
Des dommages de dessiccation hivernale sont apparents sur la tête des jeunes arbres. Les dommages de pourriture racinaire sont présents dans plusieurs plantations, il y a une progression depuis l’automne 2024. Le dépistage du puceron des pousses du sapin est en cours en Estrie. La plantation des arbres débute bientôt en Estrie. L'émergence des mauvaises herbes commence.
Dommages hivernaux
Selon les observations de nos collaborateurs, il n’y a pas ou peu de dommages causés par l’accumulation de neige cet hiver. Par contre, des dommages de dessiccation hivernale ont été observés sur des sapins Canaan et sur la tête de jeunes arbres. Ces symptômes sont le résultat du dessèchement des aiguilles par le vent, particulièrement lorsque le sol est encore gelé, car à ce moment, l’arbre ne peut absorber de l’eau par les racines pour compenser les pertes. Ce dommage est essentiellement esthétique, car les aiguilles affectées tombent, mais les arbres n’en meurent pas.
Chevreuils
Les dommages causés par l’alimentation des chevreuils durant l’hiver ont été variables, souvent supérieurs à la normale, selon les secteurs. Ces dommages esthétiques sont parfois, et trop souvent, irréversibles. Vous trouverez plus d’information sur la façon de faire face à cette problématique en consultant ce document.
État d’avancement des travaux
La plantation des arbres débutera bientôt dans certains secteurs de l'Estrie et la semaine prochaine dans la région de la Chaudière-Appalaches.
Surveillez l’évolution des mauvaises herbes afin de bien définir la stratégie à mettre en œuvre et consultez votre conseiller. Le chiendent a été aperçu au stade 3 feuilles en Estrie et la germination de l’ortie est en cours.
Il est encore temps de régler les pulvérisateurs d’insecticides/fongicides et herbicides. Le réglage permet de définir la dose à mettre dans le réservoir et le taux d’application du pulvérisateur; des indicateurs essentiels à l’efficacité de l’application. Le réglage permet également de corriger et de valider les paramètres suivants : débit, vitesse, pression d’utilisation, uniformité, etc. Pour obtenir de l’aide, veuillez consulter la liste des personnes accréditées dans le cadre du service « Action-réglage ».
Les clubs agroenvironnementaux ont commencé le dépistage du puceron des pousses du sapin en Estrie. Le modèle prévisionnel, prédisant l’éclosion des œufs, montre qu'elle devrait être terminée dans une grande partie de la Montérégie et de l’Estrie. Il faut utiliser les modèles avec prudence, il est important de valider par un dépistage sur le terrain. Le dépistage est réalisé dans les plantations à partir de trois ans avant la vente. Notez que l’éclosion des œufs n’est pas terminée en Chaudière-Appalaches.
Avant la pulvérisation, il ne faut pas oublier qu’en raison du mode d’action des insecticides homologués contre le puceron, il est important de bien ajuster le ou les pulvérisateurs utilisés, particulièrement ceux de type canon. En effet, l’efficacité du traitement est directement reliée à la qualité de couverture du feuillage (angle du canon et taux d’application). Pour vous guider sur l’ajustement de deux types de canons, vous pouvez consulter la fiche suivante.
Comme le débourrement des bourgeons n’est pas commencé, le feuillage n’est pas encore sensible aux maladies foliaires. Nous vous informerons de la maturation des champignons en cause et des stratégies à mettre en œuvre pour lutter contre ces maladies. Le risque d’infection augmentera à partir de l’ouverture des bourgeons des arbres présentant des symptômes. Notez qu’il est possible d’enlever les balais de sorcière dès maintenant.
Selon le collaborateur du RAP, le dépérissement des arbres, petits et grands, s’est encore intensifié ce printemps. Les observations récentes montrent des niveaux de mortalité de 20 à 80 % des arbres selon les plantations. Cet organisme aquatique, le Phytophthora abietivora, profite des conditions d’humidité prolongée des sols pour se propager et se développer dans les racines et le collet des arbres. Malgré la mise en place de plusieurs actions (projets, sensibilisation, réseautage, webinaires), cette situation est encore préoccupante, car il y a peu de solution pour le moment.
Pour en apprendre plus sur cet organisme, consultez cette fiche.
Pour tenter de répondre à votre questionnement, consultez la section « Questions et réponses » suivante :
Est-ce une nouvelle maladie?
Plusieurs organismes peuvent causer des pourritures racinaires chez le sapin. Les arbres situés dans des zones humides (baissières, parcelles mal drainées) sont particulièrement vulnérables. Les observations terrain et les différents tests effectués ces dernières années montrent que l’espèce de Phytophthora abietivora est prédominante dans la production de sapins de Noël et cause des pertes à de nombreux producteurs. En 2023, là où l’organisme était déjà présent, l’excès d’eau prolongé lui a permis de se déplacer en nageant et d’affecter de plus grandes sections de champ que la normale, en pépinière comme en champ. Cette espèce a été détectée pour la 1re fois au Québec en 2016. Peu de travaux de recherche ont été réalisés sur cette espèce. Il n’est pas encore établi s’il s’agit d’une espèce exotique ou indigène et si elle est présente depuis longtemps dans les plantations de sapins. Pour y répondre, un échantillonnage important de plants a été réalisé l’automne dernier. L’analyse est en cours.
Est-ce un organisme agressif?
Oui, car il peut tuer un jeune arbre après quatre semaines en conditions favorables au développement de la maladie. Le sapin baumier et le Canaan sont plus tolérants que le sapin Fraser, mais ne sont pas résistants. Selon les observations, toutes les espèces de sapins sont sensibles à cet organisme.
Est-ce que cette maladie se transmet par la taille?
Non, l’infection débute par les racines fines. Il faut toutefois éviter le contact de terre avec les plaies de taille dans les sites contaminés par cet organisme.
Est-ce que je devrais analyser des transplants avant de les planter?
L’envoi de transplants au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ est recommandé et permet de détecter la présence de plants asymptomatiques dans le lot envoyé, c’est-à-dire un plant d’apparence saine porteur de la maladie. Le document suivant présente la manière de procéder pour la préparation et l’envoi des échantillons au LEDP.
Nous vous suggérons d’aviser votre pépiniériste de votre démarche pour éviter de faire tester deux fois les mêmes lots de transplants. Des pépinières du Québec feront également le suivi de l’état de santé des plants par des analyses au laboratoire.
Si la maladie est détectée sur un transplant, est-ce que ça veut dire qu’il va mourir?
Non, pas nécessairement, mais il y a un risque. Le champignon est présent, donc il est possible qu’il se développe. Sa survie dépendra de plusieurs facteurs :
- Qualité du site : le drainage du sol de la plantation doit être bon pour ne pas favoriser le développement de la maladie.
- Stress : un plant qui vit un stress (ex. : sécheresse) pourrait moins bien résister durant l'année d’implantation ou dépérir plusieurs années après.
Tableau 1 : Risque de mortalité par le Phytophthora selon différents scénarios d'implantation
Transplant sain dans un champ sans historique de Phytophthora | Transplant sain dans un champ avec historique de Phytophthora | Transplant porteur dans un champ avec historique de Phytophthora | Transplant porteur dans un champ sans historique de Phytophthora | |
Risque de mortalité | 0 | + | ++ | À éviter* |
Est-ce que les tests de détection du laboratoire sont fiables?
Oui, l’outil détecte le matériel génétique de l’organisme. Il est spécifique à cette espèce.
Est-ce que je dois enlever la souche des arbres morts ou je peux seulement couper les arbres et les sortir du champ?
Les grands arbres morts par la pourriture racinaire doivent être retirés du champ en coupant la partie aérienne de l'arbre, sans enlever la souche, car l’arrachage de la souche pourrait distribuer du sol contaminé vers le chemin de la sortie. Pour les jeunes arbres, les plants peuvent être arrachés et secoués doucement pour limiter le déplacement du sol vers d’autres zones.
Comment détruire les arbres morts affectés par le Phytophthora?
Les arbres morts doivent être jetés et brûlés loin d’un étang ou du haut d’un champ pour éviter la propagation de l’organisme par le ruissellement de l’eau.
Quand la maladie est présente dans le sol, est-ce qu’il existe une pratique culturale pour diminuer le risque de mortalité par la pourriture racinaire?
Oui. Toute pratique qui améliore le drainage du sol. Par exemple, la plantation sur des buttes (14 à 16 pouces de haut), l’aménagement de fossés ou de rigoles. Dans un sol bien drainé, l’organisme ne meurt pas, mais avec ces pratiques, il risque moins de se développer. La plantation de sapins Fraser est également déconseillée sur les sites contaminés.
Qu’est-ce qu’une mesure de biosécurité?
Éviter de transporter du sol contaminé d’un endroit à un autre. Par exemple, nettoyer les bottes/roues de tracteur/équipements avant d’aller dans un champ infecté vers un champ sain. Le nettoyage peut être fait en brossant les surfaces avec de l’eau savonneuse et idéalement suivi d’une désinfection à l’eau de javel ou à l’alcool 70 % pour les surfaces pouvant être corrodées. L’objectif est de protéger les champs sains, sans historique de Phytophthora.
Pour en apprendre plus sur le sujet, consultez les liens suivants :
- Des maladies racinaires d'importance dans la culture des arbres de Noël : Phytopthora spp. et Armillaria spp. (gouv.qc.ca)
- Management of Phytophthora Root Rot in Fraser Fir Christmas Trees | NC State Extension Publications (ncsu.edu) (anglais)
Vous pouvez consulter les photos des stades de développement des bourgeons du sapin en cliquant ici.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
