M.-E. Cuerrier1, B. Duval1, Y. Faucher1 et V. Samson1
1. Agronome (MAPAQ)
Conditions automnales difficiles
Alors que le début de l’automne a été particulièrement clément et sec, les précipitations des dernières semaines ont détrempé les champs, rendant les chantiers de récolte difficiles. À cela s’ajoute l’arrivée hâtive (10 novembre) des premières bordées de neige qui sont demeurées au sol, compliquant les travaux dans plusieurs régions où la récolte du maïs-grain n’est pas terminée. Selon l'État des cultures, en date du 14 novembre, environ 70 % des superficies en maïs-grain avaient été récoltées à l’échelle du Québec. Les régions de la Montérégie, de la Mauricie, de Lanaudière, de l’Estrie, de la Chaudière-Appalaches et du Centre-du-Québec comportent encore des superficies non récoltées dans une proportion variant de 10 à 70 %.
Avec les précipitations de pluie des dernières semaines et les épisodes de neige récents, les sols peuvent être saturés d’eau. Leur portance est réduite en raison de l’effet isolant de la couverture de neige et de la chaleur accumulée dans le sol.
Récolte en conditions difficiles : faut-il forcer ou attendre?
La question est de savoir dans quelle mesure il convient d’avancer la récolte ou de patienter pour des conditions plus favorables. Lorsque les températures de jour avoisinent 0 °C et que les nuits sont bien en dessous de 0 °C, la récolte peut demeurer possible, mais elle comporte des risques importants. En présence de neige durcie, celle-ci peut être ramassée par la batteuse et obstruer le système de séparation et de nettoyage du grain, ce qui complique sérieusement les opérations. Avant de poursuivre, il est essentiel d’évaluer si les conditions permettent une récolte sécuritaire et efficace ou s’il vaut mieux attendre une amélioration.
Conseils pratiques :
- Vérifiez l’état du champ avant d’entrer : la neige compactée augmente le risque d’obstruction;
- Ajustez la vitesse et les réglages de la batteuse pour limiter l’accumulation de neige;
- Priorisez les parcelles les moins affectées par la neige pour réduire les pertes et les problèmes mécaniques;
- Si les conditions sont trop contraignantes, il est souvent préférable d’attendre une fenêtre plus favorable plutôt que de risquer des bris ou une diminution de la qualité du grain.
Dans le cas où le maïs est partiellement recouvert de neige, le scénario idéal serait de connaître plusieurs jours de dégel, ce qui ferait fondre le reste de neige, suivis d’une période de quelques jours sans précipitations de neige avec des températures continuellement sous zéro, afin que le sol gèle et devienne suffisamment portant pour la machinerie.
Par la suite, il sera nécessaire que les températures restent basses (en dessous de 0 °C), sans précipitations, afin de pouvoir entrer dans les champs. Un ressuyage du sol avant l’arrivée de l’hiver demeure très improbable. Ainsi, la seule possibilité pour que le sol saturé d’eau supporte le poids des équipements serait qu’il reste suffisamment découvert pour geler rapidement et en profondeur. Au mieux, cette situation pourrait se présenter au début de décembre, sinon plutôt vers la mi-décembre.
Cela dit, personne ne peut prédire avec certitude que ce scénario se réalisera. Toutefois, la décision de procéder ou non à la récolte du maïs dans les plus brefs délais ou de reporter à plus tard (à l’hiver ou au printemps) doit reposer sur une évaluation aussi précise que possible des avantages et des risques associés à chaque option. Si, dans les prochains jours (d'ici au 30 novembre), les conditions des champs correspondent au scénario décrit ci-dessus (redoux, fonte de neige, gel prolongé sans neige), il sera recommandé de procéder à la récolte, de préférence de nuit ou tôt le matin, une fois le sol gelé. Cette approche offre de meilleures perspectives pour maintenir la qualité de la récolte que d’attendre une récolte en janvier (maïs versé sous la neige) ou au printemps (épis tombés, risques accrus de moisissure, risques de compaction, etc.), même en tenant compte du fait que le maïs récolté en hiver ou au printemps nécessitera probablement moins de séchage.
Si on devait recevoir de la neige au cours des prochains jours, et que cette neige devait encore recouvrir les épis au moment de la récolte, il est recommandé de privilégier des moments où la température de l’air descend sous -12 °C, pour s’assurer que cette neige soit évacuée de la batteuse avant de fondre.
En ce qui concerne la qualité du grain, un maïs versé qui ne touche pas le sol conservera sa qualité si les températures autour de l’épi se maintiennent en dessous de 4 °C. Dans la neige, les températures qui avoisinent 0 °C empêcheront le développement des moisissures. Puisqu'une hausse drastique des températures n'est pas prévue pour les deux prochaines semaines, nous pouvons supposer que le maïs au champ ne se détériorera pas.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

