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Apiculture - Chronique No 77 - 15 août 2025

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AU RUCHER CETTE SEMAINE
15 août 2025


Des pratiques de gestion pour minimiser l’impact du varroa dans les colonies 

À l’hiver 2024-2025, les apiculteurs des États-Unis ont enregistré de fortes mortalités de leurs colonies, avec des pertes moyennes de 62%, selon les données du sondage réalisé par ApisM. Le département américain de l’agriculture (USDA) a alors récolté et analysé des échantillons d’abeilles provenant de 6 entreprises apicoles d’importance (elles possèdent à elles seules 184 000 colonies) pour tenter de mieux comprendre les causes de ces mortalités record). Les résultats montrent des niveaux alarmants de virus transmis par le varroa, soit le virus des ailes déformées (DWV, variant A et B) et de virus de la paralysie aiguë (ABPV). De plus, tous les varroas échantillonnés ont été testé positifs à un marqueur génétique lié à la résistance à l’amitraze, l’acaricide le plus utilisé en apiculture commerciale aux États-Unis. (Attention! Un résultat positif au marqueur génétique de la résistance n’indique pas nécessairement que la résistance sera belle et bien observée sur le terrain. Cela démontre seulement une prédisposition à la résistance.)

Au Québec, nos pertes sont heureusement moins importantes que celles des États-Unis pour l’hiver 2024-2025. Le rapport publié par l’Association canadienne des professionnels de l’apiculture (ACPA) rapporte une mortalité de 23,5% pour le Québec, ce qui représente une année dans la moyenne. Ce taux de mortalité nous place au 4e rang parmi les provinces canadiennes, la mortalité la plus faible ayant été enregistrée pour Terre-Neuve et Labrador (12,9%) et la plus élevée, au Nouveau Brunswick (44,7%). 

Il ne faut quand même pas oublier les pertes record enregistrées au Québec pour les hivers 2021-2022 et 2023-2024, soit respectivement de 48,4% et 40,3% de mortalité hivernale). Le calendrier de traitement du varroa et les méthodes de gestion des colonies du Québec et des États-Unis sont relativement différents : nous utilisons beaucoup moins de pesticides de synthèse et d’antibiotiques que nos voisins et misons davantage sur les pratiques de lutte intégrée. Cependant, l’histoire nous a démontré à quelques reprises que ce n’est souvent qu’une question de temps avant que ce qui se produit ailleurs ne nous atteigne aussi (pensons entre autres au petit coléoptère de la ruche.) Il devient donc crucial d’apprendre des erreurs de nos voisins afin d’améliorer dès maintenant nos pratiques de gestion des colonies. En ce sens, je vous propose un résumé des principales bonnes pratiques à mettre en place dès maintenant, tel que suggéré par le projet ApisM. Vous constaterez également que les bonnes pratiques proposées par ApisM sont déjà des bonnes pratiques publiées et partagées au Québec, notamment par le MAPAQ (via les avis de vigilance transmis aux apiculteurs, sur le site web du Réseau apicole du MAPAQ et dans la section Apiculture d’Agri-réseau.)


Les bonnes pratiques de gestion

Pour diminuer l’incidence des virus transmis par le varroa et, en même temps, retarder l’apparition de résistance, la solution est sensiblement la même : avoir une bonne gestion du varroa. Mais je suis consciente que c’est parfois beaucoup facile à dire qu’à faire! Voici quelques actions à mettre en place pour améliorer votre gestion de cet acarien. Certaines mesures s’appliquent aussi pour la gestion des autres maladies, comme la loque européenne, le couvain plâtré, ou d’autres virus qui ne sont pas transmis par le varroa. 

Conserver des taux faibles d’infestation au varroa
  • Dépister fréquemment le varroa, soit au moins une fois par mois pendant la saison apicole.
  • Débuter les dépistages dès le printemps afin de conserver un meilleur contrôle pour toute la saison. 
  • Prévoir des traitements appropriés dès que les niveaux sont trop élevés, soit plus de 1% au lavage à l’alcool ou plus de 5 varroas par jour en chute journalière. L’arbre décisionnel pour le traitement contre le varroa indique les seuils pour chaque moment de la saison. 

Mettre en place une bonne lutte intégrée
  • Utiliser des traitements ayant des modes d’action différentes, en priorisant les acides organiques, les huiles essentielles et l’acide beta du houblon. 
  • Faire une rotation raisonnée des différents produits pour diversifier les ingrédients actifs et limiter les risques d’apparition de résistance. 
  • Utiliser les pesticides de synthèse en dernier recours, et après avoir validé que les varroas n’y sont pas résistants. 
  • Combiner l’utilisation de produits contre le varroa à des pratiques culturales, telles que la fabrication de nucléi, l’interruption de couvain ou l’utilisation des cadres verts. 

Mettre en place des mesures de biosécurité
  • Inspecter les colonies malades (ou les plus infestées en varroa) en dernier. 
  • Après avoir inspecté des colonies malades ou à la fin de l’inspection de chaque rucher, stériliser le lève-cadre à la flamme ou avec de l’alcool afin d’éliminer les bactéries, les virus et les champignons. 
  • Déplacer les colonies malades dans des ruchers hôpitaux afin d’éviter qu’elles ne contaminent les colonies saines. 
  • Ne jamais utiliser des cadres provenant de colonies malades dans des colonies saines. Marquer les cadres les plus affectés, retirez-les des colonies le plus rapidement possible et détruisez-les.
  • Retirer rapidement des ruchers le matériel affecté par une maladie ou provenant de colonies n’ayant pas survécu à l’hiver.
  • Utiliser les cadres provenant de colonies mortes avec diligence et après avoir identifié avec certitude la cause de mortalité.
  • Éliminer les cadres foncés de la hausse à couvain, de façon à ce qu’ils ne restent pas plus de 2-3 ans dans les ruches. 
  • Limiter le pillage entre les colonies. 

S’assurer que les colonies ont une bonne santé globale
  • Utiliser des jeunes reines bien fécondées et qui présentent un bon comportement hygiénique.
  • S’assurer que les colonies ont suffisamment de ressources nutritives, et supplémenter au besoin (pollen et sirop).

En cas de suspicion de résistance, ou de mortalités plus élevées qu’à l’habitude, n’hésitez pas à contacter le Réseau apicole du MAPAQ au 1-844-ANIMAUX ou par courriel à abeille@mapaq.gouv.qc.ca. 


Bulletin rédigé par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD et révisé par Sara Bouaziz, services-conseils en apiculture | CRSAD


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Organisation : Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD)
Date de publication : 15 août 2025

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