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Cultures maraîchères en serre, Avertissement No 3, 29 avril 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Cultures maraîchères en serre
État de la situation des cultures maraîchères en serre (semaine 18). Tomate : conditions actuelles particulièrement propices au développement de la moisissure grise (Botrytis). Concombre : recette simple pour contrer les dommages récurrents de Pythium. Les tétranyques se réveillent; le dépistage est essentiel et la prévention est ce qui coûte souvent le moins cher. Cibler les coins chauds, quelques plantes indicatrices (les mauvaises herbes sont les cibles favorites des insectes hibernants) et ne pas négliger les pièges collants.
 
 
Profitez de la gratuité des analyses (Tarif bio 2020) du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ pour les producteurs (et leurs conseillers) en conversion biologique ou possédant une certification biologique pour la culture visée par la demande d’analyse.
 
 
BOTRYTIS SUR TOMATE
 
Début de moisissure grise (Botrytis cinerea) sur les feuilles causé par plusieurs facteurs : ventilation froide, humidité élevée, zones de dégouttement des polythènes, conduite végétative. Sur les jeunes cultures, le Botrytis est encore latent, mais il est actif sur les cultures matures. N’oubliez pas que tout se joue dans la gestion de l’humidité et la conduite de la culture.
   
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Photos : Liette Lambert, agr. (MAPAQ)

Recommandations :

Réchauffer un air froid (et donc plus sec) provenant de l’extérieur est le meilleur moyen pour assécher.

Dégager le bas des plants pour faire circuler l’air chaud plus librement dans toutes les parties de la plante et ainsi éviter la stratification naturelle de l’air (froid en bas et chaud en haut).

En période nuageuse, irriguer avec modération en retardant le premier ou les deux premiers arrosages, afin d’éviter de faire des plants trop tendres et encore plus susceptibles à la moisissure grise.

Favoriser un bon ressuyage des plants en fin de journée (pas d’eau résiduelle sous les sacs au matin).

Ne pas laisser de moignons : effeuiller au couteau quand les plants sont actifs (transpiration), mais éviter de le faire lors des périodes nuageuses ou pluvieuses. Procéder idéalement en avant-midi pour que les plaies aient le temps de sécher et enlever les grappes à la main en tirant dessus sans effilocher la tige, ou en les coupant au sécateur désinfecté au préalable.

Pour les traitements pesticides, plusieurs biofongicides offrent d’excellentes protections pourvu qu’ils soient appliqués en prévention. Certains ont également un léger effet curatif. 

Pour en savoir davantage, consultez le bulletin d’information sur les Fongicides et biofongicides homologués dans les cultures maraîchères et fruitières en serre.
 
Pour plus d’information, consulter la fiche technique Moisissure grise dans la tomate.


PYTHIUM DANS LE CONCOMBRE
 
Tous connaissent la sensibilité du concombre aux attaques de Pythium, et ce, dès que les plants sont tout jeunes. Quand les températures sont fraîches et humides comme en ce moment, les plants peuvent être davantage exposés. L’application de Trichoderma harzianum (Rootshield, Trianum, Bora) dès la plantation est une pratique courante qui donne une bonne protection. Malgré tout, nul n’est à l’abri des attaques subséquentes de Pythium, dont le pire est sans nul doute Pythium aphanidermatum. 

Plusieurs facteurs sont en cause, particulièrement lorsque deux d’entre eux sont combinés : une salinité et une température élevées dans le terreau (30 °C et +) particulièrement s’il est alcalin (Source : Jean Brunet, Organonatura-Ecotech). Les plants peuvent alors se mettre à tomber comme des mouches.

 

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Photos : Liette Lambert, agr. (MAPAQ)
 

Un projet en R&D a été réalisé, puis mis en application durant les huit dernières années sur une entreprise produisant du concombre libanais sur substrat à base de mousse de tourbe, dans le but de limiter les pertes causées par Pythium aphanidermatum. Pour ce faire, l'entreprise a choisi d’utiliser une solution de chaux hydratée de type « Bulldog » parce qu’elle contient moins d’impuretés. Dans cette expérience, elle a constaté qu’il est préférable de l’utiliser sur des plants encore sains, bien que cela puisse stopper un début d’infection lors de conditions propices à l’infection par le Pythium, comme une température élevée dans le pot ou le terreau au moment de l’application. Il faut également éviter tout mélange avec d’autres produits. Quant à la méthode d’application, parce qu’elle risque de former des dépôts ou colmater les goutteurs, il est préférable de l’appliquer en pulvérisation à la base des plants.  

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Photos : Liette Lambert, agr. (MAPAQ)

Mode d’action de la chaux hydratée (hydroxyde de calcium) :

Il s’agit d’une réaction ionique dans le terreau. Les ions calcium, plus disponibles à pH acide qu'à pH élevé, sont utilisés par les microorganismes du substrat pour constituer leurs parois cellulaires.

Ces microorganismes dégradent la matière organique en protéines, en acides aminés et… en ions ammonium. À pH inférieur à 7, la forme prédominante est l’ammonium (NH4+), tandis qu’à pH supérieur à 7,0, l'ammonium se transforme en ammoniac (NH3), un composé toxique aux zoospores de Pythium (Source : Gérard Gilbert, agronome-phytopathologiste).

L’effet est rapide. Le pH peut varier légèrement à la hausse de quelques dixièmes d’unité, mais il faut bien plus que 2 ou 3 applications échelonnées aux 2 à 3 semaines pour le modifier.


Méthode d'application
Mélanger 1 gramme de chaux hydratée (type Bulldog) par litre d’eau puis appliquer 400 à 500 ml de cette solution à la base de chaque plant, sans mouiller le feuillage. On peut répéter ce traitement en prévention, et particulièrement à l’approche d’une période de chaleur intense qui stimule le développement du Pythium et favorise l’infection. On peut refaire l’application après 3 à 5 jours en période critique, ou à 2 à 3 semaines d’intervalle.

Alors, si vous avez un début d’infection et redoutez le pire, vous pourriez en faire l’essai sur quelques plants, tout en prenant soin de conserver des plants témoins non traités pour en valider l’efficacité dans vos conditions. Les résultats peuvent varier en fonction des substrats et des conditions ambiantes.

 
TÉTRANYQUES À DEUX POINTS
 
Les tétranyques sont sortis de leur cachette hivernale. Il est donc recommandé d’intervenir dès le début pour limiter l’expansion des foyers. La meilleure alternative demeure l’usage de la lutte biologique avec Phytoseiulus persimilis, un acarien prédateur orangé qui n’a d’yeux que pour les tétranyques et qui nettoie rapidement les foyers.
 
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Liette Lambert, agr. (MAPAQ)
 


Il existe différents emballages et formats. Il se vend également des sachets compostables en plastique (Koppert) qui maintiennent une humidité plus stable que les sachets conventionnels en papier. Bien que légèrement plus coûteux, en les installant directement sur le site infesté, ils ne tombent pas au sol et sont davantage protégés des variations d’humidité relative, surtout lorsque la culture est encore jeune. Il est important d'en appliquer également tout autour des plants infestés pour éviter que d'autres foyers de tétranyques n’éclatent.
 
Lutte chimique
Si les foyers sont trop nombreux ou trop densément peuplés, il est préférable de réduire les populations avant d’introduire les alliés. Consultez les bulletins d'information sur la Compatibilité des pesticides avec la lutte biologique en serre et sur les Insecticides et bio-insecticides homologués dans les cultures maraîchères et fruitières en serre en pages 4 et 5.
 
Parmi les produits les plus compatibles avec la lutte biologique : VELIFER (Beauvaria bassiana souche PPRI 5339) et SHUTTLE 15 SC (acéquinocyle). Non compatibles, mais non résiduels : les savons et les huiles comme PURESPRAY GREEN 13E et SUFFOIL-X.
 
Fiche technique du Tétranyque à deux points dans le concombre
Fiche technique du Tétranyque à 2 points dans la tomate
 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.
 


Cet avertissement a été rédigé par Liette Lambert, agronome (MAPAQ), en collaboration avec Régis Larouche, agr. (consultant), Colombe Cliche, agr. (Koppert Canada), Yveline Martin, agr. (Groupe PleineTerre), Jean Brunet (Organonatura-Ecotech) et Gérard Gilbert, agr.-phytopathologiste (consultant). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseure du réseau Cultures maraîchères en serre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite. 
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Organisation : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ)
Auteur(s) : RAP - Réseau Cultures maraîchères en serre
Date de publication : 29 avril 2020
Infolettre Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP)

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