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Grandes cultures, Avertissement No 18, 27 août 2021

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Grandes cultures
Cas de SYNDROME DE LA MORT SUBITE dans le soya en Outaouais. VER-GRIS OCCIDENTAL DES HARICOTS : moment idéal pour dépister les larves matures. Présence d'une CHENILLE peu connue dans le soya. CHRYSOMÈLE DU HARICOT : état de la situation. Considérations pour l’application d’HERBICIDES en PRÉRÉCOLTE du soya. 
 


 
SYNDROME DE LA MORT SUBITE DANS LE SOYA : CAS EN OUTAOUAIS
Isabelle Fréchette, agr. et Mathieu Neau, biologiste (CÉROM)
   
La maladie du syndrome de la mort subite (SMS) a été détectée dans un troisième champ cette année, localisé, cette fois-ci, en Outaouais. Les deux autres champs recensés en 2021 sont en Montérégie. C’est en 2020 qu’un premier cas de SMS a été officiellement identifié, dans un champ au Centre-du-Québec. La prévalence de la maladie semble augmenter, laissant supposer que d’autres régions peuvent être affectées par le SMS.

Les pertes de rendement peuvent s’élever à 30 % si l’infection est sévère. La maladie peut être associée à la présence du nématode à kyste du soya (NKS). Si des symptômes sont observés, il est recommandé de faire analyser les plants pour identifier la maladie. Si jamais la présence du SMS est confirmée, il serait pertinent de prendre un échantillon de sol pour l’analyse du nématode à kyste.

Pour en connaître davantage sur les symptômes de la maladie, le dépistage et les stratégies de lutte, consultez l’avertissement No 15 du 6 août 2021.
 
VER-GRIS OCCIDENTAL DES HARICOTS : MOMENT IDÉAL POUR DÉPISTER LES LARVES MATURES
Isabelle Fréchette, agr., Mathieu Neau, biologiste et Julien Saguez, entomologiste (CÉROM)
   
Trois champs de maïs dans la MRC de Pierre-De Saurel (Montérégie-Est), infestés par les larves de ver-gris occidental des haricots, ont été rapportés au réseau le 26 août. Un de ces champs est très affecté (environ 90 % des épis endommagés). Ces champs, sur sol sableux, étaient en maïs l’année dernière.

Actuellement, il est trop tard pour intervenir avec un insecticide puisque les larves sont protégées par les feuilles des épis.

Un dépistage dans les champs à risque est cependant utile pour plusieurs raisons :
 
  • Effectuer une rétroaction quant à la stratégie adoptée au moment de la ponte (traitement ou absence de traitement)
  • Déterminer quelle méthode de lutte pourrait être envisagée l’an prochain si les larves sont abondantes.
  • Prioriser la récolte des champs touchés : la présence de larves au niveau des épis pourrait augmenter les risques de développement de moisissures.
  • S’assurer d’établir un bon diagnostic :  les dommages causés par les larves de VGOH peuvent être confondus avec ceux d’autres larves, d’où l’intérêt de réaliser le dépistage avant que les larves ne s’enfouissent dans le sol pour passer l’hiver.

Les larves de VGOH ont des taches en forme de losanges sur le dos, et une des caractéristiques propres au VGOH est la présence de deux bandes foncées en arrière de la tête (photo 1A). Chez la légionnaire d’automne, on peut observer une forme de « Y » inversé sur la tête (photo 1B). Quant au ver de l’épi, il n’y a pas de bandes foncées en arrière de la tête, mais l’espèce est reconnaissable grâce aux petits poils sur le dos (photo 1C). En terminant, la tête de la pyrale du maïs semble dotée d’une carapace dure de couleur variant du brun rougeâtre au noir et les larves de cette espèce peuvent également se retrouver dans la tige des plants (photo 1D). En cas de doute, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ peut procéder à l’identification.

Afin d’observer suffisamment de plants, le dépistage des larves de VGOH peut se faire à 10 endroits bien répartis dans le champ sur 10 épis consécutifs par rang. Il est nécessaire de dégager les feuilles entourant les épis afin de bien voir les larves. Les larves se trouvent généralement à l’apex des épis, cachées dans les soies ou en train de s’alimenter des grains. Leur présence peut être repérée grâce aux excréments ou de trous percés au niveau des feuilles entourant les épis.
 
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Photo 1. A. Ver-gris occidental des haricots. B. Légionnaire d’automne. C. Ver de l’épi. D. Pyrale du maïs.

Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (MAPAQ)


Pour plus d’information, consultez la fiche technique Ver-gris occidental des haricot dans le maïs (grain et ensilage)

 
PRÉSENCE D’UNE CHENILLE PEU CONNUE DANS LE SOYA
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les ravageurs du soya
   
La présence de chenilles appartenant à l’espèce Macrosaccus morrisella a été signalée dans quelques champs de soya en Capitale-Nationale, en Chaudière-Appalaches, dans Lanaudière et en Mauricie. Ces chenilles mesurent environ 5 mm au dernier stade larvaire et ont le corps vert pâle à blanc (Figure 1). Elles se nourrissent des cellules végétales sur la face inférieure des feuilles, ce qui induit un décollement de l’épiderme se manifestant sous forme de poches blanchâtres de tailles variables (Figure 2). Plusieurs galeries peuvent être observées sur une même feuille. À maturité, les chenilles se transforment en chrysalides dans ces galeries et des papillons de 6 à 7 mm émergent après quelques jours.
 
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Photo 2. Stades phénologiques de Macrosaccus morrisella : larve (A), chrysalides vides (B) et papillon (C)

J. Moisan-De Serres (MAPAQ)
 

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Photo 3. Dommages de Macrosaccus morrisella sur la face supérieure (A) et inférieure (B) d’une feuille de soya

B. Gélinas (MAPAQ)

 
L’insecte semble affecter la photosynthèse des feuilles, car une dépigmentation est observée au niveau des galeries, mais probablement pas au point d’affecter le rendement. Aucun insecticide n’est homologué contre cet insecte. Merci de partager vos observations auprès de votre responsable régional du RAP afin de documenter l’impact de cet insecte sur la culture.
 
 
CHRYSOMÈLE DU HARICOT : ÉTAT DE LA SITUATION
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les ravageurs du soya
   
Le RAP suit la chrysomèle du haricot dans 12 sites répartis en Lanaudière (2) et en Montérégie (10). Les chrysomèles sont encore actives et doivent faire l’objet d’un suivi dans les zones touchées par ce ravageur. Les résultats des dépistages de cette semaine montrent qu’un champ en Montérégie-Ouest (Saint-Jacques-le-Mineur) atteignait 12 % de gousses endommagées, dépassant ainsi un des seuils d’intervention à considérer pour ce ravageur (10 %).

Pour en connaître davantage sur la méthode de dépistage de la chrysomèle du haricot et les seuils économiques d’intervention, consulter l’avertissement Nº 14 du 30 juillet 2021. Il est important, lors du décompte des gousses endommagées, de distinguer les gousses coupées par la chrysomèle de celles ayant « avorté » (une des caractéristiques du soya), d’autant plus que la sécheresse accentue ce phénomène. Ainsi, les gousses au sol ne présentant aucun dommage ne doivent pas être comptabilisées dans les gousses endommagées par la chrysomèle du haricot.
 
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Photo 4. Chrysomèle du haricot et ses dommages

S. Boquel (CÉROM)

 
CONSIDÉRATIONS POUR L’APPLICATION D’HERBICIDES EN PRÉRÉCOLTE DU SOYA
Yvan Faucher, agr. (MAPAQ), Brigitte Duval, agr. (MAPAQ), Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM) et Mathieu Neau, biologiste (CÉROM)
   
Plusieurs champs de soya ont actuellement des populations élevées de mauvaises herbes, pouvant nuire à l’opération de récolte et à la qualité du grain. Dans plusieurs cas, le manque de précipitations en début de saison a limité l’efficacité des herbicides résiduels et diverses mauvaises herbes à émergence plus tardive ont pu se développer après les traitements.

L’utilisation d’herbicides en prérécolte du soya peut s’avérer une solution intéressante pour contrôler certaines mauvaises herbes vivaces (ex. : laiteron des champs, chardon des champs) et bisannuelles (ex. : armoise bisannuelle). Un traitement peut aussi dessécher les mauvaises herbes annuelles (ex. : sétaire géante, chénopode blanc) et la culture par le fait même, si elle n’est pas tolérante à l’herbicide appliqué. L’application d’un produit homologué en prérécolte facilite donc le battage du soya et permet de ne pas tacher les grains.

Il est important de noter qu’un herbicide appliqué en prérécolte n’avance pas la maturation des grains et ne sèche pas les grains plus rapidement. Il provoque seulement la mort et le dessèchement des tissus verts. Un tel traitement n’assèchera pas des grains de soya qui seraient encore verts. Donc, l’utilisation d’un herbicide de prérécolte dans le soya en l’absence de mauvaises herbes problématiques n’est généralement pas justifiée.

Avant d’appliquer un herbicide dans du soya destiné à l’alimentation humaine, il est important de vérifier auprès de l’acheteur si de telles applications sont permises. Notons également que le glyphosate n’est pas homologué en prérécolte sur le soya de semence. Les directives indiquées sur les étiquettes des produits doivent être respectées.

Choix de l’herbicide
Le glyphosate, un herbicide systémique, est à privilégier pour les mauvaises herbes vivaces. À cette période de l’année, l’efficacité du produit augmente, car la translocation du produit vers les racines est accentuée. Pour assurer l’efficacité du traitement, les mauvaises herbes doivent être en croissance active. Les étiquettes des produits à base de glyphosate mentionnent un délai minimum de 7 jours avant la récolte. Toutefois, afin d’obtenir un dessèchement suffisant, il faut souvent prévoir 10 à 14 jours et parfois plus selon les conditions météorologiques, la grosseur des mauvaises herbes et les espèces présentes.

Les autres herbicides homologués en prérécolte du soya, tels que le carfentrazone-éthyle (ex. : AIM EC), le saflufénacil (ex. : ERAGON LQ) et le diquat (ex. : REGLONE ION), ont une action plus rapide sur les mauvaises herbes. Ces produits n’affectent que les parties vertes directement atteintes par le produit, à l’exception du saflufénacil, qui peut se diffuser dans une certaine mesure vers le haut des plants. Ces herbicides peuvent être utilisés lorsque ce sont principalement des mauvaises herbes annuelles qui sont présentes, ou lorsque la récolte est proche et qu’un dessèchement rapide des mauvaises herbes est souhaité. Les délais avant la récolte varient de 0 à 7 jours, selon le produit. Cependant, pour obtenir l’efficacité souhaitée, il est important de vérifier l’état des mauvaises herbes et bien entendu l’humidité de la culture pour cibler le bon moment de récolte.

D’autres aspects doivent être considérés dans le choix des herbicides de prérécolte, tels que les indices de risques pour la santé et l’environnement (www.sagepesticides.qc.ca) et les coûts. De plus, il est important d’effectuer une rotation des groupes d’herbicides afin de diminuer les risques de développement de résistance des mauvaises herbes. Par exemple, certains herbicides de prérécolte font partie du groupe 14, un groupe d’herbicides qui peut aussi être utilisé dans le soya en début de saison.

Moment d’application
Il est très important que la maturité physiologique du soya soit atteinte avant de pulvériser un herbicide en prérécolte. Un plant de soya atteint sa maturité physiologique lorsque les grains remplissent les gousses et qu’il n’y a plus de translocation de nutriments de la plante vers les grains (entre les stades R7 et R8). Il n’est pas toujours évident de cerner la maturité physiologique pour une culture indéterminée comme le soya. Une bonne méthode consiste à vérifier, dans le tiers supérieur des plants, si les grains sont jaunes et détachés de la membrane de la gousse. Si des zones du champ moins matures sont présentes, le traitement devra être retardé jusqu’à ce que ces zones aient atteint la maturité physiologique adéquate. La présence de grains non matures lors du traitement comporte un risque de perdre des rendements et de se retrouver avec des résidus de produit dans le grain.

De plus, il est important de consulter les étiquettes concernant les stades plus précis du soya à respecter pour l’application. Par exemple, l’étiquette du Roundup Weathermax (glyphosate) indique que la teneur en eau du grain doit être de 30 % ou moins, que les tiges doivent être de vertes à brunes et que 80 à 90 % des feuilles doivent être tombées.

Une autre solution qui permet le dessèchement des mauvaises herbes avant la récolte consiste à attendre les premières gelées d’automne. Cependant, cela implique une récolte plus tard en saison, dans des conditions météorologiques qui pourraient s’avérer défavorables au séchage des grains au champ. De plus, si des mauvaises herbes vivaces sont présentes, il faudra prévoir un moyen de lutte efficace en prévision de la prochaine saison.
 
 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.
 

 
Cet avertissement a été révisé par Pierre-Antoine Thériault, agr., M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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Organisation : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ)
Auteur(s) : RAP - Réseau Grandes cultures
Date de publication : 27 août 2021
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