
Sécheresse : symptômes, ressemblances avec maladies et observations à prévoir. Puceron du soya : dépistage recommandé pour les champs avec de fortes populations. Chrysomèles des racines du maïs : le dépistage en août, un geste clé. Planifier ses céréales d'automne. Pollinisation du maïs : insectes à observer.
SÉCHERESSE EN COURS : SYMPTÔMES, RESSEMBLANCES AVEC CERTAINES MALADIES ET OBSERVATIONS À PRÉVOIR
M. St-Laurent1, B. Duval1, V. Samson1 et J. Breault1
1. Agronome (MAPAQ)
Les conditions de chaleur et de sécheresse qui sévissent depuis quelques semaines dans plusieurs régions ont des conséquences importantes sur diverses grandes cultures. Les symptômes liés à la sécheresse peuvent être confondus avec ceux de certaines maladies et, dans certains cas, accroître la sensibilité des plantes à celles-ci. Les facteurs aggravants comprennent les sols à texture grossière, les semis tardifs, un enracinement superficiel ainsi que la présence de maladies racinaires. Très récemment, des précipitations ont été reçues dans certaines zones, ce qui pourrait améliorer la situation, mais les effets réels seront à suivre dans les prochaines semaines.
Céréales
La sécheresse peut avoir des impacts significatifs sur les cultures céréalières, selon leur stade, affectant à la fois leur croissance et leur rendement. Un manque d'eau prolongé peut réduire la photosynthèse, altérer la croissance du couvert végétal et même limiter l'absorption des éléments nutritifs essentiels comme l'azote. Les périodes de stress hydrique peuvent se traduire par une réduction du nombre d'épis, une diminution du poids des grains, et une baisse de la biomasse globale de la plante.
Soya
Des plants de soya souffrant de sécheresse peuvent être observés dans certaines régions cette année. Les zones sableuses ou plus compactées des champs sont normalement les plus atteintes. Les plants affectés sont plus courts, ont le feuillage flétri et peuvent aussi présenter des taches foliaires (avant la chute des feuilles) lorsque la sécheresse est sévère. Les taches foliaires de nature non parasitaire n’ont généralement pas de halo autour d'elles.
À noter que des taches foliaires résultant d’infections par des agents pathogènes secondaires peuvent s’attaquer à des feuilles de soya affaiblies par la sécheresse.
Photos : M. Coulombe-Potvin, agr. (Groupe Conseils Agro Bois-Francs), 13 août 2025
Maïs
Pendant la période de remplissage des grains de maïs, des stress importants, comme la chaleur extrême et la sécheresse, peuvent compromettre la santé des tiges de maïs. Ces stress réduisent la photosynthèse et donc la production de glucides nécessaires au remplissage des grains. Les glucides emmagasinés dans la tige sont alors réacheminés vers les grains, aux dépens de la tige. Cela peut affaiblir la tige, la rendant sensible à la verse et aux pourritures des tiges.
Au cours des prochaines semaines, les champs de maïs qui auront atteint les stades R5 (grains dentés) ou R6 (maturité physiologique ou point noir) devraient être suivis pour déceler d’éventuels problèmes de santé des tiges. Surveillez les prochains avertissements du RAP pour plus de détails.
PUCERON DU SOYA : POURSUIVEZ LE DÉPISTAGE DES CHAMPS AVEC DE FORTES POPULATIONS DE PUCERONS QUI N'ONT PAS ENCORE ATTEINT LE STADE R5
Adapté de l'avertissement N° 19 du 2 août 2024 par J. Breault1, B. Duval1 et J. Saguez2
1. Agronome (MAPAQ) 2. Chercheur (CÉROM)
Cette semaine, la majorité des champs suivis par le RAP ont atteint le stade R5, les populations du puceron du soya ont augmenté dans 92 % des sites dépistés et le seuil d’alerte de 250 pucerons par plant a été atteint dans 50 % des champs. Les fortes pluies tombées le 13 août dans certains secteurs ont possiblement aidé à réduire la progression des populations du puceron. Le soya se développe bien dans les secteurs où les conditions météorologiques sont favorables et est donc moins vulnérable aux dommages causés par les pucerons. Les ennemis naturels sont encore présents et aident également au contrôle des pucerons. La pluie, l’humidité et la chaleur pourraient également favoriser le parasitisme des pucerons par les champignons entomopathogènes. Pour plus de détails sur l’évolution des populations depuis le début juillet, consultez le tableau des populations de pucerons par site en cliquant ici.
Si une augmentation d’au moins 35 % des populations de pucerons est observée lors d’un dépistage subséquent dans les 3 jours, un traitement insecticide foliaire peut être envisagé. La Stratégie d’intervention recommandée au Québec contre le puceron du soya mentionne également d’autres facteurs pouvant influencer l’effet du puceron du soya sur le rendement. L’outil SAgE pesticides permet d’identifier les produits homologués et appropriés à la situation. L’efficacité d’un insecticide peut être réduite en cas de températures élevées ou si les plants sont soumis à un stress hydrique.
Estimer la rentabilité des traitements insecticides
Les pertes de rendement de soya peuvent être estimées en utilisant le nombre de pucerons-jours-cumulatifs (PJC) selon la relation suivante :
Cette formule considère que les pertes de rendement dépendent des populations de pucerons, mais également de la durée d’exposition des plants de soya aux infestations (sous des conditions terrain considérant les facteurs biotiques et abiotiques, dont les ennemis naturels). Une perte de rendement de 6,88 % est estimée pour chaque 10 000 PJC pour du soya aux stades R1 à R5. Pour plus de détails sur la méthode de calcul du nombre de PJC, consultez l’avertissement N° 19 du 2 août 2024.
En plus de la perte de rendement estimée, les pertes dues à l’écrasement des plants de soya par le passage du pulvérisateur, considérant la largeur de la rampe et le stade du soya, ainsi que le rendement anticipé, le prix de vente du soya, le coût du traitement, etc. doivent aussi être considérés dans le calcul de rentabilité.
Pour connaître tous les détails, consultez les documents Dois-je traiter ou non contre le puceron du soya? Calculez vous-même votre seuil d’intervention! et La perte de rendement causée par le passage du pulvérisateur lors d’un traitement contre le puceron du soya.
J. Saguez1, V. Samson2, B. Duval2 et J. Breault2
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Le mois d’août est la période idéale pour le dépistage des chrysomèles des racines du maïs. Ce dépistage est important pour connaître l’état actuel des populations en prévision des semis l’an prochain. Il permet également de déceler d’éventuels cas de résistance lorsque les champs en maïs continu sont semés avec des hybrides exprimant des protéines insecticides contre les chrysomèles.
Les dépisteurs du RAP Grandes cultures ont installé, à la fin juillet, des pièges collants jaunes dans 30 champs de maïs sur précédent de maïs avec des facteurs de risques et répartis à travers la province. Un premier relevé de ces pièges a été effectué cette semaine. Des chrysomèles ont été capturées dans 25 champs (83 % des champs dépistés) et le seuil d’intervention (4 chrysomèles/piège/jour) a été dépassé dans 6 d’entre eux, situés à Pont-Rouge (Capitale-Nationale), Saint-Guillaume (Centre-du-Québec), Saint-Hyacinthe et Saint-Bernard-de-Michaudville (Montérégie-Est), ainsi qu’à Coteau-du-Lac et Sainte-Barbe (Montérégie-Ouest).
Les pièges peuvent capturer des chrysomèles des racines de maïs de l’ouest (CRMO) et du nord (CRMN), mais il est aussi possible que d’autres insectes (ex. : altises, coccinelles) se collent dessus, d’où l’importance de bien identifier les insectes capturés.
Des populations parfois importantes de chrysomèles des racines du maïs peuvent être observées dès la deuxième année de maïs en continu. Les risques d’augmentation des populations d’une année à l’autre sont encore plus élevés en cas de monoculture prolongée. Il est donc important de vérifier la présence de chrysomèles adultes et de dommages dans vos champs (dommages racinaires et/ou foliaires).
Lorsque les populations dépassent les seuils (pièges collants : 4 CRMO et 7 CRMN par piège par jour) et qu’il est prévu de semer à nouveau du maïs l’année suivante, une réflexion s’impose. Pensez rotation! Dans les champs de maïs où des chrysomèles sont observées, une seule année de rotation suffit pour briser le cycle de reproduction de cet insecte et ainsi réduire les risques de dommages l’année suivante. Si la rotation des cultures n’est pas envisageable, l’utilisation d’hybrides exprimant des protéines insecticides ciblant les chrysomèles peut constituer une option, mais une résistance pourrait se développer. Assurez-vous que vos hybrides expriment plus d’une protéine insecticide contrôlant les chrysomèles afin de minimiser les risques de résistance.
Si vous observez de fortes populations de chrysomèles ou des dommages importants dans vos champs, communiquez avec votre responsable régional du MAPAQ en grandes cultures, le RAP Grandes cultures (rapcerom@cerom.qc.ca) et Julien Saguez (julien.saguez@cerom.qc.ca), qui collectera des spécimens dans le cadre d’un projet de recherche sur le développement de la résistance au Québec.
Pour en savoir plus
- Fiche technique Les chrysomèles des racines du maïs en grandes cultures;
- Fiche technique Stratégie de prévention contre la résistance de la chrysomèle des racines du maïs au maïs Bt;
- Vidéo Comment gérer les chrysomèles des racines du maïs dans le maïs-grain et ensilage (5 minutes);
- Bulletin d’information Plants de maïs en forme de « cols d’oie » : causes possibles.
PLANIFIER SES CÉRÉALES D'AUTOMNE
A. Akpakouma1, V. Samson1 et M. St-Laurent1
1. Agronome (MAPAQ)
L’état d’avancement des cultures varie beaucoup d’un secteur à l’autre cette année. Pour certains, il est déjà temps de planifier les semis de céréales d’automne. Ce type de culture génère de nombreux bénéfices agronomiques, économiques et environnementaux lorsqu’intégré dans la rotation. Les conditions météorologiques actuelles rappellent l’essence même d’introduire les céréales d’automne dans les rotations. En effet, les températures élevées et le manque d’eau risquent d’affecter les rendements des céréales de printemps, alors que c’est la pleine récolte des céréales d’automne.
La fiche technique Pensez aux céréales d’automne présente les points à considérer avant de semer une céréale d’automne pour optimiser l’implantation de la culture et favoriser la survie hivernale.
Considérez également les différents herbicides qui ont été utilisés plus tôt cette saison. Certains produits, notamment ceux à effet résiduel, imposent des délais avant l’implantation de céréales d’automne. Consultez les étiquettes des produits à cet effet afin d’éviter tout impact sur la culture.
Les prochaines semaines seront également propices au développement de certains ravageurs pouvant s’attaquer aux céréales d’automne, dont la tipule des prairies et la noctuelle fiancée. Une attention particulière doit donc être portée dans les champs en semis direct et dans ceux ayant déjà eu un historique d’infestation.
Adapté de l'avertissement N° 17 du 5 août 2022 par B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ)
Des insectes tels que les adultes des chrysomèles des racines du maïs, de l’altise à tête rouge et du scarabée japonais peuvent être observés dans certains champs de maïs. Ils pourraient s’alimenter sur les soies et, dans de rares cas, nuire à la pollinisation. Le rendement du maïs-grain peut être affecté seulement si les trois conditions suivantes sont réunies au moment du dépistage :
- Moins de la moitié du champ est pollinisée. Pour déterminer si la pollinisation du maïs est complétée, récoltez quelques épis bien répartis dans le champ. À l’aide d’un couteau, coupez la base de l’épi, incisez les spathes (les feuilles entourant l’épi) dans le sens de la longueur, détachez délicatement les spathes de l’épi et brassez légèrement l’épi. Si les soies sont toujours attachées à l’épi, cela indique que la pollinisation est en cours. Si les soies sont brunes et/ou qu’elles se détachent de l’épi, cela indique que la pollinisation est terminée. Vous pouvez consulter une vidéo (en anglais) réalisée par l’Université de Purdue, qui démontre cette méthode (ear shake test). Pour plus d’information sur la pollinisation, consultez la page 3 de l’avertissement N° 35 du 27 juillet 2016.
- La portion de soies sortant de l’épi mesure moins de 1,3 cm (0,5 po).
- Les ravageurs sont présents et s’alimentent sur les soies :
- Altise à tête rouge : pas de seuil économique d’intervention disponible.
- Chrysomèles des racines du maïs : l’Université de l’Iowa utilise un seuil de 5 individus ou plus par plant.
- Scarabée japonais : certains États américains utilisent un seuil de 3 adultes et plus par épi.
Il est rare qu’un traitement insecticide soit justifié pour protéger les soies du maïs. Advenant que ce soit le cas, peu d’insecticides sont homologués au Québec pour lutter contre ces insectes dans le maïs : un seul insecticide foliaire est homologué contre les altises et aucun insecticide foliaire n’est homologué pour lutter contre les adultes du scarabée japonais ni les chrysomèles des racines du maïs.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.


