STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LA CHRYSOMÈLE RAYÉE DU CONCOMBRE EN SERRE
De nombreux cas de flétrissement bactérien causé par Erwinia tracheiphila, transmis par la chrysomèle rayée du concombre (Acalymma vittatum), ont été signalés ces dernières semaines dans les serres. Cet insecte est le principal vecteur de la bactérie responsable de cette maladie. Une fois la plante infectée, la maladie progresse rapidement, compromettant la production et entraînant des pertes de rendement importantes (voir photos 1 et 2).
Source : C. Baez, agr.
Les adultes de la chrysomèle rayée du concombre causent également des dommages aux feuilles, aux tiges et aux fleurs des plants de concombre. Ils provoquent aussi des blessures superficielles sur l’épiderme des fruits, ce qui réduit leur attractivité (photos 3 et 4). Par ailleurs, leurs larves, qui vivent dans le sol, s’attaquent aux racines, affaiblissant le système racinaire et rendant les plantes plus vulnérables à d’autres maladies, notamment la fusariose vasculaire (Fusarium oxysporum sp.).
Aucun insecticide ni bio-insecticide n’est actuellement homologué contre la chrysomèle dans les serres de concombres, ce qui rend les mesures préventives essentielles pour limiter les pertes. L’installation de filets sur les côtés ouvrants et les entrées d’air constitue une stratégie de base incontournable pour empêcher l’entrée de l'insecte.
Cependant, malgré la présence de ces filets, de nombreuses serres connaissent chaque saison d’importantes infestations. Dans la majorité des cas, les chrysomèles pénètrent par de petits trous causés par l’usure, ou par des portes mal fermées ou laissées ouvertes. Une fois à l’intérieur, elles se multiplient rapidement grâce aux conditions favorables qu’elles y trouvent, ce qui complique leur contrôle en raison des moyens de lutte limités.
Une autre approche complémentaire aux filets d’exclusion consiste à piéger un grand nombre d’adultes à l’aide de leurres attractifs. Bien que cette méthode ne permette pas, à elle seule, d’assurer un contrôle complet des adultes, elle peut contribuer à réduire la pression exercée par les chrysomèles sur les plants de concombre. Il est recommandé d’installer les pièges avant l’émergence de la première génération au printemps, notamment dans les serres ayant un historique d’infestation, afin de briser le cycle de reproduction.
Ces leurres sont des attractifs qui attirent à la fois des mâles et des femelles. Ils doivent être placés au centre de pièges collants jaunes doubles d’au moins 6 x 12 pouces, afin d’offrir une grande surface de capture pendant toute la durée d’efficacité de l’attractif. Lors de l’installation, il est conseillé d’ouvrir une seule des deux faces du piège collant, puis d’alterner avec l’autre face lorsque la première est saturée de chrysomèles ou d’autres insectes capturés (photo 5).
Les pièges doivent être suspendus à l’aide d’une corde, soit à un poteau, soit à un câble de culture, en suivant la hauteur des fleurs (photos 6 et 7). En raison de la capacité adhésive du papier, il est conseillé d’éviter l’utilisation de ces pièges dans les serres où des bourdons pollinisateurs sont présents, car ces insectes, également attirés par la couleur jaune, risquent d’y être piégés. Ces attractifs sont disponibles chez Solida (40CT313) et PlantProducts (15536).
Aucun auxiliaire n’est actuellement offert sur le marché pour lutter directement contre la chrysomèle rayée du concombre. Toutefois, de nouveaux espoirs émergent quant au contrôle des larves et des adultes grâce à la punaise demoiselle (Nabis americoferus) et à la punaise soldat (Podisus maculiventris), deux auxiliaires indigènes du Québec. Nabis est commercialisée par Anatis Bioprotection et par le Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel (CRAM), tandis que la punaise soldat est disponible chez Anatis Bioprotection.
À l’automne, des mesures préventives de désinfection peuvent réduire significativement les chances de survie des adultes qui se préparent à hiverner. L’élimination complète des résidus végétaux de la famille des cucurbitacées, ainsi que des mauvaises herbes, est particulièrement essentielle, car ces débris peuvent leur servir d’abris.
Au printemps, si le calendrier de production et la taille de la serre le permettent, une solarisation complète à l’aide d’une toile transparente peut s’avérer très efficace. Ce procédé consiste à recouvrir le sol afin d’y piéger la chaleur, permettant d’atteindre des températures supérieures à 40 °C dans les 15 premiers centimètres du sol. Pour la chrysomèle adulte, l’objectif est de dépasser sa température létale, soit 36 °C. En plus de réduire les populations de l'insecte, cette pratique limite également la survie d’autres ravageurs et maladies du sol, ce qui en fait une méthode polyvalente et bénéfique pour l’assainissement des serres en début de saison.
Pour en savoir davantage sur la chrysomèle rayée du concombre, consultez les références suivantes :
- IRIIS Phytoprotection, Fiche technique synthèse Chrysomèle rayée du concombre.
- Fiche technique synthèse Chrysomèle rayée du concombre.
- RAP – Cultures en serres, Avertissement N° 9 du 13 juin 2013.
- RAP – Cucurbitacées, Fiche technique Chrysomèle rayée du concombre.
- RAP – Cultures maraîchères et fruitières en serre, Fiche technique Le nettoyage et la désinfection des serres.
- RAP – Cultures maraîchères et fruitières en serre, Bulletin d'information N° 10 du 6 juin 2012 : Moustiquaires et serres : la bonne affaire !
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction de l'usage des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Carlos Baez, agr., M. Sc., avec la collaboration avec G. Labrie, Biologiste-entomologiste, Ph. D. et révisé par I. Fréchette (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du sous-réseau Cultures maraîchères et fruitières en serre ou le secrétariat du RAP. Édition : Line Bilodeau, agr., M. Sc. et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.



