
Météo : températures estivales, mais instables et précipitations significatives. Développement de la culture : bonnes conditions de croissance, dommages localisés de grêle et d’excès soudain de chaleur. Insectes : doryphore plus actif dans le sud et le centre de la province, cicadelle de la pomme de terre avec une progression encore lente et graduelle, pression faible ou légère d’autres ravageurs. Maladies : aucun cas de mildiou, mais risques présents en plusieurs endroits, début ou faible progression d’autres pathogènes. Gestion des mauvaises herbes : fin générale des interventions en postlevée.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 27 juin au 3 juillet 2025, des températures plus fraîches en début de période ont été enregistrées par endroits, avec des maximums sous les 20 °C le 28 juin. Par la suite, le mercure a nettement progressé avec du temps chaud, dont du 30 °C dans le secteur sud de la province le 1er juillet (consultez le sommaire agrométéorologique). Des précipitations significatives ont à nouveau été enregistrées en cours de période, quoiqu’un peu moins dans des secteurs de l’est de la province. Des cumuls plus élevés ont eu lieu dans le centre (plus de 80 mm par endroits), souvent sous la forme d’averses orageuses de bonne intensité. Il est à mentionner une pluviométrie hétérogène à l’intérieur d’une même région (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la nouvelle période qui débute (soit du 3 au 9 juillet), Environnement Canada prévoit du temps généralement chaud à peu près partout, avec même 30 °C et plus prévu dimanche dans le sud de la province. Des précipitations sont à nouveau annoncées, principalement pour dimanche et/ou lundi, plus significatives dans les régions du sud et du centre.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Le temps généralement chaud et humide, avec de fréquentes précipitations par endroits, a été favorable à la culture : la phase végétative est maintenant en plein essor en plusieurs endroits. Pour la primeur et la mi-saison, la biomasse foliaire s’accentue avec des entre-rangs qui vont en se fermant et des tubercules qui se remplissent bien, avec une famille rapportée comme plutôt bonne. Pour les autres champs visant des récoltes pour l’entreposage, cela progresse bien aussi, mais avec encore de la variabilité selon la date de semis, le type de sol et le cultivar. Des producteurs et des collaborateurs rapportent que la proportion de champs « moins beaux » est plus grande cette année à cause d'une levée incomplète ou variable. La récolte d’extra-primeurs pour des marchés spécialisés a débuté dans le sud et le centre de la province. Les fréquents orages des derniers jours ont conduit à des cas de grêle, comme dans Lanaudière et au Lac-Saint-Jean (voir photo), de l’érosion du sol par endroits et des accumulations en eau dans des parcelles. Certains désordres abiotiques ou physiologiques sont apparus en cours de période comme des brûlures de germes lors de la levée du dernier semis dont en Outaouais (voir photo) et de l’œdème (ou intumescence) sous le feuillage de plants dont en Montérégie. Les apports en eau (irrigation) dans des secteurs du sud sont maintenant en mode pause. Les chantiers pour le renchaussage se poursuivent dans plusieurs régions, mais le tout est grandement ralenti ou retardé par des sols encore trop humides. Le tableau 1 présente le développement de la culture de primeur dans différentes régions de la province. L’écart (ou le retard) sur la saison dernière s’est resserré par endroits.
Tableau 1 : État d'avancement de la culture de primeur pour des producteurs types, rapporté par les collaborateurs du RAP (en date du 3 juillet 2025)
Régions | Stade de la culture (primeur)1 |
|
2025 | 2024 | |
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | Pleine floraison Tubercules : 4-8 cm Début récolte |
Fin floraison Tubercules : ND |
Outaouais | Floraison Tubercules : 1,5-2,5 cm |
Floraison avancée Tubercules : 3-5 cm |
Lanaudière | Pleine floraison à fin floraison Tubercules : 4-7 cm |
Fin floraison à maturation Tubercules : 6-9 cm |
Centre-du-Québec et Mauricie | Pleine floraison Tubercules : 3-5 cm |
Floraison à postfloraison Tubercules : 4-8 cm |
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | Floraison à pleine floraison Tubercules : 3-5 cm |
Floraison Tubercules : 4-7 cm |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | Bouton floral2 Tubercules : 1-1,5 cm |
Bouton floral Tubercules : 1-3 cm |
GESTION DES RAVAGEURS
Le doryphore de la pomme de terre est maintenant plus actif dans les secteurs sud et centre de la province, alors que les éclosions se sont multipliées et que des interventions sont nécessaires. Des larves (de tous les stades) sont présentes dans plusieurs parcelles du sud, autant dans celles avec que sans insecticide appliqué au semis. Dans les régions plus centrales, une activité larvaire ne serait présente pour le moment que dans des parcelles en régie de traitement insecticide foliaire seulement. Ailleurs, les populations demeurent plutôt faibles, sauf plus à l’est en Gaspésie où de jeunes larves sont maintenant présentes dans des champs. On rapporte une bonne efficacité de produits de contrôle foliaire, lorsque bien utilisés. Les plants qui se développent bien, comme présentement, peuvent supporter plus de larves de doryphore, mais il faut qu’il y ait le moins de défoliation possible une fois que le stade bouton floral est atteint. On rappelle qu’il faut utiliser un produit de contrôle d’un groupe chimique différent de celui utilisé lors du semis, si c’est le cas. À nouveau cette année, à la faveur du temps plus humide, plus de doryphores adultes infectés par le champignon Beauveria ont été observés ces derniers jours (voir photo), principalement en régie biologique.
Contrairement au doryphore, l’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a peu progressé, ou moins rapidement, en cours de période. Les captures sur les pièges atteignent jusqu’à 25 individus/piège/semaine par endroits dans des parcelles du sud de la province, soit le seuil indicatif retenu pour une intervention. En 2024, c’était au-dessus de 100 à cette période-ci. Les décomptes sont moindres ailleurs (sous 10), mais en légère hausse par rapport à la période précédente. Des collaborateurs rapportent la présence d’adultes et de quelques nymphes dans des champs. Un début de symptômes foliaires associés à leur activité a été observé localement en bordure de champs dans le centre de la province, adjacente à une prairie en régie de coupe. Les nymphes causent plus de dommages à la culture que les adultes. Cela prend plusieurs jours avant de constater des symptômes d’activité d’où la nécessité de dépister également la présence de nymphes dès maintenant. Ces symptômes peuvent demeurer visibles plusieurs semaines par la suite. Pour les producteurs n’ayant pas encore installé les pièges jaunes englués, il est encore temps de le faire afin de vérifier l’activité de la CPT au niveau de la ferme, pour déterminer la nécessité ou non d’une intervention.
Finalement, plus de cicadelles de l’aster (CA) adultes sont capturées sur des pièges par endroits. L’impact de ces dernières en production commerciale de pomme de terre est très limité.
D’autres ravageurs ont été rapportés actifs par endroits, mais n’ont pas nécessité d’intervention, du moins pour le moment, sauf en production de semences pour les pucerons.
Contrairement au doryphore, l’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a peu progressé, ou moins rapidement, en cours de période. Les captures sur les pièges atteignent jusqu’à 25 individus/piège/semaine par endroits dans des parcelles du sud de la province, soit le seuil indicatif retenu pour une intervention. En 2024, c’était au-dessus de 100 à cette période-ci. Les décomptes sont moindres ailleurs (sous 10), mais en légère hausse par rapport à la période précédente. Des collaborateurs rapportent la présence d’adultes et de quelques nymphes dans des champs. Un début de symptômes foliaires associés à leur activité a été observé localement en bordure de champs dans le centre de la province, adjacente à une prairie en régie de coupe. Les nymphes causent plus de dommages à la culture que les adultes. Cela prend plusieurs jours avant de constater des symptômes d’activité d’où la nécessité de dépister également la présence de nymphes dès maintenant. Ces symptômes peuvent demeurer visibles plusieurs semaines par la suite. Pour les producteurs n’ayant pas encore installé les pièges jaunes englués, il est encore temps de le faire afin de vérifier l’activité de la CPT au niveau de la ferme, pour déterminer la nécessité ou non d’une intervention.
Finalement, plus de cicadelles de l’aster (CA) adultes sont capturées sur des pièges par endroits. L’impact de ces dernières en production commerciale de pomme de terre est très limité.
D’autres ravageurs ont été rapportés actifs par endroits, mais n’ont pas nécessité d’intervention, du moins pour le moment, sauf en production de semences pour les pucerons.
- Punaise terne : présence d’adultes et/ou de nymphes à la hausse dans des parcelles de quelques régions du centre et du sud, avec des dommages de nutrition dans le haut de têtes de plants, le tout à un niveau jugé négligeable ou acceptable.
- Punaise brune (pentatomidé) : présence localement et pouvant causer des dommages similaires à ceux de la punaise terne.
- Altises, méloé cendré : présence également localisée avec de faibles dommages foliaires (voir photo).
- Pucerons : décomptes demeurant bas à modérés, et variables selon la parcelle, pour une moyenne rapportée de 25 individus/piège bol/semaine en zones semencières. Aussi, un tout début d’activité d’individus aptères est mentionné localement ailleurs en province, en parcelles sans insecticide au semis.
Aucun symptôme de mildiou de la pomme de terre n’a été observé ou rapporté au Québec depuis le début de la saison. Toutefois, la météo des derniers jours a créé des conditions favorables à la maladie, et ce, dans plusieurs régions, entre autres lors de passages d’orages. Il demeure donc important de maintenir une protection complète de la culture en utilisant un ou des produits en conséquence, selon la vigueur des plants (ex. : présence de nouvelles pousses végétatives), les prévisions météo à venir, les précipitations qui ont pu délaver un produit, la situation géographique de la parcelle, etc. Comme mentionné la semaine dernière, il ne faudrait pas hésiter à utiliser un produit plus pénétrant si cela le justifie, particulièrement dans les secteurs où du mildiou a été identifié en 2023 et/ou 2024. Des cas de mildiou ont déjà été rapportés au début juillet au Québec, il y a plusieurs années.
Concernant le suivi par capteurs de spores pour le mildiou, il n’y a pas de nouveau cette semaine du côté de l’Ontario, du Maine et du Québec (Airspore). Cependant, des captures ont été rapportées récemment dans la province du Manitoba. Aucune infection de mildiou n'a été confirmée à la suite de la détection de spores la semaine dernière. Il sera intéressant de suivre le tout si des cas se déclarent en champ. Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n’a été répertorié en Amérique du Nord en cours de période.
Le dépistage au champ devrait débuter pour les plants plus avancés. La détection hâtive d’un possible inoculum primaire de la maladie est importante. Même en période sans précipitations, il faut porter attention lors de la pratique de l’irrigation afin de permettre un séchage rapide du feuillage, surtout avant la nuit et vérifier si des fuites d’eau ne sont pas présentes au niveau des pivots ou des rampes (ex. : base des asperseurs, raccords).
Pour en savoir plus sur le mildiou, consultez la fiche Le mildiou, une maladie à surveiller.
Si vous observez des taches suspectes, il ne faut pas hésiter à contacter votre conseiller ou le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ, au besoin, afin de bien identifier la présence du mildiou, car d’autres symptômes peuvent y ressembler.
Concernant d’autres maladies d’intérêt, voici des observations qui ont été rapportées :
- Tache alternarienne (brûlure hâtive) : peu de nouveaux cas identifiés et toujours avec une faible incidence, dans des secteurs du sud et du centre de la province. Les infections demeurent sur l’étage inférieur des plants et pour des cultivars de primeurs, plus à risque présentement. Il faut bien identifier la maladie, car d’autres taches diverses peuvent y ressembler.
- Rhizoctone brun : quelques nouveaux cas signalés en cours de période (surtout dans le centre de la province), en parcelles avec des sols qui sont demeurés très humides sur une longue période.
- Jambe noire : quelques nouveaux cas mentionnés principalement dans le sud, mais aussi par endroits dans le centre de la province, encore avec une faible incidence (exemple de cultivars touchés : 'Colomba', 'Vivaldi', 'Russet Burbank').
- Dartrose : aucun symptôme signalé.
- Plants virosés : les cas rapportés sont maintenant plus visibles à cette période-ci, avec le PVY et/ou le PVX identifiés (exemple de cultivars touchés : 'Goldrush', 'Chieftain', 'Norland'; voir photo).
- Gale commune : un début d’activité remarqué sur quelques tubercules de cultivars de primeurs (ex. : 'Andover'), mais à faible incidence.
GESTION DES MAUVAISES HERBES
La majorité des interventions de postlevée de la culture sont maintenant terminées dans le sud et le centre de la province, mais se poursuivent localement ailleurs. On rapporte un peu comme chaque année de la phytotoxicité au produit PRISM. Cela peut parfois ressembler à des symptômes d'activité virale.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
