
Cultures inondées : doit-on s'en inquiéter? Verse dans les champs de céréales : à quoi s'attendre? Dommages localisés de grêle : effets sur le maïs et le soya. Dépistage et désherbage de mauvaises herbes en prérécolte et postrécolte des céréales d'automne. Nettoyage des batteuses : un véritable outil de lutte contre les mauvaises herbes. Pourriture à sclérotes du soya : risques d'apothécies variables selon la région. Plusieurs cas de mauvaises herbes résistantes au glyphosate rapportés. Nématode à kyste du soya : juillet et août, période idéale pour observer des symptômes au champ. Dommages de criquets au Bas-Saint-Laurent. Cécidomyie du chou-fleur : les stades sensibles du canola sont dépassés pour la plupart des champs. Puceron du soya : populations faibles, pas d'inquiétude! Scarabée du rosier : pas un insecte menaçant. Noctuelle du soya : un nouvel insecte à savoir reconnaître.
Les dernières semaines ont été marquées par des précipitations importantes et de forts vents dans certains secteurs. Certains champs ont même été inondés partiellement comme lors de crues printanières. L’inondation des champs peut provoquer des dommages aux cultures puisqu’elle cause un stress en privant leurs racines d’oxygène et en augmentant le risque de maladies et de pertes d’azote. La sévérité des dommages dépend de la culture, de son stade de croissance, de la durée de l’inondation et des conditions météorologiques suivant l’inondation. Voici quelques conseils pour s’assurer de la qualité des cultures :
- Attendre deux à trois semaines après l’inondation pour voir les signes de reprise de la culture;
- Dépister régulièrement pour les maladies fongiques, les pourritures racinaires et autres désordres physiologiques;
- Pour les céréales ou le foin, avant la récolte : vérifier la germination, la croissance fongique ou les mycotoxines.
Les cultures ont des degrés de tolérance variables aux conditions d’anoxie (manque d’oxygène). Le soya tolère mieux ces conditions, suivi du maïs, des céréales, et finalement, des haricots secs, ces derniers étant très sensibles à ces conditions.
Réponse du maïs aux inondations
Avant le stade V6 (environ 8 feuilles recourbées), le point de croissance du maïs se situe à la surface du sol ou juste en dessous. À ce stade, les plants tolèrent mal l’excès d’eau et peuvent mourir après seulement deux à quatre jours dans un sol complètement saturé. Après le stade V6, les plants deviennent plus tolérants à la submersion et peuvent survivre à des inondations durant plus de huit jours. Toutefois, cette tolérance accrue s’accompagne d’un ralentissement de la croissance racinaire et d’une sensibilité accrue à certaines maladies. Lorsque les plants sont aux stades végétatifs avancés, les inondations ont généralement peu d’effet sur le rendement. En revanche, si elles surviennent à des stades critiques comme la floraison (VT et R1), les pertes de rendement peuvent être importantes.
Pour la presque totalité des régions, le stade de la fermeture des rangs est atteint dans plusieurs champs. Toutefois, la pollinisation n’est pas débutée. Le maïs se situe à des stades végétatifs, le rendant moins sujet à des pertes de rendement importantes. Les maladies seront en revanche à surveiller dans certaines situations.
Réponse du soya aux inondations
Chez le soya, les sols saturés d’eau limitent l’oxygène disponible, réduisent la fixation d’azote et la colonisation mycorhizienne des racines et peuvent favoriser des maladies racinaires. Le soya peut facilement survivre pendant 48 heures dans ces conditions. Cependant, quatre ou cinq jours de sols saturés en eau peuvent retarder la croissance.
Le soya est plus sensible aux conditions liées aux inondations lorsque celles-ci surviennent aux stades reproductifs comparativement aux stades végétatifs. Certaines recherches indiquent que les inondations qui surviennent durant les stades reproductifs du soya réduisent les rendements principalement en raison de la réduction du taux de croissance pendant cette période. Cela se traduit, entre autres, par une réduction du nombre et de la grosseur des grains ou du nombre de tiges.
Les pertes de rendement seront plus importantes si l’inondation survient aux stades R3 à R5 comparativement au stade R1. En ce moment, en fonction des régions, le stade du soya varie de végétatif à R2.
Auteurs 2023 : Y. Faucher1, S. Mathieu1, B. Duval1, H. Brassard1 et T. Copley2
Mise à jour 2025 : B. Duval1, M. St-Laurent1, V. Samson1 et J. Saguez2
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheur (CÉROM)
Céréales
Les pluies abondantes et les forts vents ont causé de la verse dans plusieurs champs de céréales. La verse peut causer une baisse de rendement selon le stade de croissance de la plante lorsqu'elle se produit.
Avant la floraison, les tiges versées devraient se redresser. Cependant, une verse importante au début du stade remplissage des grains (stades Z70 et plus) peut compromettre le rendement et affecter la qualité du grain. Une étude a démontré qu’une verse ayant eu lieu dans les 20 premiers jours suivant la floraison diminue le rendement en grain de 7 à 35 %. Cette perte de rendement dépend de la sévérité de la verse; un plant complètement versé à 90 degrés sera donc plus affecté qu’un plant versé à 45 degrés.
À l’intérieur de la canopée, la végétation couchée demeure plus humide et contribue à la perte de qualité du grain. Les risques de germination des grains sur l’épi et de développement de moisissures augmentent. Dans le cas de la fusariose de l’épi, que les conditions aient été favorables ou non à l’infection lors de la floraison, des champignons pourraient se développer, contribuant ainsi à augmenter les teneurs en mycotoxines dans les grains. Une application de fongicide à ce stade serait probablement inutile puisque le produit ne parviendrait pas à atteindre l’ensemble de la canopée ainsi que les épis. Les délais d’application avant la récolte, inscrits à l’étiquette des produits, doivent également être pris en compte.
Puisque le blé d’automne se retrouve à un stade plus avancé, la verse risque moins d'affecter le remplissage du grain. Cependant, elle pourrait occasionner des pertes lors du battage.
Lorsqu’un champ est versé, il est préférable de récolter le grain plus tôt, donc plus humide, et de bien le sécher pour ramener le taux d’humidité entre 13 et 14 %. Dans le cas du blé d’alimentation humaine, le grain doit être séché à faible température pour ne pas altérer la qualité de la protéine du grain, un des éléments importants pouvant affecter les propriétés du pain lors de sa fabrication.
Les plants rabattus au sol, avec des épis immatures, exigeront que les couteaux de la batteuse soient positionnés plus près du sol, ce qui diminuera la vitesse de battage. Les probabilités d’avoir des épis non battus sont accrues. L’andainage peut permettre de diminuer le niveau de perte lors de la récolte.
La verse dans le foin
Certains producteurs de foin sont aussi confrontés à la problématique de pluie torrentielle, causant la verse et l’accumulation d’eau sur leurs terres, ce qui nuit à la qualité de la récolte. Dans certains cas, les inondations emportent avec elles des éléments comme de la boue et des cailloux qui rendent la récolte impossible en foin pour les animaux. Dans ces cas précis, la récolte pourra servir uniquement comme litière. Il est important d’attendre que les sols soient ressuyés afin de ne pas produire de la compaction.
Auteurs 2023 : B. Duval1 et Y. Faucher1
Mise à jour 2025 : B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ)
Des épisodes de forte grêle ont eu lieu récemment dans certaines localités, notamment dans le Centre-du-Québec. Il est important d’attendre quelques jours, voire une semaine après l’épisode de grêle, avant d’évaluer l’état des plants, peu importe la culture atteinte. Certains tissus tomberont ou se dessécheront, ce qui permettra d’observer plus facilement les tissus sains restants et d’évaluer la reprise de la croissance.
Maïs
Le maïs étant actuellement aux stades végétatifs, il peut subir des dommages principalement aux feuilles, entraînant ainsi une réduction de la surface foliaire disponible pour la photosynthèse. Toutefois, l’ampleur des pertes de rendement n’est pas directement proportionnelle à la défoliation. Chez le maïs, c’est surtout le stade de développement au moment de l’épisode de grêle qui détermine l’impact sur le rendement. Aux stades végétatifs, l’impact potentiel sur le rendement est très faible.
L’application de fongicides pour protéger la culture n’est pas justifiée après un épisode de grêle, car peu de maladies fongiques infectent le maïs à la suite d’une blessure. Une application de fongicide devrait être effectuée seulement si la présence de la maladie au champ et les facteurs de risque (ex. : historique, sensibilité de l’hybride, etc.) le justifient. Pour plus d’information, consultez la fiche technique Maladies, mycotoxines et fongicides appliqués au champ dans le maïs grain et le maïs ensilage : que savons-nous?.
Soya
Le soya a une grande capacité de compenser pour les pertes de feuillage. Les pertes de rendement dues à des dommages de grêle dépendront de la population restante de soya, de l’intensité des dommages et du stade du soya au moment de la grêle.
Plusieurs champs de soya sont actuellement aux premiers stades reproductifs. La recherche indique que des dommages de grêle à ce stade ne devraient pas en soi justifier une application de fongicide lorsque le risque d’infection par les maladies est faible. La décision d’appliquer ou non un fongicide ne devrait pas être basée sur les dommages de grêle, mais bien sur les facteurs qui augmentent les risques de maladie comme l’historique du champ, le climat et la sensibilité de la variété.
Pour plus d’information sur l’estimation des pertes de rendement causées par la grêle en fonction du stade du maïs et du soya, consulter l’avertissement N° 11 du 7 juillet 2023.
Auteurs 2023 : V. Samson1, S. Mathieu1, B. Duval1, J. Breault1 et M.-É. Cuerrier1
1. Agronome (MAPAQ)
La récolte des céréales d’automne est sur le point de débuter dans certaines régions. Les semaines qui suivront seront donc propices pour réprimer efficacement les mauvaises herbes annuelles hivernantes (bourse-à-pasteur, vergerette du Canada), bisannuelles (armoise bisannuelle, petite bardane) et vivaces (pissenlit, plantain).
Qu’on opte pour le travail du sol ou l’emploi d’herbicides, le suivi des champs et le dépistage des espèces présentes sont primordiaux. Leur identification et l’observation de leur système racinaire permettent, par exemple, d’ajuster la profondeur du travail de sol en fonction des mauvaises herbes à réprimer. La fiche Répression du laiteron des champs, du chardon des champs et du tussilage fournit de l’information à cet effet.
Les applications d’herbicides en postrécolte offrent souvent une meilleure efficacité pour le contrôle des mauvaises herbes, comparativement aux applications en prérécolte. En effet, les applications en prérécolte de la culture principale permettent la répression (contrôle partiel) de certaines mauvaises herbes annuelles, bisannuelles et vivaces, et non leur suppression. L’application d’un herbicide de type dessiccant en prérécolte (ex. : carfentrazone-éthyl) a pour objectif de détruire la partie aérienne des adventices, ce qui facilite la récolte, mais n’assure aucune suppression des mauvaises herbes vivaces.
À cette période de l’année ou plus tard à l’automne, comparativement au printemps, l’efficacité des herbicides en postrécolte est augmentée, puisque la surface foliaire des mauvaises herbes est plus importante et que la translocation des hydrates de carbone vers les racines leur permet d’atteindre ces parties de la plante. Les mauvaises herbes doivent cependant être en croissance active et ne pas avoir été affectées par un gel mortel (pour les interventions automnales), par le travail du sol ou par un autre stress. Si la répartition des mauvaises herbes est en foyers, les traitements localisés sont un moyen efficace de diminuer les quantités de pesticides utilisées.
Le contrôle d’automne des mauvaises herbes, comme le pissenlit, permettra d’éviter, dans plusieurs cas, l’étape du brûlage au printemps suivant. Vous pouvez consulter le tableau présentant les différentes options de désherbage en prérécolte dans la culture du blé d'automne, incluant certaines mises en garde en lien avec les marchés, l’effet résiduel de certains produits, l’homologation pour certains usages seulement, etc. La liste des produits de ce tableau n’est pas exhaustive et des mélanges sont aussi possibles. Consultez les étiquettes des fabricants en ce qui concerne les cultures, les doses, les modes d’application et les renseignements supplémentaires afin d’éviter, entre autres, un dépassement de la limite maximale de résidus (LMR) autorisée dans le grain. Notez par ailleurs que le glyphosate n’est pas homologué comme traitement d’aide à la récolte (défanant) et qu’aucun des herbicides mentionnés dans le tableau n’est homologué en traitement de prérécolte dans la culture du seigle.
La paille traitée au glyphosate ne doit pas servir au paillage des champs, par exemple de fraises, car cela endommage les fraisiers et ralentit leur croissance.
Le respect du stade de la culture au moment d’un traitement en prérécolte, s’il y a lieu, est important et les étiquettes des herbicides doivent être consultées à cet effet. Un bon indicateur de la maturité des grains de céréale est lorsque le pédoncule, c’est-à-dire l’entre-nœud supérieur de la tige qui supporte l’épi, passe du vert au jaune.
Les cultures de couverture sont un moyen à privilégier pour couvrir les sols et faire compétition aux mauvaises herbes de fin de saison et de la saison suivante. Le Guide des cultures de couverture en grandes cultures contient des informations pratiques sur le choix des espèces, les avantages et inconvénients, les taux de semis, etc. Également, la page Facebook Cultures de couverture Québec est une source d’information et d’échanges très dynamique. Une application mobile a aussi été développée par AGRINOVA (projet financé par le MAPAQ) : vous pouvez la télécharger sur Google Play ou l’App Store en recherchant le nom Cultivert.
Pour plus d’information sur les stratégies en matière de mauvaises herbes en fin de saison, consultez la fiche technique Le dépistage des mauvaises herbes et le désherbage de fin de saison.
S. Flores-Mejia1, S. Mathieu2 et V. Samson2
1. Chercheuse (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
D’ailleurs, dans le cadre d'un projet mené au Québec visant à nettoyer une batteuse usagée, ces espèces étaient parmi les 10 espèces les plus retrouvées. Un total de 34 kg de déchets a été collecté à la suite d'un nettoyage, incluant 4 175 graines viables de mauvaises herbes, dont une semence de chénopode blanc résistant aux herbicides du groupe 5. Les résultats complets du projet sont présentés dans Le nettoyage d'une batteuse, c'est important!
Considérant que la dispersion des graines des mauvaises herbes et la création des nouveaux foyers peuvent avoir des conséquences significatives pour les producteurs, spécialement si les espèces ont de la résistance aux herbicides, il est conseillé d’adopter certaines pratiques préventives comme :
- Éliminer les mauvaises herbes ayant produit des graines matures avant la récolte;
- Commencer à récolter dans les champs les plus propres;
- Nettoyer complètement la batteuse lors de l'achat d'une batteuse usagée et entre chaque saison de culture;
- Nettoyer la batteuse avant toute utilisation dans des champs appartenant à différents producteurs.
Si le temps manque, effectuer au minimum un nettoyage rapide de la batteuse avant de quitter un champ contaminé.
Pour plus d'information, consulter les fiches Nettoyage de la moissonneuse-batteuse-Biosécurité dans les grains et Nettoyage rapide d'une moissonneuse-batteuse entre les champs et biosécurité en 3 points.
POURRITURE À SCLÉROTES DU SOYA : RISQUES D’APOTHÉCIES VARIABLES SELON LA RÉGION
T. Copley1, B. Duval2 et V. Samson2
1. Chercheuse (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
Des apothécies de la pourriture à sclérotes du soya ont été observées (MRC de Mirabel) le 8 juillet. Les modèles prévisionnels indiquent également des risques élevés d’apothécies dans les MRC suivantes : Antoine-Labelle et de Matawinie (Laurentides), Lotbinière, les Appalaches et Montmagny (Chaudière-Appalaches), Portneuf, la Côte-de-Beaupré et la Jacques-Cartier (Capitale-Nationale), et l’Érable (Centre-du-Québec). Les prévisions de risques sont en date du 11 juillet 2025 et comprennent les prévisions météorologiques jusqu’au 17 juillet 2025.
Les spores infectent la culture à travers les fleurs et c’est aux stades de floraison (R1 à R3) qu’une première intervention peut être envisagée. Comment déterminer si vos champs sont à risque et si une application de fongicide est réellement justifiée? Plusieurs facteurs favorisent l’apparition et le développement de la maladie, notamment :
- Un historique de la maladie dans le champ;
- Un sol humide dans les 5 premiers centimètres;
- Le stade de développement du soya (les spores infectent le soya à travers des fleurs flétrissantes, soit les stades R1 à R3). Si les fleurs ne sont pas présentes, le champ n’est pas à risque;
- Le niveau de résistance du cultivar;
- Des rangs fermés à plus de 50 %, ce qui favorise un sol humide;
- Des températures fraîches (< 22 °C);
- La densité ou population des plantes au champ (une densité élevée favorise un sol humide).
Rappelons que les sclérotes nécessitent un minimum de dix jours de sol humide pour produire des apothécies, et ce, dans les 5 premiers centimètres. Des températures élevées et des bons vents aident à sécher la surface du sol, surtout quand les rangs ne sont pas encore fermés. Il est donc important de suivre vos champs, en prenant soin de :
- Noter le stade de développement du soya;
- Vérifier si la canopée est fermée;
- Évaluer l’humidité du sol.
Pour plus d’information, consulter la fiche technique La pourriture à sclérotes chez le soya.
A. Picard1, B. Duval1, V. Samson1 et S. Flores-Mejia2
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheuse (CEROM)
Chez la petite herbe à poux, la résistance au glyphosate peut être liée à une mutation spécifique (P106S), mais elle est le plus souvent causée par un mécanisme plus complexe qui ne peut être détecté que par des tests classiques. Le test moléculaire du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ permet seulement de détecter la mutation. Ainsi, l’absence de la mutation dans un échantillon ne signifie pas nécessairement que la mauvaise herbe n’est pas résistante. Des tests plus poussés, réalisés à partir de graines matures de la mauvaise herbe, sont nécessaires pour confirmer ou infirmer la résistance.
À cette période de l’année, les mauvaises herbes dépassent la canopée du soya, ce qui facilite leur dépistage. Leur identification et le diagnostic des résistances sont primordiaux afin de planifier une stratégie de lutte adéquate pour les contrôler. Pour savoir comment établir un diagnostic de résistance des mauvaises herbes et en apprendre davantage sur les méthodes de diagnostic de résistance, consultez l’avertissement Dépistage des mauvaises herbes et détection de la résistance ainsi que votre trousse Résistance des mauvaises herbes pour 2025.
B. Duval1, V. Samson1 et Y. Faucher1
1. Agronome (MAPAQ)
Juillet et août sont les meilleurs mois pour observer les symptômes du nématode à kyste du soya (NKS), un ver microscopique qui peut réduire les rendements jusqu’à 30 %, même sans signes visibles. Le NKS est en progression au Québec : il est maintenant présent dans toutes les principales régions productrices et plusieurs zones périphériques.
Comment détecter des champs aux prises avec le NKS?
Le NKS est invisible à l’œil nu. Il endommage le système racinaire et utilise l’eau et les nutriments disponibles au détriment de la culture. Il est possible d’observer certains symptômes en juillet et en août. En cas d’infestation sévère, les symptômes suivants peuvent être observés :
- Rabougrissement et jaunissement des plants;
- Retard de croissance, fermeture incomplète de la canopée;
- Nodulation réduite;
- Sénescence hâtive.
Les symptômes se présentent en foyers, souvent à l’entrée du champ ou dans les zones stressées (sols compactés, baissières, etc.). Chercher des plaques jaunes irrégulières arrondies ou ovales et s’allongeant dans le sens du travail du sol. Pour confirmer la présence du NKS, déterrer doucement les plants pour observer les kystes (blancs à bruns, < 1 mm) sur les racines. Ne pas tirer sur les plants, les kystes peuvent se détacher. À noter que les kystes sont beaucoup plus petits que les nodules du soya. Pour appuyer l’hypothèse de la présence du NKS, une analyse en laboratoire peut être réalisée.
Champs à risque :
- Soya démontrant des symptômes ressemblant à ceux causés par le NKS;
- Soya cultivé en continu ou avec peu de rotation;
- Utilisation de cultivars non résistants ou utilisation répétée de cultivars avec la même source de résistance;
- Présence récurrente de certaines mauvaises herbes pouvant servir de plantes hôtes, telles que lamier pourpre, lamier amplexicaule, tabouret des champs, céraiste vulgaire, stellaire moyenne ou bourse à pasteur;
- Travaux à forfait fréquents;
- Champ situé dans une zone où la présence du NKS a été confirmée.
Ne pas confondre avec :
- Phytotoxicités causées par les herbicides;
- Carence en manganèse et en potassium;
- Pourriture phytophthoréenne.
Pour plus d’information sur le NKS, notamment sur la méthode d’échantillonnage, les stratégies d’intervention et les mesures de biosécurité à mettre en place, consulter la fiche Le nématode à kyste du soya.
DOMMAGES DE CRIQUETS RAPPORTÉS DANS LE BAS-SAINT-LAURENT
Auteurs 2024 : M-E. Cuerrier1, S. Boquel2, B. Duval1 et V. Samson1
Mise à jour 2025 : J, Saguez2, B. Duval1 et M. St-Laurent1
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheur (CÉROM)
Des dommages de criquets ont récemment été rapportés dans certains champs de céréales du Bas-Saint-Laurent. Le temps chaud et sec favorise leur développement et leur migration à partir des bordures de champs vers l’intérieur de ceux-ci. Il faudra surveiller les populations de criquets dans les prochaines semaines, surtout si les conditions météorologiques leur deviennent favorables. Les champs en sol sableux sont particulièrement à surveiller, puisqu'ils sont souvent les premiers affectés par les criquets, d’autant plus si ces champs sont adjacents à des prairies récemment fauchées. Une attention particulière devra aussi être portée aux champs avec un travail de sol réduit et fortement infestés par des graminées.
Les criquets, souvent appelés à tort « sauterelles », peuvent s’attaquer au feuillage du soya, du maïs, des céréales, ainsi qu’aux prairies et pâturages. Il est assez rare que les criquets causent des dommages suffisamment importants pour justifier une intervention phytosanitaire. Dans le cas où une intervention serait justifiée, cette dernière doit être effectuée lorsque les criquets sont encore au stade nymphal (absence d’ailes) et qu’ils s’alimentent activement du feuillage des cultures. Certaines précautions doivent également être prises afin de préserver les insectes bénéfiques. Pour plus d’information, consultez Les criquets en grandes cultures : biologie, dépistage et stratégie d’intervention ou encore la fiche sur la défoliation du soya par différents ravageurs.
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
Les stades de sensibilité du canola à la cécidomyie du chou-fleur (CCF) sont désormais dépassés pour la majorité des sites suivis par le RAP Grandes cultures puisque la floraison (stades BBCH 60 et plus) est atteinte ou en voie de l’être. Toutefois, la surveillance reste de mise pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean puisque les semis y ont été faits plus tardivement et le canola y est encore à des stades sensibles (BBCH 14 à 38). Il est également recommandé de surveiller les semis tardifs pour toutes les régions. Pour consulter le tableau des résultats des captures des adultes et des stades de croissance du canola en date du 10 juillet 2025, cliquez ici.
Le canola est le plus à risque du stade rosette (BBCH 30) au stade où les boutons floraux des inflorescences secondaires sont individuellement visibles, mais encore fermés (BBCH 58). Les champs qui n’ont pas dépassé ces stades nécessitent une attention particulière jusqu’à ce que ces stades sensibles soient dépassés.
La grande capacité de compensation du canola peut réduire l’impact de ce ravageur sur le rendement, même en présence d’une population abondante. D’ailleurs, au Québec, une légère diminution du rendement a été observée que lorsque des captures dépassaient 40 CCF/piège/jour.
Pour en savoir davantage sur la méthode de dépistage, l’identification de l’insecte, les dommages qu’il occasionne et les stratégies à adopter pour lutter contre ce ravageur, consultez l’avertissement N° 9 du 20 juin 2025, la fiche technique La cécidomyie du chou-fleur ou encore le Guide des ravageurs et des ennemis naturels du canola au Québec.
Photos : S. Boquel (CÉROM)
S. Boquel1, J. Saguez1, È. Cayer2, B. Duval2, J. Breault2, V. Samson2 et M. St-Laurent2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
Le dépistage du puceron du soya réalisé dans le cadre du RAP Grandes cultures a débuté cette semaine. Les pucerons étaient présents dans 75 % des 57 sites dépistés, avec une moyenne provinciale de 2,7 pucerons par plant. Le maximum observé est de 32 pucerons par plant à Saint-Michel en Montérégie-Ouest. Il n’y a donc aucune inquiétude à avoir pour le moment, puisque ces valeurs sont généralement bien en dessous du seuil d’alerte de 250 pucerons par plant. Selon la région, le stade physiologique du soya varie de V3 (3e feuille trifoliée déployée) à R1 (début de la floraison). Cliquez ici pour accéder à un guide sur les stades du soya.
Les ennemis naturels, comme des coccinelles (adultes et larves), sont aussi présents puisqu’ils ont été observés dans 54 % des champs dépistés cette semaine. Leur présence semble importante et leur arrivée hâtive est une bonne nouvelle puisqu’une seule coccinelle peut manger jusqu’à 270 pucerons par jour.
Pour identifier les insectes (ravageurs ou ennemis naturels) présentement actifs dans les champs de soya, consultez la brochure Lutte intégrée contre le puceron du soya.
Pour en savoir plus :
- Bulletin d’information Stratégie d’intervention recommandée au Québec contre le puceron du soya;
- Vidéo Le dépistage du puceron du soya en cinq points (4 minutes);
- Présentation Leçons du passé : comment se préparer aux possibles infestations du puceron du soya (Labrie et Breault, 2023).
J. Saguez1, C. Rieux2, B. Duval2, M. St-Laurent2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
Le scarabée du rosier est un insecte qui s’attaque à plusieurs cultures horticoles et fruitières, et peut causer d’importantes défoliations dans certains cas, notamment dans la vigne. C’est un petit coléoptère qui mesure environ 12 mm de long à l’état adulte et qui est de couleur brun clair, qui semble très poilu, avec une tête brun foncé et des longues pattes. Il ne possède qu’une génération par an.
Les adultes émergent du sol, se dispersent en volant et vivent 3 à 4 semaines. Les femelles pondent leurs d'œufs juste sous la surface du sol, surtout dans des zones avec des sols sableux et bien drainés où poussent des graminées. Les adultes se rassemblent sur les plantes pour s'accoupler et se nourrir.
Il n’est pas rare de l’observer aussi dans les grandes cultures, comme le maïs et le soya.
Photo : I. Dubé, agr. (PleineTerre)
Même si l’abondance d'adultes peut paraître impressionnante, cet insecte ne causera que très peu de dommages dans les grandes cultures, qui vont éventuellement compenser la défoliation causée par les adultes grâce à la croissance rapide de leurs nouvelles feuilles. Lorsque les adultes pondent dans les champs de grandes cultures, leurs larves (de petits vers blancs) ne se nourrissent sur les racines que tard dans l’été. Ceci n’a généralement pas d’impact économique dans le maïs ou le soya.
J. Saguez1, J. Breault2, V. Samson2 et M. St-Laurent2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
La noctuelle du soya, Chrysodeixis includens, est une espèce de papillon dont l’hôte de prédilection est le soya, mais qui peut aussi s’alimenter sur d’autres cultures (solanacées, brassicacées et fabacées). Cet insecte ne survit pas aux hivers québécois en conditions naturelles. Il a toutefois été observé dans des serres de tomates au cours des derniers mois, mais n’a pas encore été rapporté dans la culture du soya au Québec.
La chenille est de couleur vert clair à foncé et présente généralement des lignes blanches en position dorsale et latérale. En plus de ses 3 paires de pattes thoraciques, elle possède de 2 paires de fausses-pattes à l’extrémité de l’abdomen, ce qui lui permet de se déplace en formant une boucle (d’où son nom anglais Soybean looper).
Les femelles pondent leurs œufs sur la face inférieure des feuilles et sur le bas des plants. Les chenilles ont six stades larvaires, et se nourrissent généralement pendant 2 à 3 semaines avant de se transformer en chrysalide. Les larves sont des défoliatrices qui se nourrissent en commençant par le bas des plants, ce qui fait que les dommages sont souvent peu visibles, jusqu’à ce que les derniers stades larvaires s’attaquent au feuillage de la partie supérieure du plant.
Cet insecte ne cause généralement pas de dommages économiques et le seuil d’intervention est basé sur le pourcentage de défoliation du soya, selon le stade de croissance de la culture. Par ailleurs, cette espèce a développé de la résistance à plusieurs insecticides.
Il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour le moment avec cet insecte, mais si vous l’observez dans des champs de soya, notamment lors des dépistages du puceron, merci de prévenir votre responsable régional du MAPAQ et d’envoyer un courriel à rapcerom@cerom.qc.ca. Vous êtes également invités à collecter des spécimens pour les envoyer au LEDP du MAPAQ qui pourra effectuer une identification de l’espèce.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |








