Cultures maraîchères et fruitières en serre, Alerte No 1, 30 juillet 2025

Un premier cas de mildiou de la pomme de terre, causé par le pathogène Phytophthora infestans, a été détecté dans une serre individuelle en culture biologique, qui n’avait pas d’antécédant de cette maladie. Des problèmes de ventilation et d’irrigation ont créé un environnement chaud et humide, favorable au développement de la maladie. L’infestation semble être à ses débuts car seulement les feuilles basales étaient atteintes, pas les tiges ni les fruits. Le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ a confirmé l’identification de la maladie dans cette serre; c'est la souche US-23 qui est identifiée dans cet échantillon.

Le mildiou représente une menace majeure pour les cultures de solanacées, notamment la tomate et la pomme de terre, qui sont particulièrement vulnérables. Cette maladie se diffuse rapidement et peut détruire les plants en très peu de temps. En serre, elle peut également toucher les poivrons et les aubergines.

Les producteurs du Centre-du-Québec, région où a été détecté ce premier cas, sont invités à être d’autant plus vigilants, mais la maladie pourrait se propager dans d’autres régions, puisque les spores peuvent être transportés par le vent sur de grandes distances.
 
 
Cette maladie est visée par la Loi sur la protection sanitaire des cultures et le Réglement sur la culture de pommes de terre qui stipulent que, lorsque la présence du mildiou est confirmée ou qu’un indice de cette présence est constaté, les plants infectés doivent être détruits et des mesures doivent être prises pour éviter la propagation de la maladie, notamment l’application de fongicides homologués. La maladie n’est pas à déclaration obligatoire, sauf dans les zones de cultures protégées mises en place dans certaines municipalités des régions suivantes : Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Côte-Nord et Nord-du-Québec

 
Feuilles
Taches foncées et irrégulières sur les feuilles, qui peuvent avoir un aspect humide ou huileux. Parfois, à la face inférieure, un mycélium blanc grisâtre se développe. Par la suite, la feuille peut flétrir et sécher (photos 1 et 2).
 

Tiges
Taches irrégulières de couleur brun foncé à noire qui  apparaissent généralement au niveau de l’attache des pétioles ou à l’apex de la tige. Ces lésions peuvent s’étendre progressivement jusqu’à entourer entièrement la tige, ce qui peut provoquer sa rupture (photo 3).
 

Fruits
Taches brunes à l’aspect huileux, parfois accompagnées d’un mycélium grisâtre. Ces taches peuvent s’étendre sur l’ensemble de la surface et entraîner la pourriture des fruits (photo 4).
 

Pour prévenir efficacement l’apparition du mildiou, il est essentiel de maîtriser l’humidité à l’intérieur des serres, en optimisant à la fois la ventilation et la gestion de l’irrigation. Les conditions idéales pour le développement sont une humidité relative de plus de 90 % ou une mouillure prolongée du feuillage, des températures de jour entre 16 et 20 °C et des températures de nuit entre 10 et 15 °C. Afin de limiter son apparition et sa progression, il est recommandé de réduire la durée de mouillure du feuillage, notamment en appliquant des cycles courts de chauffage et de ventilation, répétés plusieurs fois au cours des nuits humides.

  La première chose à faire si la maladie est déclarée sur votre entreprise est de contacter votre conseiller afin d'établir les meilleures pratiques pour :

• Éliminer les plants affectés en les mettant dans des sacs poubelle afin d’éviter qu’ils touchent les autres plants dans la serre. La destruction peut être faite en brûlant le matériel ou à l’aide d’un herbicide de contact. Le compostage de ces déchets doit être évité.
• Traiter la serre à l’aide d’un fongicide. Bien qu’aucun fongicide ne permette d’éliminer la maladie, l’utilisation d’un fongicide homologué peut permettre de limiter la sporulation et la propagation. La liste des fongicides homologués contre le mildiou dans la tomate de serre, incluant ceux autorisés en régie biologique, est disponible sur le site Web SAgE pesticides.
• Respecter les mesures de biosécurité afin de limiter la propagation de la maladie (ex. : porter des gants et une combinaison de type Tyvek, nettoyer les outils, désinfection à la sortie de la serre, etc.).
• Poursuivre les actions pour contrôler l’humidité et favoriser une bonne aération des serres mentionnées plus haut.
• Retirer les mauvaises herbes, en particulier celles de la famille des solanacées comme les morelles (Solanum spp.), à l’intérieur et autour de la serre, car elles peuvent héberger le pathogène.
• À la fin du cycle de culture, procéder à un nettoyage et une désinfection complète des serres, accompagnée d’une élimination rigoureuse de tous les résidus végétaux infectés. Pour en savoir plus sur les bonnes pratiques et produits, consultez la Fiche technique Le nettoyage et la désinfection des serres.

 
En cas de contamination, il est recommandé d’informer les producteurs voisins cultivant des solanacées, notamment des tomates et des pommes de terre. De plus, les producteurs sont encouragés à contacter un conseiller du MAPAQ du bureau régional le plus proche. En tout respect de la confidentialité de l’entreprise touchée, le ministère entreprendra des mesures pour s’assurer qu’un dépistage plus soutenu soit réalisé dans la zone affectée. Les instances municipales seront interpellées pour qu’elles participent à la diffusion des informations sur la maladie afin d’éviter que les potagers de particuliers puissent être une source de contamination pour les entreprises agricoles.

Pour approfondir vos connaissances sur le mildiou, vous pouvez consulter les ressources suivantes :
 

• Cultures maraîchères et fruitières en serre, Avertissement N° 2 du 5 mars 2024;
• Fiche de reconnaissance et prévention Le mildiou, une maladie à surveiller;
• Guide pratique Mildiou de la tomate en champ;
• IRIIS Phytoprotection Mildiou (syn. Brûlure tardive) - Tomate.

Cette alerte a été rédigée par Carlos Baez, agronome, M. Sc., Dany Boudreault, T.P. (Climax Conseils) et Isabelle Fréchette, agronome (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du sous-réseau Cultures maraîchères et fruitières en serre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.