AU RUCHER CETTE SEMAINE
23 mai 2025
23 mai 2025
Les plantes : alliées précieuses… ou ennemies insoupçonnées de l’apiculteur ?
Les plantes font partie intégrante du quotidien d’un apiculteur, pour le meilleur… et pour le pire! Bien sûr, on les reconnaît surtout pour leur potentiel mellifère, mais leur rôle ne s’arrête pas là. Certaines servent à refroidir la fumée de l’enfumoir, d’autres offrent une assise improvisée entre deux inspections au grand air. Et si cette verdure entourant votre rucher était en réalité potentiellement dangereuse pour vous? Inspirée d’une histoire vraie, cette chronique a pour but de vous sensibiliser aux espèces à risque, et de vous aider à éviter quelques mauvaises surprises au rucher!
Il existe plusieurs plantes pouvant représenter un danger pour l’humain. Certaines sont toxiques par ingestion, tandis que d’autres peuvent provoquer des brûlures ou des dermatites sévères par simple contact avec leur sève ou leurs poils. En apiculture, les ruchers sont souvent situés dans des environnements où la flore est peu contrôlée, en milieu naturel ou en bordure de champs agricoles, des endroits propices à la croissance de plantes indésirables. Même si la végétation est généralement contrôlée autour des ruches pour faciliter l’accès, le risque de contact avec des espèces irritantes ou phytotoxiques demeure bien réel.
Certaines plantes indésirables sont facilement reconnaissables à un stade avancé de croissance. Mais au début de la saison, lorsque la verdure se fait rare pour l’enfumoir, il n’est pas rare de se rabattre sur les quelques pousses visibles à proximité. Or, ces jeunes plantules discrètes pourraient bien appartenir à des espèces problématiques. Il faut aussi rester vigilant en cours de saison lors de l’entretien des ruchers et bien observer où on passe la tondeuse ou le fouet!
Voici donc quelques plantes que vous êtes plus susceptible de croiser dans le cadre de vos activités d’apiculteur.
Panais sauvage (Pastinica sativa L.)
Le panais sauvage est une plante herbacée de la famille des Apiacées que l'on retrouve fréquemment en bord de route et dans les champs. Bien qu’il soit de la même espèce que le panais cultivé, sa forme sauvage peut représenter un danger pour la peau. La sève du panais sauvage contient des furanocoumarines, substances photosensibilisantes. En cas de contact avec la peau suivi d’une exposition au soleil, elles peuvent causer des brûlures sévères et des cloques.
Le panais sauvage est une plante herbacée de la famille des Apiacées que l'on retrouve fréquemment en bord de route et dans les champs. Bien qu’il soit de la même espèce que le panais cultivé, sa forme sauvage peut représenter un danger pour la peau. La sève du panais sauvage contient des furanocoumarines, substances photosensibilisantes. En cas de contact avec la peau suivi d’une exposition au soleil, elles peuvent causer des brûlures sévères et des cloques.
À ne pas confondre avec :
Carotte sauvage (Daucus carota L.) : Inflorescence blanche, racine comestible (identification sûre nécessaire)
Carotte à Moreau (Cicuta maculata L.) : Inflorescence blanche, reconnue comme l’une des plantes les plus mortelles d’Amérique du Nord
Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum S.L.)
La berce du Caucase est une plante herbacée géante de la famille des Apiacées (anciennement ombellifères). Elle est considérée comme une espèce exotique envahissante au Québec. Sa sève contient les mêmes substances toxiques que celles du panais sauvage. En cas de contact avec la peau suivi d’une exposition au soleil, cela peut entraîner de graves brûlures, cloques et lésions cutanées.
La berce commune et la berce laineuse sont également des espèces pouvant provoquer des réactions cutanées. Toutefois, la berce laineuse est une espèce indigène au Québec et non envahissante.
Herbe à puce (Rhus Radicans L.)
La fameuse herbe à puce est responsable des dermatites de contact, aussi appelées dermatites à rhus. C’est une substance contenue dans sa sève, appelée urushiol, qui provoque la réaction cutanée. Bien que cette plante soit connue de la plupart d’entre nous, elle présente une particularité importante à considérer, notamment pour les apiculteurs. En effet, lorsqu’elle est brûlée, la fumée dégagée peut entraîner une inflammation des poumons, ce qui peut représenter un danger grave pour la santé. Il est donc essentiel de savoir reconnaître l’herbe à puce à différents stades de croissance afin d’éviter de l’introduire accidentellement dans un enfumoir.
Pour en savoir plus sur la prévention, les symptômes et les traitements liés à un contact avec l’herbe à puce, consultez les sites de l’INSPQ et du Gouvernement du Québec.
Apocyn à feuilles d’androsème (Apocynum androsaemifolium L. )
Ses petites fleurs en forme de cloche rose sont très agréables à l’œil, mais tout comme l’herbe à puce, l’apocyn à feuilles d’androsème possède une sève toxique qui peut causer des irritations cutanées.
Ortie dioïque et Ortie du Canada (Urtica dioïca / Laportea canadensis)
Sans oublier l’ortie une plante reconnue comme médicinales et cultivées pour ses bienfaits, mais qui demeure fortement urticante et peut provoquer une irritation notable de la peau en raison de ses longs poils, qui ne sont pas toujours facilement perceptibles.
Pour limiter les risques de contact
- Identifiez et éliminez les plantes à risque dès leur apparition, idéalement avant qu’elles ne montent en graines, et portez toujours des gants et vêtements de protection lors de ces interventions.
- Si l’élimination n’est pas possible, le simple fait de localiser et de reconnaître ces plantes au stade adulte vous permettra d’anticiper leur présence au printemps suivant, lorsque les jeunes pousses sont plus difficiles à repérer.
- Évitez d’étendre votre matériel ou vos vêtements dans les herbes hautes si vous ne connaissez pas les plantes présentes : un contact indirect avec de la sève, par transfert, peut suffire à provoquer des réactions cutanées.
- Lors de la coupe d’herbe autour des ruchers, portez des pantalons longs et des vêtements à manches longues pour éviter le contact des plantes coupées (et de leur sève toxique!) sur votre peau.
Il existe plusieurs applications pour vous aider à identifier les plantes en temps réel. Une méthode simple et efficace consiste à utiliser Google Lens, à partir d’une photo prise sur le terrain, puis de valider l’information sur des ressources fiables comme Iriis Phytoprotection.
Un peu de curiosité suffit ! En apprenant à reconnaître les plantes qui entourent vos ruchers, qu’elles soient bénéfiques ou à éviter, vous comprenez mieux l’habitat dans lequel évoluent vos abeilles tout en évitant quelques surprises désagréables pour votre équipe.
Les hyperliens inclus dans cette chronique ont servi de sources de référence pour l’élaboration du contenu.
Bulletin rédigé par Sara Bouaziz, conseillère en apiculture | CRSAD et révisée par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD
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