
Conditions météo : temps frais suivi de chaleur estivale, précipitations généralement à la baisse. Développement de la culture : poursuite des semis dans plusieurs régions, levée lente et croissance plutôt ralentie dans la primeur. Insectes : faible activité du doryphore, à suivre avec la chaleur à venir. Présence limitée d’autres ravageurs. Maladies : un peu plus de pourriture de plantons, peu de rhizoctone brun, prévention du mildiou. Gestion des mauvaises herbes : poursuite ou début des interventions, utilisation optimale des désherbants.
Pour la période du 23 au 29 mai 2025, le temps frais s’est prolongé partout en province au début de la période avec, entre autres, un mercure ne dépassant pas 10 °C les journées du 23 et/ou 24 mai. Par la suite, la température est remontée pour dépasser facilement les moyennes de saison à partir du 26 mai, atteignant des maximums jusqu’à 28-29 °C par endroits. Les nuits ont cependant continué à être fraîches et mêmes froides localement, mais plus douces en toute fin de période (consultez le sommaire agrométéorologique). Du côté des précipitations, il y en a eu en début (23 au 24 mai), puis en toute fin de période par endroits (29 mai). Les cumuls enregistrés ont été variables, un peu plus élevés dans des secteurs du centre et du sud de la province (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la prochaine semaine (soit du 30 mai au 5 juin), Environnement Canada prévoit du temps plus frais au cours de la fin de semaine, mais avec une hausse de la température par la suite, avec même un mercure au-dessus de 30 °C pour le 4 juin par endroits. Des précipitations intermittentes sont prévues de vendredi à dimanche, avec des quantités à priori faibles ou légères pour le secteur sud et ouest, mais plus importantes de Québec vers l’est et le nord.
Les rapports des collaborateurs font état d’une évolution plutôt lente de la culture, du moins avant la chaleur du 27 mai. La météo plus clémente des derniers jours et une amélioration des conditions des sols ont permis d’accélérer les chantiers pour les semis et même de les terminer pour certains producteurs. L’avancement des semis demeure très variable selon le type de sol (moins rapide en sol plus lourd), avec du retard en plusieurs endroits. Il reste surtout des variétés plus tardives à planter pour les secteurs sud et centre de la province. Concernant la levée, on rapporte par endroits des différences notables selon la texture du sol pour une même date de semis (plus rapide en sol léger). La levée demeure encore plutôt lente et graduelle dans des secteurs du sud et du centre de la province, en lien avec des nuits qui ont été fraîches. Cela devrait s’améliorer au cours des prochains jours avec une température du sol en hausse. Théoriquement, un sol chaud et plutôt sec aide à la germination des plantons, tandis que l’émergence est plus favorisée par un sol chaud et humide. Du croûtage à la surface du sol est signalé par endroits, à la suite du travail d’un sol trop humide et frais ainsi qu’à un phénomène de battance par la pluie. La décoloration du feuillage de jeunes plants a été observée par endroits dans le sud de la province (voir photos). Cela pourrait être relié à des facteurs météo défavorables (temps frais, humide, peu ensoleillé) et la situation devrait se résorber avec la venue du temps plus chaud et ensoleillé. Plus de détails sont disponibles dans le tableau 1 concernant l’avancement des semis et le développement de la culture en différentes régions.
(en date du 29 mai 2025)
| Régions | Superficies ensemencées1 | Stades de la culture (primeur)3 |
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| 2025 | 2024 | 2025 | 2024 | |
| Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | 70 à 80 % | 75 à 100 % | Plants 10-20 cm | Plants 20-30 cm |
| Outaouais | 50 à 100 % | 30 à 100% | Germination avancée | Début émergence |
| Lanaudière | 75 à 100 % | 100 % | Plants 10-15 cm | Plants 20-30 cm à début bouton floral |
| Centre-du-Québec et Mauricie | 20 à 100 % | 95 à 100 % | Levée à bouquets 5 cm | Plants 10-25 cm |
| Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | 50 à 100 % | 90 à 100 % | Craquement du sol à début levée | Plants 10-20 cm |
| Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | 0 à 60 %2 | 25 à 85 %2 | Début germination à germination | Germination à germination avancée |
Le temps frais et humide du début de la période a grandement retardé l’activité des principaux ravageurs, qui demeure faible ou même nulle selon le cas. Il y a donc un retard sur la saison dernière.
Du côté du doryphore de la pomme de terre, des observateurs du sud de la province rapportent la présence d’adultes sur des plants en bordure de parcelles, mais aussi en vol tout récemment, sans dommages à la culture. Aucune ponte n’est mentionnée. Plus au centre de la province, des adultes en nombre limité sont remarqués marchant sur le sol, mais ils sont encore en général absents. Avec les températures plus élevées prévues pour la semaine prochaine, l’émergence et la migration de ce ravageur vers les champs de pommes de terre devraient connaître une hausse notable, surtout pour les parcelles sans traitement insecticide appliqué au semis. Une surveillance accrue des bordures de champs adjacents à une parcelle en pomme de terre en 2024 devrait être réalisée afin de détecter les zones plus à risque. Selon l’intensité et l’historique de ce ravageur sur l'entreprise, ainsi que les conditions météorologiques en cours, une intervention de bordures de champ (ex. : 40-50 rangs) pour ralentir la migration des adultes et la ponte pourrait être envisagée, mais seulement en sites fortement infestés, et selon les données du dépistage.
Une activité de vers fil-de-fer est rapportée dans des régions plus centrales (ex. : Chaudière-Appalaches, Capitale-Nationale, Centre-du-Québec), à des niveaux faibles, sauf un peu plus en régie biologique. Aucune méthode de contrôle n’est possible lors de leur détection en champ après la plantation. Des dommages isolés de vers blancs sont aussi identifiés sur des plantons, mais très localement. Aucune activité de vers gris (noctuelles) n’a été rapportée dans les champs au stade de la levée, ces chenilles étant plus actives lors de nuits chaudes.
Avec la levée de la culture qui retarde un peu partout, aucun piégeage de la cicadelle de la pomme de terre n’a débuté du côté des collaborateurs. Normalement, la pose de pièges devrait se faire lors de la levée complète de la culture. Du côté d’autres cultures où un suivi de cet insecte est présentement réalisé, on ne rapporte pas de hausse de son activité, qui demeure faible à nulle.
En général, peu de pourriture de plantons est présentement rapportée en province malgré des sols bien humides sur une longue période (voir photo). La situation pourrait changer si le temps humide se poursuit et à la suite de plus de visites réalisées sur le terrain par des collaborateurs. Quelques cas plus importants sont mentionnés en Montérégie, mais il est encore trop tôt pour en déterminer l’incidence.
Du côté du rhizoctone brun, peu de symptômes sur des germes sont signalés, le tout se limitant à quelques parcelles du sud de la province présentement. Comme pour la pourriture des plantons, la situation pourrait changer si les conditions fraîches et humides se poursuivaient.
Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n’a été répertorié en Amérique du Nord, ce qui limite toujours à un seul cas depuis le début de la saison (en Floride). On rappelle que ce site inclut les cas qui lui sont rapportés, donc il n’est pas exhaustif. Le mildiou n'est pas mentionné dans les autres sources disponibles en Amérique du Nord.
Malgré l’incidence moins élevée du mildiou en 2024 dans la province, la prévention doit se poursuivre en 2025 et l’avertissement N° 2 du 16 mai 2025 peut être consulté pour des pratiques à mettre en place en ce début de saison. Les repousses issues des rebuts de pomme de terre sont la première source de contamination par le mildiou (inoculum de départ), en plus d’une semence potentiellement infectée. Il faut porter une attention plus spéciale aux parcelles qui ont présenté des symptômes de mildiou au cours des trois dernières années et qui demeurent propices à une apparition plus précoce du champignon.
GESTION DES MAUVAISES HERBES
Les applications de désherbants en prélevée de la culture se poursuivent ou débutent selon la région et/ou la date de semis. Des collaborateurs rapportent un bon contrôle des mauvaises herbes à la suite d’une intervention, avec les conditions de sols humides qui ont amélioré leur efficacité. Avec des températures plus chaudes en cours et à venir, il faut bien suivre le développement des germes dans le sol pour ne pas intervenir trop tard. Par exemple, pour des produits contenant du S-métolachlore (ex. : STRIM MTZ, BOUNDARY LQD), ils ne doivent pas être appliqués après la levée des pommes de terre ni au stade de la percée du sol (craquement), car un retard de développement et même une baisse de rendement peuvent survenir. La réaction à l’herbicide peut varier selon le cultivar de pomme de terre. Lorsqu’un herbicide est utilisé pour la 1re fois sur une nouvelle variété, il faut confirmer sa tolérance avant d’effectuer un traitement dans plusieurs champs la même année. Toujours bien lire l’étiquette du produit utilisé.
Pour en savoir plus sur le choix des buses adaptées au produit utilisé, il y a le lien suivant : Choix des buses de pulvérisation en grandes cultures. Information parfois méconnue de certains producteurs, l’étiquette des produits (dans les premières pages) mentionne des informations précieuses concernant le choix des buses, la pression de pulvérisation et le volume d’eau à utiliser pour chacun d’eux.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.




