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Compter les feuilles de maïs: pas si simple !

Déterminer le stade de développement du maïs dans un champ est important pour plusieurs raisons : estimer la probabilité qu’un maïs semé tardivement ne puisse se rendre à maturité à temps pour la récolte, ou encore s’il est temps de mesurer les nitrates en vue d’une application d’azote en post-levée, par exemple. L’émergence, ou encore la sortie des soies ne pose généralement pas de problème, mais il peut en être autrement lorsque, dans le milieu du stade végétatif, l’on doit estimer le nombre de feuilles. En effet, il existe au moins trois méthodes différentes de compter les feuilles de maïs, et ce serait bien que l’on sache sur quelle méthode est basée une recommandation d’herbicide ou d’engrais !

Méthode 1 : toutes les feuilles visibles
La méthode des bouts de feuilles compte toutes les feuilles visibles, incluant la feuille en émergence dont seulement le bout s’apprête à sortir du cornet. C’est une façon de compter de moins en moins utilisée, sauf peut-être par ceux qui, devant un champ montrant un certain retard, veulent s’encourager !

Méthode 2 : les feuilles recourbées
La méthode traditionnellement employée autant au Québec qu’en Ontario, que ce soit pour les applications d’herbicides ou estimer des dommages dus à des facteurs climatiques, repose sur le comptage des feuilles suffisamment développées pour que leur extrémité retombe vers le sol, créant un arc courbé.

Méthode 3 : seules les feuilles avec le collet visible sont comptées
C’est la méthode « officielle », où la dénomination des stades, très précise, commence par la lettre V, à partir de « VE » (l’émergence) jusqu’à « VT » (la sortie des croix), en passant par V suivi du chiffre correspondant au nombre de feuilles qui sont complètement déployées et dont on voit le « collet » sur la tige. Le collet apparaît comme une bande blanchâtre sur la gaine de la feuille entourant la tige, une fois et seulement lorsque cette feuille est complètement déployée (photo).
À noter : pour ces trois méthodes on compte la première vraie feuille, celle, plus courte que les suivantes, avec le bout arrondi. Ce n’est ni un cotylédon, ni la coléoptile, mais une véritable feuille. Lors de printemps sec, il est possible que cette feuille se dessèche rapidement, de sorte qu’elle ne soit guère visible au-delà du stade V5-V6. Il faut cependant toujours la compter.

Pour un même plant de maïs, on obtiendra des résultats qui peuvent être significativement différents selon la méthode utilisée :
  Méthode 1 Méthode 2 Méthode 3
Nombre de feuilles 28 mai 4 3 2 (V2)
Nombre de feuilles 15 juin 10 8 6 (V6)
 
Le stade V6 est important dans le développement du maïs. C’est à ce moment que le point de croissance sort de terre, et à partir de là la croissance du maïs est régulée davantage par la température de l’air que celle du sol. C’est aussi un tournant en termes de nutrition minérale : c’est le début de la période d’absorption accélérée de l’azote. Depuis le semis, le maïs n’aura absorbé que 10 % ou moins de tous ses besoins en azote et, en autant que l’on en ait apporté au démarreur (40 à 50 kg N/ha), il n’en aura pas manqué. Dans le sud-ouest du Québec, l’atteinte de ce stade arrive autour du 15 juin. Sauf exceptions, ce ne sera pas le cas cette année: au moment d’écrire ces lignes, le maïs affiche un retard d’environ une semaine dans son développement. Il a toutefois récupéré  une bonne partie du délai de semis (2 semaines ou plus).

Au sujet de l’azote
La détermination précise de l’atteinte du stade V6 pour un champ de maïs revêt une importance concrète lorsque l’on désire ajuster le complément d’azote à apporter selon la contribution du sol, le principe à la base du test de nitrates en post-levée (« Pre-Sidedress Nitrate Test », PSNT). La plupart des grilles d’interprétation (qui traduisent les ppm de nitrates à une quantité d’azote à appliquer) du test de nitrates en post-levée sont calibrées pour un échantillonnage au stage V6.  En effet, il faut attendre que l’activité microbienne ait démarré son travail pour obtenir, avec la mesure des nitrates dans le sol, une indication fiable de la fourniture totale saisonnière d’azote en provenance de la minéralisation de la matière organique du sol, des engrais de ferme et autres matières organiques fraîches (résidus de culture, etc.).  Un échantillon pris trop tôt, par exemple au stade V4, alors que 6 feuilles recourbées peuvent être dénombrées, produira certainement un résultat qui sous-estime la fourniture d’azote du sol et entraînera une recommandation d’azote qui excède les besoins réels de la culture. La nature étant ainsi merveilleusement faite, la production de nitrates par les bactéries est parfaitement synchronisée avec la demande en azote du maïs, aussi en phase d’accélération à ce stade. Les deux phénomènes sont d’ailleurs conditionnés par les mêmes facteurs environnementaux : température, humidité, aération et santé du sol.

La recommandation d’échantillonner au stade V6 est aussi le résultat d’un compromis, car on veut connaître la quantité d’azote à ajouter assez tôt pour permettre de façon pratique l’application du complément d’azote sur des plants pas trop avancés en développement. Et durant cette phase du développement végétatif, ça pousse vite parfois et il est facile de passer à côté. Physiologiquement, ça prend environ 75 à 80 unités-thermiques-maïs (UTM) au plant de maïs pour produire une nouvelle feuille, ce qui veut dire 2 à 3 jours sous un régime de températures 28oC/20oC diurne/nocturne, ou 5 à 6 jours à 20oC/10oC. Bien sûr, un stress hydrique peut ralentir ce rythme, mais généralement la température diurne associée au taux de croissance maximum du maïs est autour de 28oC.

La possibilité d’ajuster la dose d’azote à l’aide d’un test de nitrates constitue le principal avantage à l’application du supplément en post-levée par rapport à tout appliquer au semis. Il n’y a en effet que peu d’avantage en termes d’efficacité entre les deux périodes d’apport : si le post-levée (souvent appelé « fractionnement ») est 5 à 10 % plus efficace en année humide, il l’est moins, aussi de 5 à 10 %, en année sèche : dans ces circonstances, le maïs s’alimente dans des horizons de sol plus profond, alors que l’azote appliqué sera demeuré plus en surface.  Quant au choix de l’engrais, entre l’urée, la solution 32, ou le 27-0-0, il n’y a pas plus de différences marquées entre celles-ci, en autant que les sources ammoniacales (urée, solution 32) soient incorporées, ce qui n’est pas toujours facile en post-levée.
 

Exemple de plant de maïs au stade V5 : 5 feuilles dont on voit le collet (incluant la 1ère, ici desséchée), mais 7 feuilles recourbées, 8 feuilles visibles. C’est le stade idéal pour le semis d’une culture intercalaire, mais trop tôt pour prélever un échantillon en vue d’un test de nitrates. (Photo : Mississippi State U.)
 
Références
Aldrich, S.R., Scott, W.O., et Leng, E.R. 1975. Modern Corn Production (2nd ed.). A & L Publ., Champaign, IL.
Filion, P. 1995. L’importance d’un suivi des stades-repères du maïs : une clé du succès. Pp. 201-220 in Colloque sur le maïs grain : Le maïs et son avenir, Conseil des Productions Végétales du Québec Inc., St-Hyacinthe, 29-30 novembre 1995
Quesnel, G. 2006. Corn leaf counting methods. http://www.agrinewsinteractive.com/archives/article-7660.htm
Nielsen, R.L. 2014. Determining corn leaf stages. https://www.agry.purdue.edu/ext/corn/news/timeless/VStageMethods.html
Stewart, G. 2006. Corn leaf counting methods. http://gocorn.net/v2006/Planting/articles/Corn%20Leaf%20Counting%20Methods.html

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Organisation : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
Date de publication : 15 juin 2017
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