Conditions météo : températures avoisinant les moyennes et précipitations en baisse. Développement de la culture : conditions plus favorables, levée inégale par endroits, poursuite de semis dans quelques régions. Insectes : doryphores adultes plus actifs, ponte en hausse et début d’éclosion (sud de la province); faible activité des autres ravageurs. Maladies : pourriture de plantons; contrôle du mildiou et de la dartrose; autres maladies avec une activité faible ou non signalée. Gestion des mauvaises herbes : fin ou poursuite des interventions, contrôle à compléter par endroits.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 6 au 12 juin 2025, des températures généralement près des moyennes ont été enregistrées dans les secteurs sud et centre de la province, mais plutôt variables ailleurs. Le mercure n’a pas dépassé le 27 °C en province. Les nuits ont été plus douces ou tempérées que la période précédente, mais encore fraîches les 8 et 9 juin, surtout dans des secteurs nord et est de la province (ex. : 2-3 °C au Lac-Saint-Jean et au Témiscamingue) (consultez le sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont (enfin) été moins importantes et surtout moins fréquentes que depuis le début de la saison, survenant les 10 et/ou 11 juin. Des cumuls plutôt légers ont été enregistrés, mais localement plus élevés (ex. : en Outaouais). Un épisode de grêle a été observé le 10 juin dans des secteurs du sud, mais n’aurait pas affecté la culture. La présence marquée du vent en début de semaine a été rapportée également dans le sud de la province (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la nouvelle période qui débute (soit du 13 au 19 juin), Environnement Canada prévoit une séquence de beau temps avec des températures plutôt fraîches au début, mais en hausse graduelle pour éventuellement dépasser les moyennes de saison. Des précipitations sont attendues vers la fin de la période (mercredi et jeudi), pour des quantités qui pourraient être significatives par endroits, sous des averses ou des orages.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
La culture progresse plutôt bien, mais encore graduellement par endroits, avec des températures qui lui sont plus favorables, surtout avec des nuits moins fraîches. Une fois levée, la pousse végétative est bonne et constante. Partout en province, plusieurs parcelles sont encore au stade de la levée. Cette dernière est parfois inégale selon la date de semis, la parcelle et le cultivar, entre autres. Une météo généralement plus collaboratrice a permis d’avancer ou de débuter des chantiers (ex. : sarclage mécanique là où des désherbants avaient perdu de leur efficacité et pour briser la croûte). Les semis sont maintenant généralement complétés, mais se poursuivent à la suite d’averses ou d'orages isolés qui ont retardé le tout (ex. : Bas-Saint-Laurent). Un début d’irrigation dans la primeur est rapporté en terrain sableux dans le sud de la province (Lanaudière). Le tableau 1 présente l’avancement des semis et le développement de la culture en différentes régions.
Tableau 1 : État d'avancement des semis et stade de développement de la primeur pour des producteurs types, rapportés par les collaborateurs du RAP (en date du 12 juin 2025)
| Régions | Superficies ensemencées1 | Stade de la culture (primeur)3 |
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| 2025 | 2024 | 2025 | 2024 | |
| Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | 90 à 100 % | 100 % | Boutons floraux | Début floraison |
| Outaouais | 100 % | 100 % | Plants : 10-15 cm | Boutons floraux |
| Lanaudière | 100 % | 100 % | Boutons floraux | Début floraison à floraison Tubercules : 2-5 cm |
| Centre-du-Québec et Mauricie | 100 % | 100 % | Plants 20 cm à début bouton floral | Tout début floraison Tubercules : 1-2 cm |
| Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | 100 % | 100 % | Plants 20 cm à début bouton floral | Tout début floraison Tubercules : 1-2 cm |
| Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | 70 à 100 %2 | 100 %2 | Début levée | 10 à 15 cm |
GESTION DES RAVAGEURS
L’activité des principaux ravageurs varie de nulle à modérée, en plus d’être graduelle et prévisible selon des collaborateurs du RAP. Le développement des insectes étant directement relié à la température, on peut s’attendre à une hausse de leur présence dans les parcelles à partir du début de la semaine prochaine.
Les adultes du doryphore de la pomme de terre sont plus actifs dans le sud et le centre de la province. Des envolées continuent à y être observées par journées ensoleillées. Des populations plus notables sont remarquées en bordure de parcelles, ne nuisant pas à la levée ou au développement des plants présentement. La ponte est en cours et s’intensifie par endroits. Un tout début d’éclosion est observé dans le secteur de Lanaudière (voir photo). Pour un meilleur contrôle, il faut viser les larves des stades 1 et 2 (ne pas attendre de dépister trop de grosses larves de stade 3) sur les plants avant d’intervenir, surtout par temps chaud, et ce, quel que soit le produit utilisé. Avec la levée plus longue par endroits et le temps humide du mois de mai, il est possible que les produits phytosanitaires appliqués lors du semis aient une rémanence moins longue cette année. Il serait donc important de suivre les parcelles dans les jours suivant la levée afin de vérifier les populations du doryphore. On ne rapporte pas encore d’activité de la coccinelle maculée, plus présente ces dernières années dans certaines régions. Cette espèce de coccinelle se nourrit de pucerons, mais aussi d’œufs du doryphore lorsqu’il n’y a pas de pucerons. C'est une alliée à protéger!
Dans les parcelles où le dépistage de la cicadelle de la pomme de terre est débuté, les captures sur pièges collants demeurent nulles à plutôt faibles (mais en augmentation selon le cas). On rapporte quelques individus présents sur des plants de pommes de terre dans le sud de la province. Il est donc temps d’installer les pièges dès la levée de la culture (en particulier pour les parcelles sans utilisation d’insecticide au semis) afin de bien déterminer le début et l’intensité de la pression des populations de cicadelles. Avec des coupes de foin (ex. : luzernière) en cours par endroits et plus de chaleur à venir, un suivi devrait être fait pour les parcelles en pomme de terre à un stade plus avancé qui sont à proximité.
Concernant d’autres ravageurs d’intérêt et suivis par le RAP, voici les observations rapportées par des collaborateurs :
- un début d’activité de vers gris (Lanaudière) et d’altises (Mauricie, Chaudière-Appalaches), mais aucune mention ailleurs. On rappelle que les vers gris sont actifs lors des nuits plus chaudes;
- aucune activité de pucerons ni de la punaise terne;
- une activité stabilisée des cas rapportés de vers fil-de-fer, sans impact significatif sur la culture.
GESTION DES MALADIES
Comme mentionné dans le dernier avertissement, la pourriture de plantons est rapportée dans certaines régions de la province. La situation demeure toutefois très variable au sein d'une même région, et même à l'intérieur d'un champ. Dans le secteur sud, des portions de parcelles sont plus affectées que d’autres, de manière parfois localisée, mais finalement acceptable pour l’ensemble d’un champ. Un autre exemple, dans les régions plus centrales, on mentionne des cas parfois notables dans des parcelles (surtout pour des semis réalisés vers la mi-mai), mais de rares observations de pourritures ailleurs dans la même région. De plus, c'est souvent une pourriture partielle de plantons qui est rapportée. Le suivi est toujours en cours. Dans les secteurs plus à l’est et au nord, il est trop tôt pour dresser un portrait. Les prévisions météo plus optimistes des prochains jours devraient aider à diminuer les risques.
Contrairement aux pourritures de plantons, très peu de nouveaux cas de rhizoctone brun ont été mentionnés en cours de période.
Pour les parcelles plus avancées, il est nécessaire de débuter un suivi du mildiou de la pomme de terre, avec les conditions humides connues depuis le début des plantations. En cours de saison, les risques demeurent variables d’où l’utilité d’un modèle prévisionnel, comme MILÉOS, pour mieux cibler les interventions. D’ailleurs, l’application de fongicides va débuter sous peu dans des secteurs du sud de la province, et ce, pour des parcelles à un stade plus avancé (25 cm et plus). Si vous observez des taches suspectes sur des plants de pommes de terre, il ne faut pas hésiter à contacter votre conseiller, au besoin, pour vérification. Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n’a été répertorié en Amérique du Nord en cours de période.
Aucun symptôme relié à l’activité de la tache alternarienne (brûlure hâtive), de la jambe noire ou de plants virosés n’a été rapporté. On rappelle que la brûlure hâtive se présente souvent à partir de la fin juin et/ou lors de la floraison des plants de pommes de terre.
Le contrôle préventif de la dartrose débutera sous peu dans certains champs plus avancés (ex. : stade 25 cm à début bouton floral) et considérés comme plus à risque (ex. : cultivars connus comme plus sensibles, historique de dommages sur l’entreprise, sols de type plus léger). Le feuillage du bas des plants ainsi que la section de la tige du plant plus près du sol représentent les endroits où les premiers symptômes peuvent se développer plus tard en saison. Ce sont donc ces parties de la plante que le produit de contrôle utilisé devrait atteindre.
GESTION DES MAUVAISES HERBES
Les interventions avec des désherbants de prélevée de la culture sont terminées, se poursuivent ou débutent selon le cas. Un bon contrôle des mauvaises herbes est rapporté, mais pas dans tous les champs alors que des « échappées » sont observées dans plusieurs régions : les conditions très humides et fraîches du printemps pourraient avoir réduit la durée d’efficacité de certains produits, en plus d'une pression plus forte de mauvaises herbes cette année. Des retouches ou corrections sont ou seront donc nécessaires, au besoin (ex. : plus de sarclages mécaniques et/ou application de désherbants spécifiques en postlevée). Des collaborateurs mentionnent la présence principalement de certaines annuelles (ex. : petite herbe à poux, graminées diverses) et de certaines vivaces (ex. : renouées, armoise vulgaire, laiterons, chiendent, souchet). Très peu de cas de phytotoxicité à la culture sont rapportés depuis le début de la saison.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
