
Conditions météo : fraîcheur et chaleur, peu de précipitations en général. Développement de la culture : un départ tardif, mais accélération des semis dans le sud et le centre de la province. Ravageurs : activité nulle ou très faible pour le moment, modèle prévisionnel pour le doryphore. Gestion des maladies : rien de spécial à signaler, prévention à la ferme du mildiou de la pomme de terre. Gestion des mauvaises herbes : début des interventions, choix du contrôle.
Pour la période du 9 au 15 mai 2025, du temps frais en début de période a laissé la place à de la chaleur subite à partir du 13 mai (régions du sud et du nord-ouest) et du 14 mai (dans les autres secteurs, sauf en Gaspésie). Le mercure a même dépassé le 30 °C par endroits (ex. : secteur nord de la province). À l’opposé, des nuits froides ont eu lieu le 11 et/ou 13 mai selon le secteur, avec du gel par endroits (consultez le sommaire agrométéorologique). Du côté des précipitations, elles ont été plutôt faibles, mais plus élevées dans le sud de la province et en Gaspésie, en début de période (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la prochaine semaine (soit du 16 au 22 mai), Environnement Canada prévoit une chute du mercure au cours des prochains jours pour se maintenir par la suite aux valeurs de saison ou en dessous. Des précipitations significatives (20 à 40 mm, ou plus, localement sous des averses parfois orageuses) sont également prévues de vendredi à mardi, selon la région.
Après une pause en début de période dans les régions du sud, les semis ont repris au cours des derniers jours avec un rythme plus rapide. Ailleurs, des producteurs du centre de la province ont pu débuter leurs plantations surtout à partir de mardi 13 mai, tandis que ceux plus à l’est et au nord sont encore en mode attente pour que les conditions s’améliorent. Un retard des chantiers par rapport à la saison dernière est mentionné par plusieurs producteurs; le sol est resté humide longtemps, malgré le peu de précipitations enregistrées par endroits. Voir le tableau plus bas sur l’avancement des semis et le stade phénologique atteint pour la primeur. Les semis les plus avancés sont au stade du début de la levée (périphérie de Montréal) et cela progresse plutôt rapidement avec la chaleur des derniers jours.
La température du sol (à 10 cm) a fait un bond remarquable avec la venue de la forte chaleur et l’assèchement graduel des sols, avec des valeurs maintenant au-dessus de 10 °C le matin en plusieurs endroits. Cela devrait avoir un impact positif sur le développement de la culture (germination et levée de la primeur). Une levée rapide permet de limiter le développement de pourriture de plantons et du rhizoctone brun sur des germes, entre autres.
Les livraisons de la majorité des semences seraient dans les temps cette année. Les collaborateurs rapportent une belle qualité en général. Le calibre serait plus petit, selon certains, en comparaison avec 2024, et/ou variable selon le lot et sa provenance, ce qui demande une bonne gestion au tranchage. Peu de pourritures ont été observées, sauf localement. Des cultivars comme 'Goldrush' seront moins mis en terre cette année à la suite de déclassement par la présence de virus (entre autres).
(en date du 15 mai 2025)
À noter que des stades peuvent avoir progressé rapidement par endroits sous la forte chaleur des derniers jours.
Régions | Superficies ensemencées1 | Stades de la culture (primeur) |
|
2025 | 2024 | ||
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | 35 à 50 % | 20 à 35 %2 | Tout début émergence à craquement du sol |
Outaouais | 0 à 40 % | ND3 | Début germination |
Lanaudière | 20 à 85 % | 60 à 100 % | Début émergence à craquement du sol |
Centre-du-Québec et Mauricie | 0 à 35 % | 20 à 90 % | Germination avancée à début germination |
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | 0 à 35 % | 25 à 100 % | Germination avancée à début germination |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | 0 à 2 % | 0 à 5 %2 | S. O. |
Les températures fraîches du début de la période n’ont pas été favorables aux insectes ravageurs, selon les collaborateurs qui ont débuté un suivi de parcelles dans le sud de la province. Aussi, contrairement à la saison dernière, il y a encore peu de parcelles au stade de la levée.
Pour les producteurs ayant opté uniquement pour un contrôle foliaire du doryphore de la pomme de terre, le modèle prévisionnel peut aider à compléter les visites au champ en ce début de saison. Par exemple, pour le secteur de Lanaudière, l’activité des premiers adultes devrait débuter vers le 24 mai (ce qui serait plutôt comparable à la saison dernière) et vers le 5 juin dans la région de Québec (un peu plus tard qu'en 2024).
Concernant les autres ravageurs d’intérêt à cette période-ci, les premiers rapports de collaborateurs indiquent une faible activité larvaire des vers fil-de-fer sur quelques plantons mis en terre. Ces insectes préfèrent les sols plus légers et sont généralement plus actifs entre la mi-mai et la fin juin, selon la région, lorsque la température du sol à 10 cm de profondeur est supérieure à 10 °C.
Aucun cas de pourriture de plantons ou d’infection par le rhizoctone brun sur les germes n’a encore été rapporté dans les parcelles suivies du sud et du centre de la province. Cependant, la dernière période de temps frais et les sols bien humides par endroits pourraient avoir initié des infections. Un suivi sera plus à faire après les précipitations à venir et le temps plus frais prévu.
Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n’a été répertorié en Amérique du Nord, ce qui limite à un seul cas depuis le début de la saison (en Floride). En ce début de saison, il est bon de rappeler que la prévention demeure essentielle pour lutter efficacement contre cette maladie par des pratiques qui peuvent être réalisées à la ferme :
- Une bonne gestion des volontaires (ou repousses de pomme de terre) dans les autres cultures en rotation (surtout si la maladie a été présente dans un de ces champs en 2024), en priorisant le désherbage mécanique si possible, avant l’option d’un désherbant chimique. La survie de ces volontaires à l’hiver est compromise si une température du sol sous -2,8 °C a eu lieu pendant au moins 120 heures, à 10 cm de profondeur (réf. : Wharton et Kirk, 2008).
- Une élimination des tas de rebuts ou déchets qui peuvent être présents sur l’entreprise. Cette pratique est toujours obligatoire au Québec et elle est encadrée par l’article 5 du Règlement sur la culture de pommes de terre qui stipule qu’« Entre le début de la levée et le défanage complet des plants de toute culture de pommes de terre, le propriétaire ou le gardien doit, de manière à éviter la propagation du mildiou, éliminer les rebuts de pommes de terre ou les garder dans un endroit fermé ou sous une bâche ».
- Le choix des outils de détection et de prévention. Par exemple : dépistage agricole, modèle prévisionnel (ex. : Miléos), capteurs de spores.
En 2025, le suivi de cas déclarés de mildiou se fera par un réseau de collaborateurs regroupant plusieurs intervenants des différentes régions, avec entre autres, une identification du génotype présent en cours de saison, si un premier cas positif se présentait.
Le contrôle mécanique ainsi que des applications de désherbants en prélevée de la culture ont débuté dans des secteurs du sud de la province. Cela devrait s’intensifier au cours de la semaine prochaine. Avant l’utilisation d’un produit désherbant, il est important de bien lire l’étiquette afin d’éviter certains inconvénients. Des collaborateurs rapportent que plus de producteurs ont opté pour un ou des produits autres que le linuron, en considérant ses risques élevés pour la santé. Pour des alternatives efficaces, un conseiller de votre région peut vous accompagner.
Le choix du désherbant devrait se faire selon les types de mauvaises herbes présentes dans les champs et leur pression. Il faut tenir compte également de la tolérance de la culture, selon le cultivar en présence (phytotoxicité). Un document touchant plus spécifiquement la métribuzine peut être consulté à ce sujet.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
