
Punaise terne : dépistage et seuil d’intervention, différencier la chute physiologique des fleurs ou des jeunes fruits avec les dommages de nutrition. Forte présence de chrysomèle trirayée dans la cerise de terre. Doryphore et pucerons sous contrôle. Quelques cas de scarabée japonais et de punaise à quatre bandes. Maladies : moucheture en progression sur la tomate, premiers cas de chancre bactérien (tomate), moisissure grise (tache fantôme sur les fruits de tomate), pourriture sclérotique (poivron) et charbon (cerise de terre). Phytophthora capsici à surveiller.
Cette semaine les températures ont été en dent de scie, allant de sous la barre des 10 °C la nuit, à plus de 30 °C le jour. Les nuits fraîches, l’humidité relative élevée, la rosée, ainsi que les précipitations importantes dans certaines régions sont des conditions favorables au développement des maladies. Pour la prochaine semaine, Environnement Canada prévoit des nuits plus chaudes et des précipitations en début de semaine.
Le sommaire agrométéorologique solanacées vous informe des précipitations et du cumul des degrés-jours entre le 25 juin et le 1er juillet 2025 :
Punaise terne
Dépistage
- Observez sans bouger les plants. Dans la tomate, séparez délicatement les fruits d'une même grappe pour voir les nymphes qui pourraient s’y cacher.
- Ensuite, secouez le tuteur ou bougez les plants à leur base et soyez à l’affût des adultes et des petites nymphes vertes qui tombent et courent rapidement sur le paillis de plastique. Les nymphes de punaise terne peuvent être facilement confondues avec des pucerons verts, mais elles bougent plus rapidement.
Seuils d’intervention
- Toutes les solanacées : 5 punaises adultes ou nymphes dépistées pour 25 plants;
- Tomate et poivron : premiers symptômes de nutrition sur les fruits;
- Poivron et aubergine : jaunissement et chutes de boutons floraux et de jeunes fruits, en présence de l’insecte.
Différencier la chute physiologique des fleurs ou des jeunes fruits avec les dommages de nutrition causés par les adultes de punaise terne
Les chaleurs extrêmes de la semaine du 23 juin ont pu nuire à la pollinisation puisque les pollinisateurs réduisent leur activité extérieure dans ces conditions, et que la chaleur rend la pollinisation moins efficace.
La chute de fleurs pourrait être observée dans les jours suivants les fortes chaleurs, et éventuellement des problèmes de mise à fruit et de qualité des fruits.
Chute physiologique
- C’est un phénomène d’avortement fréquent surtout chez le poivron et dans certaines variétés de tomate « beef ».
- Les plants sont chargés de beaucoup de jeunes fruits au début nouaison ou de plusieurs fruits qui grossissent en même temps. La charpente foliaire des plants ne pourra pas faire grossir tous les fruits et la chute naturelle se produit.
- La chute des jeunes fruits ou la coulure des fleurs est généralisée et très visible dans tous les plants qui ont atteint le même stade critique physiologique, parfois dans des sections de champ par variété ou par date de plantation.
- Le problème peut se retrouver uniquement dans des champs ou des sections de champ où les plants sont peu vigoureux ou carencés pour différentes raisons : sécheresse, sol gorgé d’eau, carences minérales, pH inadéquat, compaction du sol, etc.).
Chute causée par la punaise terne
- On observe la punaise terne adulte par-ci par-là dans le champ. Ça prend peu de punaises pour causer des dommages, soit 5 adultes retrouvés sur 25 plants, mais pour traiter, il faut observer la présence de l’insecte.
- La chute est observée par foyers, de façon aléatoire et sans lien évident avec des variétés, des stades de développement particuliers ou des stress de croissance.
Autres insectes
Des adultes et dommages de punaise à quatre bandes (Poecilocapsus lineatus) sont rapportés dans le piment dans la région de Lanaudière (voir l’avertissement N° 3 du 5 juin dernier pour des photos des dommages et de l’insecte). Il s’agit d’un insecte généraliste, observé cette année à quelques reprises dans les piments et poivrons. Ses dommages sont très caractéristiques et peuvent être confondus avec une maladie fongique.
Les pucerons sont signalés dans la tomate et le poivron, mais les populations demeurent faibles en général.
Les interventions de la semaine dernière contre le doryphore ont été efficaces dans l’aubergine. Dans la tomate, quelques populations localisées d’adultes et de larves sont signalées en Montérégie avec très peu de dommages. Pour un rappel des stades larvaires et des seuils d'intervention, veuillez consulter l'avertissement N° 5 du 19 juin 2025.
Quelques scarabées japonais sont signalés dans la tomate en Montérégie.
En Montérégie, les cas de moucheture dans la tomate progressent rapidement dans certains champs, mais aucun dommage sur fruit n’est signalé. Un premier cas de chancre sur fruit est signalé dans la même région.
Dans la tomate en tunnel, en Estrie, un cas de tache fantôme sur les fruits causé par la moisissure grise (Botrytis cinerea) a été rapporté.
L’humidité relative élevée et la présence de rosée est également favorable à l’apparition de symptômes de Sclerotinia – une première observation de pourriture sclérotique est rapportée dans le poivron en Chaudière-Appalaches.
Dans la cerise de terre, une première observation de charbon est rapportée dans Lanaudière.
Phytophthora capsici à surveiller : Dans certaines régions, les précipitations importantes peuvent avoir causé des accumulations d’eau dans des zones de champ. La présence d’eau stagnante (en surface ou sol saturé) pendant 24 h est favorable à l’apparition de cette maladie. P. capsici est donc à surveiller, surtout dans les champs avec historique.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Alex-Antoine Fortier-Brunelle, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du sous-réseau Solanacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
