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Réflexion sur le poids idéal d’une vache


Voilà un sujet qui n’est pas évident à traiter. Ce n’est pas que l’information sur la question soit difficile à trouver; on voit passer beaucoup d’articles et de recherches dans les médias spécialisés ou sur Internet. Il faut cependant faire attention; les hypothèses à la base de ces recherches ne cadrent pas toujours avec les réalités québécoises. On se doit d'éviter de tirer des conclusions trop hâtives sur la base de fausses prémisses. Également, plusieurs écoles de pensée, où se côtoient raison et émotion, existent sur le sujet. Je vous propose donc de faire le tour des arguments et de voir si, en fin de compte, certains se démarquent plus que d’autres.

Les vaches de boucherie sont des ruminants avec une alimentation à base de fourrages. La logique voudrait que le système qui permet la transformation la plus efficace des fourrages en livres de veaux ou de viande soit celui que l’on devrait prioriser. En matière de consommation, dans une simulation personnelle avec le modèle du NRC, une vache de 1 200 lb en milieu de gestation devrait consommer 25,1 lb par jour d’un foin de graminées assez standard (base matière sèche ou M. S.) tandis qu’une vache de 1 500 lb en consommerait 29,5 lb et qu’une très grosse vache de 1 800 lb en consommerait 33,7 lb. Donc, dans une logique sans perte, pour chaque tonne de fourrages disponible sur une base journalière (base 100 % M. S.) à la ferme et dans les conditions précises de l’exemple, il serait possible de nourrir 87,7 vaches de 1 200 lb, 74,6 vaches de 1 500 lb et 65,4 vaches de 1 800 lb. Bien sûr, les quantités consommées varient selon le stade de production, les caractéristiques du fourrage et les conditions environnementales. Ce qui importe surtout de la démonstration précédente, c’est l’ordre de grandeur. Il est évident que l’on peut supporter plus de petites vaches par unité de surface et je suis sûr que je ne vous apprends rien ici.
 
Tableau 1
  Poids des vaches
1200 lb 1500 lb 1800 lb
Consommation de fourrages
(lb M.S./vache/jour)
25,1 29,5 33,1
Vaches nourries par tonne de fourrages 87,7 74,6 65,4
 

Encore faut-il que ces vaches plus modérées (qui mangent moins) nous donnent un maximum de livres de veaux. Or, on entend souvent dire que leurs veaux sont plus petits. Qu’en est-il? Les résultats diffèrent selon les recherches. Il y a de petites vaches très efficaces et des grosses qui le sont moins; le contraire est également vrai. Cependant, quand les autres caractéristiques comme l’aptitude laitière sont comparables, les vaches plus grosses vont généralement sevrer de plus gros veaux. C’est logique. Dans quel ordre de poids? C’est ce qui est le plus difficile à dire. Toutefois, dans une recherche utilisée en référence dans le guide 2000 du NRC, Fox et ses collaborateurs (1988) ont comparé des veaux sevrés à 7 mois provenant de vaches de différents poids (880 à 1470 lb) avec des productions laitières comparables. Ils ont observé des veaux plus lourds de 59 à 64 lb au profit des vaches de 1 470 lb par rapport aux vaches de 1 170 lb, et ce, pour différents niveaux de production laitière. En tenant compte de cette dernière information, et dans un scénario idéal où toutes les vaches donneraient un veau, nous serions en mesure d’obtenir environ 2 600 lb de veaux supplémentaires avec les vaches de 1 170 lb même si les veaux des vaches de 1 470 lb sont plus pesants. Donc, en nous appuyant principalement sur la disponibilité des fourrages, nous disposons de bons arguments voulant que les vaches plus modérées risquent d’être plus rentables même si elles donnent, en moyenne, des veaux plus légers.

Par contre, en pratique, d’autres facteurs sont susceptibles d’entrer dans l’équation. Si un producteur est limité quant au nombre de vaches qu’il peut garder sur un site (question d’espace, de certificat d’autorisation, etc.) et que l’expansion n’est pas une option, il est possible que ça soit intéressant, pour lui, de travailler avec des vaches un peu plus grosses. En estimant une consommation correspondant à 2 % du poids vif des femelles, on calcule environ une tonne de fourrages supplémentaires pour nourrir des vaches de 1 500 lb sur une base annuelle au lieu de vaches de 1 200 lb. Si les livres de veaux (disons 60 lb) rapportent davantage que ce qu’il en coûte pour produire cette tonne (admettons 60 % de foin à 120 $/t et 40 % de pâturage à 60 $/t), il peut devenir pertinent pour lui de garder des vaches plus grosses. Encore faut-il que les fourrages soient toujours disponibles en quantité et qualité suffisantes. Bien d’autres éléments, mis à part les aliments et l’espace, doivent être pris en considération. Par exemple, concernant le temps à consacrer au troupeau : Augmente-t-il directement avec le nombre d’animaux ou obtient-on rapidement des économies d’échelle? Quel est l’équilibre souhaité entre l’autonomie et la performance des animaux? Au niveau du marché : Est-ce que la stature des veaux, qui dépend à 50 % des vaches du point de vue génétique et qui influence le poids de finition,  est adéquate?

Un vieil adage en production bovine dit :
 

On adapte la vache à son environnement et le taureau au marché visé.


En pratique, une vache plus productive (plus grosse ou plus laitière) nécessitera une régie davantage intensive comprenant des fourrages de bonne qualité, disponibles en quantité adéquate, ainsi que des conditions environnementales moins sévères pour exprimer une production supérieure. Une telle stratégie de production demande donc un peu plus de gestion et les risques associés sont plus grands si les besoins de base ne sont pas comblés. Le tableau suivant illustre bien ce raisonnement.

Tableau 2.

 


En conclusion, s’il y a un message à retenir de cette réflexion, ce n’est pas qu’un type de vaches est meilleur qu’un autre ou que le poids des vaches fait foi de tout. C’est plutôt que les vaches doivent être adaptées à leur environnement d’élevage pour donner le meilleur d’elles-mêmes. Conséquemment, le choix d’un enlignement génétique devrait être basé sur la situation de votre entreprise, vos objectifs de production, la science et, bien sûr, vos expériences personnelles.

À cet effet, puisqu’il s’agit d’un blogue, il serait intéressant d’obtenir votre opinion sur le sujet et sur votre idéal en matière de vaches efficaces.
 
Référence :
Le National Reseach Counsil ou NRC est une organisation qui rassemble des spécialistes dans le but de publier des ouvrages de référence, notamment sur l’alimentation des bovins de boucherie.
 
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Organisation : MAPAQ - Direction régionale Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Date de publication : 09 novembre 2016
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