
Légionnaire uniponctuée : dommages rapportés dans certaines localités. Puceron du soya : populations en hausse, le dépistage doit se poursuivre. Surveillez les dommages occasionnés par les criquets. Pourriture à sclérotes : risque faible dans la majorité des régions. Ver-gris occidental du haricot : augmentation des papillons et des masses d'œufs. Chrysomèles des racines du maïs : surveillance des populations et des dommages dans les champs à risque.
Au cours de la dernière semaine, des larves de légionnaires uniponctuées ont été observées dans des champs de maïs, de céréales et dans des prairies de graminées, présentant des dommages plus ou moins importants selon les secteurs. De grosses larves presque matures (2,5 à 3,5 cm) et de la défoliation parfois importante ont notamment été observées en Outaouais (Montcerf-Lytton et Shawville), dans les Laurentides (Brébeuf, Mont-Saint-Michel et Saint-André-d’Argenteuil), dans Lanaudière (Saint-Ambroise-de-Kildare, Saint-Gabriel-de-Brandon et Saint-Damien) et en Abitibi-Témiscamingue (Saint-Édouard-de-Fabre).
Lorsqu’elles deviennent matures, les larves de légionnaires uniponctuées cessent de s’alimenter pour se transformer en chrysalides dans le sol. Les larves actuellement observées semblent avoir complété une bonne partie de leur développement larvaire. Elles sont trop grosses pour effectuer une application d’insecticide. Dans les prairies de graminées, la fauche va permettre de blesser et de tuer une bonne partie des larves. Ces dernières peuvent aussi être attaquées et parasitées par des ennemis naturels.
Si vous observez des larves dans vos champs, vous pouvez les envoyer au CÉROM qui effectue le suivi des ennemis naturels. Envoyez un courriel à rapcerom@cerom.qc.ca pour connaître la procédure d’envoi.
Les larves de légionnaire uniponctuée peuvent mesurer 3,5 cm à maturité. Elles ont un corps de couleur variable (verdâtre, gris pâle, gris foncé ou brun). Ce qui les distinguent des autres larves sont leurs deux bandes latérales blanches lisérées d’orangé. La tête est orangée avec des motifs réticulés. Elles possèdent trois paires de pattes thoraciques et cinq paires de fausse-pattes abdominales.
Pour de plus amples renseignements, consultez la fiche technique Légionnaire uniponctée.
Les larves sont des défoliatrices et consomment principalement le feuillage de plusieurs graminées, dont le maïs, les céréales et les prairies de graminées. La présence des légionnaires uniponctuées peut être détectée en observant une importante consommation des feuilles et/ou la présence d’excréments ronds, notamment dans le collet des feuilles de maïs. Ne pas confondre avec les dommages et les excréments de criquets qui sont similaires à ceux de la légionnaire. Cependant, les excréments de criquets sont habituellement de forme plus allongée (cylindrique).
Les populations du puceron du soya sont en augmentation dans la plupart des sites dépistés. Seulement deux sites ont atteint le seuil d’alerte de 250 pucerons par plant (Mirabel et Saint-Jean-sur-Richelieu) alors que cinq sites s’en approchent. Ces champs seront à suivre dans les prochains jours afin de voir l’évolution des populations. La moyenne provinciale a également augmenté cette semaine pour atteindre 69 pucerons par plant. Cliquez ici pour consulter les données par site.
Les ennemis naturels sont présents dans presque tous les champs suivis (94 % des sites). Les prédateurs, comme les coccinelles, les syrphes et les punaises prédatrices sont les plus présents, mais les parasitoïdes et les champignons entomopathogènes sont en augmentation. Leur présence devrait aider au contrôle des populations de pucerons.
Pour rappel, dans les champs qui atteignent le seuil d’alerte et qui sont encore à un stade sensible (R1 à R4), il est recommandé d’augmenter la fréquence des dépistages aux trois à sept jours pour suivre l’évolution des populations de pucerons et d’ennemis naturels, le stade physiologique du soya ainsi que le stress causé aux plants. Si les populations augmentent de plus de 35 % lors de ces dépistages, l’application d’un traitement insecticide foliaire peut être envisagée. Dans ce cas, il est essentiel de se référer à la Stratégie d’intervention recommandée au Québec contre le puceron du soya et de consulter SAgE pesticides afin d’identifier les produits homologués et appropriés à la situation.
Pour plus d’information, consultez l'avertissement N° 16 du 25 juillet 2025.
J. Saguez1, A. Marcoux2, C. Rieux2, V. Samson2, G. Régimbald2 et A. Akpakouma2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
La présence importante de criquets (souvent appelés à tort « sauterelles ») a été rapportée au RAP Grandes cultures dans plusieurs régions. Des cas de dommages importants ont aussi été observés dans le maïs (Outaouais), dans le soya (Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches) et dans les céréales (Bas-Saint-Laurent). Les spécimens étaient souvent nombreux et de différentes tailles (nymphes et adultes).
Photos : M.-P. Alarie (GCA Abitibi-Témiscamingue)
La défoliation qu’ils provoquent pourrait éventuellement entraîner des pertes considérables de rendement et/ou de qualité de la récolte. Il est donc important de surveiller régulièrement ces ravageurs, idéalement tous les 2-3 jours, afin de suivre l’évolution des populations et des dommages. Cette vigilance est importante lors de conditions chaudes et sèches, car ces dernières peuvent favoriser leur développement et leur voracité. Surveillez les champs avec présence de graminées cultivées ou adventices et les champs à proximité de cultures de graminées récemment récoltées ou désherbées, car les criquets se déplacent généralement des bordures vers l’intérieur des champs et d’un champ à l’autre. Il est important de vérifier s’il y a des dommages. Les criquets peuvent parfois être abondants sans pour autant causer de dommages aux cultures. Cela a déjà été observé dans un champ de maïs au Bas-Saint-Laurent, sans dommages importants, puisque les criquets s’attaquaient à la luzerne volontaire et d’autres mauvaises herbes plutôt qu’au maïs. Il faut aussi considérer le stade de la culture dans la prise de décision de traiter ou non.
Au Québec, aucun seuil d’intervention n’a été validé. Toutefois, dans le soya, une intervention phytosanitaire est justifiée lorsqu’il y a 30 % de défoliation des plants.
Si les dommages causés par les criquets sont suffisamment importants, un traitement insecticide pourrait être envisagé. Dans ce cas, le traitement sera plus efficace si une majorité des criquets présents sont encore au stade nymphal (absence d’ailes) et qu’ils s’alimentent activement du feuillage des cultures. Avant d’intervenir, consultez la liste des produits homologués sur SAgE pesticides, en fonction de la culture concernée.
Pour de plus amples renseignements, consultez la fiche technique Les criquets en grandes cultures : biologie, dépistage et stratégie d’intervention.
Aucune nouvelle apothécie n’a été observée cette semaine dans les dépôts de sclérotes des 35 champs suivis par le RAP et le CÉROM. La seule observation d’apothécie date du 8 juillet dernier, dans un champ situé à Mirabel. Selon les modèles prévisionnels, les risques d'apparition d'apothécies sont actuellement faibles (voir tableau plus bas).
En plus de tenir compte du niveau de risque prédit par le modèle pour votre région, les facteurs suivants favorisent la production et le développement de la maladie :
- Un historique de la maladie;
- Un sol humide dans les 5 premiers centimètres;
- Des rangs fermés à plus de 50 % (ce qui favorise un sol humide);
- Des températures fraîches (< 22 °C);
- Le niveau de résistance du cultivar;
- La densité ou la population des plants au champ (une densité élevée favorise un sol humide);
- Le stade de développement du soya : le soya est sensible du stade R1 (début de la floraison) à R3 (premières gousses) (les spores infectent le soya par les fleurs).
Les sclérotes nécessitent un minimum de dix jours de sol humide, et ce, dans les 5 premiers centimètres, pour produire des apothécies. Les nombreuses journées chaudes ont asséché le sol, réduisant les risques d’apparition des apothécies.
Afin de déterminer si un traitement préventif est requis, le suivi des champs est nécessaire en prenant soin de noter le stade de développement du soya, d'évaluer si la canopée est fermée et de vérifier l’humidité du sol.
| Région | Stade du soya | Niveau de risque moyen | Niveau de risque moyen (valeur) | Nombre de site |
| Capitale-Nationale | R2 | Faible | 43 | 1 |
| Centre-du-Québec | R4 | Faible | 27 | 1 |
| Chaudière-Appalaches | R1 à R4 | Faible | 48 | 1 |
| Estrie | R3 à R4 | Faible | 23,3 | 3 |
| Montérégie-Ouest | R3 | Faible | 44 | 2 |
| Outaouais | R2 à R3 | Faible | 38 | 2 |
| Laurentides | R2 à R3 | Faible | 37 | 2 |
Légende : risque faible = 0 à 49; risque modéré = 50 à 55; risque élevé = 55 et +
Pour plus d'information sur la maladie, consulter la fiche technique La pourriture à sclérotes chez le soya.
VER-GRIS OCCIDENTAL DU HARICOT : PAPILLONS ET MASSES D’ŒUFS EN AUGMENTATION
J. Saguez1, V. Samson2, J. Breault2, C. Rieux2 et G. Régimbald2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
Les captures de papillons du ver-gris occidental du haricot (VGOH) affichent une légère hausse dans la majorité des régions du Québec. Toutefois, des augmentations marquées ont été observées en Abitibi-Témiscamingue et en Outaouais. Le maïs se trouve actuellement à un stade de développement vulnérable dans presque toutes les régions (émergence des panicules). Des masses d’œufs ont été observées dans une douzaine de champs parmi la cinquantaine qui sont suivis par le RAP Grandes cultures. Des infestations dépassant les seuils d’intervention ont été observées dans le secteur de Saint-Anicet (Montérégie-Ouest) et dans le secteur de Mascouche (Lanaudière).
Rappelons que le nombre de papillons capturés n’est pas corrélé au nombre de masses d’œufs pouvant être observées dans un champ. En effet, en Abitibi-Témiscamingue, bien qu’il y ait des captures importantes de papillons dans les pièges, aucune masse d’œufs n’a été observée dans les champs dépistés à proximité. À l’inverse, en Montérégie, peu de papillons ont été capturés, mais un champ a tout de même dépassé le seuil d’intervention de 5 plants infestés par les masses d’œufs.
Le dépistage des masses d’œufs est la seule façon de déterminer si le seuil d’intervention a été atteint. Le seuil est basé sur le nombre de masses d’œufs observées au cours des différents dépistages. Chaque semaine, les masses d’œufs sont dépistées sur 100 plants répartis dans 10 stations aléatoirement distribuées dans le champ (10 plants consécutifs sur un même rang dans chaque station). Le nombre de plants infestés chaque semaine est additionné d’une semaine à l’autre. Lorsqu’un cumul de 5 plants sont infestés au cours d’un ou de plusieurs dépistages, le seuil d’intervention est atteint.
Pour les champs qui sont semés avec un hybride Bt Vip3A (consulter la liste des maïs exprimant des protéines insecticides), il n’est pas nécessaire d’intervenir puisque le maïs est normalement protégé contre le VGOH.
Si le champ dépasse le seuil d’intervention, il est important d’évaluer la présence d’ennemis naturels (coccinelles, punaises Orius, trichogrammes, etc.) lors des dépistages. Ces derniers peuvent consommer ou parasiter les masses d’œufs et les jeunes larves de VGOH. Aux États-Unis, si les ennemis naturels sont abondants, le seuil d’intervention augmente à 8 % de plants infestés par des masses d’œufs.
Si un traitement insecticide était envisagé, consultez la liste des produits homologués dans SAgE pesticides.
Pour en savoir plus sur le dépistage du VGOH
- Fiche technique Ver-gris occidental des haricots dans le maïs (grain et ensilage);
- Vidéo Le Ver-gris occidental des haricots : biologie, dépistage et stratégies d’intervention.
J. Saguez1, S. Mathieu2, V. Samson2, G. Régimbald2 et J. Breault2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
L’émergence des chrysomèles des racines du maïs (CRM) a bien débuté. Il y a deux espèces présentes au Québec, les CRM de l’ouest (jaunes, avec des bandes noires plus ou moins diffuses) et les CRM du nord (vertes).
Photos : J. Saguez (CÉROM)
Quelques cas de populations élevées ont été rapportées au RAP Grandes cultures cette semaine, notamment dans le secteur de Saint-Anicet (Montérégie-Ouest), de Saint-Guillaume (Centre du Québec), de Saint-Elzéar et de Saint-Lambert-de-Lauzon (Chaudière-Appalaches). La surveillance des champs de maïs est donc importante, notamment pour suivre le développement de la résistance des chrysomèles aux protéines Bt.
Voici quelques conseils pour mieux surveiller cet insecte et cibler les champs à risque :
- Si vous semez du maïs de façon continue, vos champs sont plus à risque d’avoir des populations de CRM abondantes et des dommages. Rappelons que la rotation des cultures, notamment avec la culture du soya, brise le cycle de développement de cet insecte et constitue une stratégie de gestion efficace.
- Vérifiez si votre maïs est protégé contre les CRM en consultant l’étiquette de votre hybride pour savoir s’il contient une des technologies qui protège votre maïs : les protéines Bt et/ou la technologie ARNi. Selon le tableau des maïs exprimant les protéines insecticides, les hybrides qui possèdent l’une de ces technologies sont normalement protégés :
| Manufacturier | Noms commerciaux des technologies conférant une protection contre la CRM |
| Syngenta | Agrisure®3000 GT |
| Agrisure® 3122 E-Z Refuge® | |
| Agrisure Viptera® 311 | |
| Duracade® | |
| DuracadeViptera® | |
| Corteva | Optimum® AcreMax® Xtreme |
| Qrome® | |
| SmartStax® Refuge Advanced | |
| SmartStax® | |
| Vorceed™ Enlist™ | |
| Bayer | SmartStax® RIB Complete® |
| SmartStax®Enlist™ | |
| SmartStax® RIB Complete® | |
| SmartStax®PRO avec Technologie ARNi | |
| VT4PRO™ avec Technologie ARNi |
Si vous utilisez des hybrides Bt qui ciblent la chrysomèle et que vous observez des populations importantes dans vos champs, il est possible que vous ayez un cas de résistance.
Procédure à suivre si vous suspectez de la résistance
Pour confirmer que vous avez de la résistance :
- Valider que votre maïs exprime bien une technologie Bt Chrysomèle en faisant réaliser d’un test moléculaire;
- Faire le décompte du nombre de CRM/plant;
- Évaluer les dommages sur les racines et sur les parties aériennes des plants.
Contactez votre responsable régional du MAPAQ au RAP Grandes cultures, votre semencier et le CÉROM (julien.saguez@cerom.qc.ca) pour évaluer s’il s’agit d’un cas de résistance ou non. Le CÉROM collectera aussi des spécimens de CRM dans la cadre d’un projet de recherche pour évaluer la résistance des insectes.
Pour plus d’informations, consultez la fiche technique Les chrysomèles des racines du maïs en grandes cultures.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.





