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Protéger le revenu des agriculteurs ou payer le vrai prix de nos aliments ?

Il est des débats qui reviennent périodiquement agiter les médias. Ainsi, en ce moment, de la gestion de l’offre pour les productions de lait, d’œufs et de volailles. Cette organisation collective, voulue par les agricultrices et agriculteurs du Canada, fausserait le sacro-saint marché sur le dos des consommateurs. Il y aurait donc lieu de supprimer ces outils qui concentrent tous les défauts de la terre. Ben voyons !
 
Je laisse aux vrais économistes le soin de réfuter l’argument selon lequel cette gestion de l’offre entraine un surcoût pour les consommateurs. Je crois, d’ailleurs, que cela a déjà été montré à maintes et maintes reprises. Je laisse aussi aux producteurs agricoles le soin de rappeler combien les producteurs situés au Sud de chez nous, et d’ailleurs, envient le modèle canadien, surtout pour la meilleure lisibilité de l’avenir qu’il assure aux entreprises. Eux aussi, ils le font déjà.
 
Le système a des défauts ? Sans doute, comme tout système humain. Mais l’important est de l’évaluer à l’aune de toutes ses dimensions : la question du revenu des producteurs bien sûr, mais aussi la question de l’équilibre économique et social des territoires, de la ruralité. Sans oublier de porter un regard sur la question de la qualité des produits, etc. Pour, ensuite, le faire évoluer afin d’en corriger les défauts.
 
Pour ma part, je persiste à penser que le vrai sujet n’est pas de savoir si l’on doit, ou pas, protéger le revenu des agriculteurs, mais bien de s’interroger, en tant que consommateurs, sur notre volonté de payer le vrai prix de nos aliments.
 

Un débat qui n’est pas pas figé

Ce débat progresse, un peu partout, et les initiatives se multiplient en ce sens. Ici, au Québec, mais aussi en Europe. Aujourd’hui, cette question progresse dans le sillage du développement des circuits courts. C’est certainement une très bonne chose, mais il faudra bien, un jour, poser cette même question pour les circuits longs, qui interpellent beaucoup plus d’acteurs socio-économiques. Un jour.
 
Je voudrais, ici, évoquer une initiative récente qui a agité ce même débat en France. Elle émane de la société coopérative et participative « C’est qui le patron ?! ».
 
À l’origine de cette initiative, tout le monde s’entend pour reconnaître l’influence de la suppression, par l’Union Européenne, de l’outil de régulation de la production laitière, les quotas, qui a entrainé une chute vertigineuse des cours du lait. Face à une situation de plus en plus difficile pour les producteurs laitiers, situation qui accélère la crise dans les campagnes, un groupe de consommateurs engagés contre le gaspillage alimentaire et pour une consommation responsable s’est interrogé sur les façons de contribuer à une solution viable et durable. La dynamique est lancée, elle va devenir « C’est qui le patron ?! » : une brique de lait, répondant à un cahier des charges précis, et dont le prix a été fixé par les consommateurs eux-mêmes.
 
Pour illustrer, voici une capture d’écran du site lamarqueduconsommateur.com
 
Que nous apprend-t-elle ? Les consommateurs ont été enquêtés, en ligne, pour déterminer les critères importants à leurs yeux. Et pour chaque critère, ils avaient à indiquer quelle en était la valeur. Ainsi, si le produit privilégie une origine française du lait, les consommateurs se sont dit prêts à payer 1 centime de plus. Autre exemple, les consommateurs ont dit l’importance qu’ils accordaient à ce que le producteur vive de son métier, et ce de manière « convenable ». Bien sûr, on peut se demander si tout le monde entend la même chose avec le mot « convenable ». Toujours est-il que cette demande se traduit par une prime de 7 centimes par litre. Etc. À la fin de la démarche, la différence est de 30 centimes d’euro. C’est une énorme différence.
Juste prix du lait
La réussite est vite au rendez-vous. Quelques mois plus tard, une dizaine de millions de litres sont écoulés sur le marché. Les grandes bannières de la distribution alimentaire embarquent et accélèrent la réussite. 50 producteurs de lait, chiffre sans doute faible au regard de l’ensemble des producteurs français, mais 50 quand même et pour aujourd’hui, sont en voie de retrouver des marges de manœuvre. Et surtout, les consommateurs répondent présents. À un point tel que de nouveaux produits s’ajoutent rapidement : œufs, crème, jus de fruits, beurre, etc. Bientôt, ce sera le tour de la pizza ; une pizza dont les composants et le prix ont été, là encore, définis par les consommateurs. Rien que des aliments d’origine contrôlée, bio souvent, et toujours rémunérant leurs producteurs.
 

Une vraie attente d’action collective

 La visite du site évoqué précédemment est très riche en informations sur la dynamique. J’y vois la confirmation que rien n’est jamais figé. Oui, il y a lieu de voir sur la durée comment les choses vont continuer d’évoluer. Oui encore, cela reste marginal. Et oui toujours, ce sera long avant de voir des changements massifs. Toutes les critiques sont possibles, voire nécessaires. Mais deux éléments me rendent optimiste.
 
Le premier est que l’action collective reste le meilleur outil pour voir nos sociétés évoluer vers plus d’humanité. C’est, ici, un encouragement pour les producteurs à défendre leur démarche collective. Le second est que dans cette inévitable évolution, les consommateurs et les producteurs sont du même bord. Il n’est pas inutile de le rappeler. Même si des esprits étroits  se plaisent à le nier.

Jean-Michel Bordron
jmbconseils.ca
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Organisation : JMB Conseils, Consultant en stratégies bioalimentaires
Date de publication : 11 mai 2017
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