQ)

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Photo 11 : Vergerette du Canada

Source : Herbier du Québec



Si vous soupçonnez être en présence de mauvaises herbes résistantes, vous pouvez faire parvenir au Service de détection du CÉROM un échantillon des graines matures, recueillies selon la méthode d’échantillonnage, ainsi que le formulaire dûment rempli avant le 30 novembre 2018. La détection de la résistance de votre échantillon à un ou plusieurs herbicides sera réalisée tout à fait gratuitement, ceci grâce à une entente entre le CÉROM et le MAPAQ.

Il est aussi important de prendre des mesures pour éviter que les graines matures des mauvaises herbes tombent au sol et qu'elles augmentent ainsi la banque de semences du sol. Pour plus d’information sur les différentes mesures de prévention et de gestion de la résistance, nous vous invitons à consulter la fiche technique produite à cet effet.

 

C’EST LE TEMPS DE DÉPISTER L'ÉRIOCHLOÉ VELUE, UNE MAUVAISE HERBE À DÉCLARATION OBLIGATOIRE

L’ériochloé velue est réglementée en vertu de la Loi sur les semences; elle est interdite dans tout lot de semences vendu ou importé au Canada. Sa présence doit obligatoirement être déclarée à l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

La période la plus propice pour effectuer le dépistage de l’ériochloé velue se situe entre la mi-août et la fin septembre. Cette plante est facilement reconnaissable par ses inflorescences, dont les branches latérales, toutes étalées sur le même plan, font penser à celles du pied-de-coq. Les feuilles, très velues, sont pourvues de poils sur leurs deux faces, ce qui leur confère un toucher velouté.
 
Sur le terrain, il faut surveiller particulièrement les entrées et les bordures des champs, car ces zones sont souvent moins bien couvertes par les pulvérisations d'herbicides et moins bien travaillées lors des opérations de sarclage.
 
L’ériochloé velue est problématique, notamment car les graines de cette espèce germent tout au long de la saison. Par ailleurs, l'encadrement agronomique des producteurs aux prises avec cette mauvaise herbe permet de la contrôler efficacement et d'empêcher sa dissémination à l'intérieur et à l'extérieur de la ferme. L’implication des producteurs et de leurs conseillers est essentielle pour contrer cette mauvaise herbe.
 
Pour plus de détails, veuillez-vous référer à la fiche sur l’ériochloé velue élaborée par le CÉROM en 2013 et à l’avertissement N° 46 du 25 août 2017.

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Photo 12 : Ériochloé velue dans un champ de soya

Source : Marie-Josée Simard (AAC)


 

Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseure du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, MAPAQ, Réseau d'avertissements phytosanitaires, RAP