Pour la période du 22 au 28 juin, des températures le plus souvent chaudes (la nuit et le jour) ont été enregistrées, avec, entre autres, un maximum à 30-31 °C le 23 juin, et ce, un peu partout en province (voir le sommaire agrométéorologique). Des précipitations très hétérogènes sont tombées sur la province. Des régions comme l’Outaouais (ex. : 105 mm les 25 et 26 juin à Saint-André-Avellin), Lanaudière (ex. : 80 mm à Lavaltrie les 26 et 27 juin) et la Mauricie (ex. : 61 mm les 26 et 27 juin à Shawinigan) ont été plus arrosées (voir la carte des précipitations sept derniers jours et la carte des précipitations cinq derniers jours). Du 29 juin au 5 juillet, Environnement Canada prévoit des températures chaudes à peu près partout en province, avec de fréquentes précipitations qui pourraient être significatives par endroits, mais moindres pour le secteur nord-ouest.
Les températures chaudes et humides ont grandement favorisé la pousse végétative des plants, un peu moins dans l’est de la province. Dans cette région, des semis sont encore au stade de la levée. Les précipitations reçues les 26 et 27 juin dans le secteur de Lanaudière étaient attendues, mais peut-être pas avec autant d’intensité. Cela a provoqué de l’érosion de buttons par endroits et des accumulations d'eau dans les parcelles, principalement en terrains plus lourds. La décoloration du feuillage de plants de pomme de terre mentionnée la semaine dernière s’est résorbée en plusieurs endroits avec la chaleur et les précipitations. Des cas d’insolation et aussi de brûlures foliaires à la suite d’applications d’engrais sont rapportés (voir les photos). L’impact sur la culture de la fumée intense en provenance de feux de forêt, plus généralisée les 25 et 26 juin, reste présentement inconnu. Le tableau ci-dessous présente le développement pour la primeur dans différentes régions de la province.
| Régions | Stades de la culture (primeur) |
| Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | Floraison à postfloraison Tubercules (donnée à venir) |
| Outaouais | Début floraison |
| Lanaudière et Laurentides | Floraison à fin floraison Tubercules 5 à 8 cm |
| Centre-du-Québec et Mauricie | Floraison Tubercules 3 à 4 cm |
| Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | Début floraison Tubercules 2 à 4 cm |
| Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | Plants 25 cm à bouton floral |
Les températures chaudes de la dernière période ont favorisé l’éclosion de plusieurs masses d’œufs du doryphore de la pomme de terre dans les secteurs du sud, et à moindre intensité dans le centre de la province. Des jeunes larves (L1-L2) sont dépistées, de même que quelques plus grosses (L3) par endroits. Les populations larvaires demeurent variables selon la parcelle, la date de la plantation et/ou l’utilisation ou non d’un produit de contrôle lors du semis. Un bon dépistage de chacun des champs est donc nécessaire à cette période-ci pour vérifier si une intervention est nécessaire et à quel moment. On rappelle qu’il faut utiliser un produit de contrôle d’un groupe chimique différent que celui utilisé lors du semis, si c’est le cas.
L’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) n’a pas vraiment progressé dans les secteurs du sud de la province, sauf en Outaouais avec des populations localement plus élevées. Il y a donc un retard de ce côté. Ailleurs en province, les captures d’adultes sur les pièges varient de nulles à faibles, avec moins de 5 adultes/piège/semaine. On rapporte un début d’activité nymphale dans la région de Québec (pour quelques parcelles sans insecticide appliqué au semis).
Des premières observations de vers gris et de dommages associés (ex. : tiges coupées) sont signalées dans quelques régions (Capitale-Nationale, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean), mais encore à une faible intensité. Un suivi est en cours avec les nuits chaudes. Quelques punaises ternes adultes naviguent dans des champs, sans affecter la culture. Des foyers d’altises sont plus présents dans certaines régions, mais localement, comme en Chaudière-Appalaches. Le contrôle des pucerons est débuté ou se poursuit en zones semencières, avec des applications d’huiles. Le piégeage de la pyrale du maïs réalisé au Saguenay-Lac-Saint-Jean ne mentionne aucune capture pour le moment.
Aucun symptôme de mildiou de la pomme de terre n’a été observé au Québec depuis le début de la saison. Avec la bonne pousse végétative et le temps humide qui se poursuit en plusieurs endroits, un suivi plus serré de la maladie doit se faire, car les risques sont élevés. Le passage d’averses orageuses représente un des moyens de dispersion des spores du champignon. Le choix du produit de contrôle relève plus du cas par cas, mais il ne faudrait pas hésiter à utiliser un produit plus pénétrant si cela se justifie, même en ce début de saison, particulièrement dans les parcelles plus avancées et dans les secteurs où du mildiou a été identifié en 2022. Les outils prévisionnels (ex. : MILÉOS) et les capteurs de spores peuvent vous aider à mieux déterminer les périodes dites à risque, mais cela ne remplace pas le dépistage des champs. Le site Web USABlight ne rapporte pas d’activité du champignon depuis le début de la présente saison de production en Amérique du Nord, de même que les autres sites où un suivi de cette maladie est disponible.
De premiers symptômes associés à l’activité de la tache alternarienne (brûlure hâtive) sont signalés sur du feuillage de l’étage inférieur de plants de cultivars hâtifs (ex. : 'Envol', 'Andover'), dans certains secteurs du sud de la province (Montérégie, Lanaudière), et aussi plus faiblement dans le centre de la province.
Le contrôle préventif de la dartrose a débuté ou débutera sous peu dans des champs plus avancés. Il est encore trop tôt pour en observer des symptômes. Plus de cas de plants virosés sont rapportés par des collaborateurs, selon la provenance de la semence, mais à un niveau faible (cultivars 'Goldrush', 'Highland', 'Norland', 'Chieftain'). Des premières mentions de la jambe noire sont rapportées de la part de collaborateurs, mais encore avec une faible incidence (voir la photo). De fortes précipitations survenant par temps chaud représentent des conditions favorables à son développement.
Aucun cas de gale commune n’a été signalé pour le moment. Cette maladie peut causer plus de problèmes lorsque les tubercules se développent, entre autres, sous des conditions de sol chaudes et sèches. Outre la fumigation, des méthodes culturales peuvent aider à prévenir ou diminuer l’impact de la gale commune comme le choix d’un cultivar plus tolérant et de bonnes rotations. Selon des études, il y a aussi le maintien de l’humidité du sol près de la capacité au champ, et ce, durant le premier mois environ suivant le début de l’initiation des tubercules. Lors de carences en précipitations, des apports en eau par irrigation aideraient à maintenir le sol humide. Cependant, il faut bien gérer l’irrigation, car trop d’eau c’est parfois comme pas assez et cela pourrait favoriser le développement d’autres maladies de sol (ex. : pourriture aqueuse, pourriture rose).
MAUVAISES HERBES
Le contrôle des adventives se poursuit par endroits en situation de postlevée de la culture pour certaines espèces qui ont échappé aux opérations de sarclage et de renchaussage. Il faut bien lire les étiquettes des produits disponibles pour vérifier leur sensibilité au désherbant choisi.
Une journée d’information technique sur la pomme de terre aura lieu le 13 juillet 2023, chez une entreprise du Centre-du-Québec. Pour connaître la programmation de cette journée (inscription gratuite) et les sujets qui y seront abordés : Journée Pomme de terre. Cette activité est une initiative du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), du Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB), du Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière (CIEL) et des Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ).
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

