Au cours de la dernière période, des précipitations importantes ont été observées par endroits, du sud du Québec jusqu'à la région de la Capitale-Nationale. Dans les champs où l'eau s'infiltre difficilement, on observe le dépérissement des plants. Les fortes pluies et la grêle ont également causé des dégâts physiques aux cultures qui peuvent être des portes d'entrée pour les agents pathogènes. Ces dommages associés aux orages récents ne doivent pas être confondus avec de l'oedème (intumescence) qui pourrait aussi être observé. L'oedème est un désordre physiologique qui survient lorsque les racines absorbent plus d'eau que ce que les feuilles peuvent transpirer, une situation souvent liée à un arrosage excessif ou à un sol mal drainé. Ce phénomène est également favorisé par certaines conditions ambiantes, telles qu’une humidité élevée, une faible luminosité et une mauvaise circulation de l’air. Les conditions actuelles sont favorables aux poussées de croissance qui peuvent induire des carences minérales, notamment en calcium (brûlure de la pointe). Des symptômes de carence en bore et molybdène sont également rapportés.
Le temps chaud et humide est propice au développement de plusieurs maladies. Du côté bactérien, la pourriture molle bactérienne et la nervation noire demeurent les principales préoccupations. L'accumulation d’eau sur les inflorescences ou à l’aisselle des feuilles, combinée à une forte humidité, favorise particulièrement la pourriture molle, contre laquelle aucune intervention phytosanitaire n’est possible. Cette bactérie peut aussi profiter du dépérissement racinaire en sol saturé pour s’installer.
Quant aux maladies fongiques, la pourriture sclérotique et les taches alternariennes sont à surveiller. Pour le moment, les taches alternariennes sont principalement observées sur les vieilles feuilles (sénescentes), mais les conditions sont favorables aux infections par A. brassicicola, qui cause des dommages sur les inflorescences de brocoli et de chou-fleur depuis plusieurs années. Enfin, du mildiou a été observé sur de vieilles feuilles de rutabaga, sans toutefois nécessiter d’intervention pour l’instant. Le temps chaud devrait freiner la progression de ce champignon.
Si vous avez des doutes sur les symptômes que vous observez, n'hésitez pas à communiquer avec l'équipe du RAP Crucifères ou les experts du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ. D'ailleurs, afin d'encourager le secteur de l'agriculture biologique et la relève agricole à faire appel à ses services, le LEDP offre gratuitement des analyses à ces clientèles.
INSECTES RAVAGEURS
La ponte de la deuxième génération de la mouche du chou se poursuit. Quant à la cécidomyie du chou-fleur, les niveaux d’infestation varient selon les régions, mais une hausse de l’activité des adultes est notée dans plusieurs sites. Les altises (des crucifères, des navets) sont également actives, tout comme les thrips, qui sont à surveiller dans les champs de chou pommé, particulièrement à l'approche des récoltes de foin et des céréales. Enfin, on observe une activité faible à modérée de la piéride du chou et de la fausse-teigne des crucifères. Les punaises et les pucerons sont également présents.
Pour toute information concernant les produits phytosanitaires homologués dans les crucifères, consultez les bulletins d'information N° 1 (herbicides) 2025, N° 2 (insecticides) 2024 et N° 3 (fongicides) 2024.
Avant d’utiliser un pesticide, il est important de lire attentivement l’étiquette du produit et de suivre les recommandations qui y sont indiquées. En tout temps, si l’information de ce communiqué diffère de celle de l'étiquette, cette dernière prime.
DESTRUCTION DES RÉSIDUS ET IMPLANTATION DE CULTURES DE COUVERTURE
Après la récolte de vos cultures ou l'abandon d'un champ, il est recommandé de déchiqueter et d’enfouir les résidus. Cette opération permet d'empêcher les ravageurs et les maladies de se développer et/ou de compléter leur cycle, ce qui constitue une stratégie efficace pour limiter leur impact sur les crucifères de la saison, mais également sur celles qui seront cultivées dans les années à venir. D'ailleurs, parmi les stratégies préventives de lutte contre la nervation noire, il est recommandé d'enfouir rapidement les résidus de culture pour accélérer leur décomposition.
Après la destruction des résidus de culture, il est aussi recommandé de couvrir les sols en semant des plantes de couverture (culture simple ou mélange de plusieurs espèces de plantes). En plus d'améliorer la santé et la conservation des sols, leur implantation (travail du sol) et leur développement contribuent à la valorisation des éléments fertilisants et à la bonne gestion des ennemis des cultures, notamment en faisant compétition aux mauvaises herbes et en nuisant au cycle de développement de certains ravageurs et de certaines maladies. Il faut toutefois attendre les bonnes conditions de sol et climatiques pour semer les cultures de couverture afin qu'elles germent rapidement et puissent croître de manière optimale.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Marilou Ratté, agr. et Isabel Lefebvre, M. Sc (CIEL), et Mélissa Gagnon, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du sous-réseau Crucifères ou le secrétariat du RAP. Édition : Laurianne Pichette, agr.-phytopathologiste, Lise Bélanger et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

