
Météo : températures chaudes avec peu de précipitations. Développement de la culture : croissance variable selon la région et la parcelle; poursuite des récoltes de primeurs avec des rendements bons à moyens. Maladies : premier cas de mildiou au Québec (dans la tomate), avec conditions favorables par endroits; progression plutôt généralisée de la brûlure hâtive en province; hausse d’autres maladies dites de faiblesse (verticilliose, dartrose). Insectes : doryphore avec une activité variable; cicadelle de la pomme de terre avec une pression qui demeure généralement faible, sauf localement; altises et pucerons à surveiller; autres ravageurs peu problématiques.
Pour la période du 25 au 31 juillet 2025, du temps chaud et souvent humide le jour a dominé un peu partout en province, moins pour des secteurs plus au nord et à l’est, alors qu’une baisse du mercure a eu lieu en mi-période. Des valeurs dépassant le 30 °C ont été enregistrées sur quelques jours dans le sud de la province. Les nuits plutôt fraîches en début de période sont devenues chaudes par la suite par endroits pour redevenir fraîches en fin de période (consultez le sommaire agrométéorologique). Des précipitations éparpillées ont eu lieu, mais la majorité du temps légères. Cependant, des orages locaux plus intenses ont donné des cumuls élevés localement, comme dans la Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches le 25 juillet, avec 30 à 50 mm par endroits (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la nouvelle période qui débute (soit du 1 au 7 août), Environnement Canada prévoit des températures plutôt fraîches au début, mais augmentant par la suite pour dépasser à nouveau les moyennes de saison, moins rapidement dans les secteurs plus au nord et à l’est. Peu de précipitations sont annoncées, survenant de samedi à lundi selon la région, si c’est le cas.
Le temps chaud avec peu de précipitations a affecté le développement de la culture par endroits. Malgré cela, le tout progresse quand même correctement en général, mais la venue de temps moins chaud avec des précipitations aiderait. Des signes de stress commencent à être visibles dans certaines parcelles (ex. : flétrissement le jour, palissement du feuillage). On rapporte des conditions de sol durci (travail d’un sol trop humide au printemps) dans certains secteurs. Dans le sud et le centre, les parcelles de primeur varient du stade sénescence à dépérissement, celles de mi-saison de fin floraison à maturation (ou tassement), tandis que celles plus tardives montrent une belle croissance végétative en plusieurs endroits, lorsqu'en présence d’une bonne couverture des entre-rangs (voir photo 1). On rapporte à nouveau des cas de fissures de croissance et un tout début de cœur creux, mais pour des cultivars plus à risque et à des endroits qui ont reçu des précipitations plus importantes. La pratique de l’irrigation est plutôt généralisée en province, même dans des secteurs ayant reçu plus de précipitations en cours de période. Par endroits, les apports en eau se sont faits en continu. Les récoltes de primeurs se poursuivent dans les régions du sud et du centre. Les rendements rapportés sont variables selon le marché visé (ex. : bons pour la croustille et dans la moyenne pour la table). La qualité est belle. Le développement de mauvaises herbes s’est accentué, surtout dans les parcelles avec des plants en sénescence, dépassant la canopée. Les espèces présentes sont principalement les chénopodes et l’herbe à poux comme des espèces en présence.
Mildiou
Un 1er cas de mildiou de la pomme de terre pour la saison 2025 au Québec a été rapporté ces derniers jours dans le Centre-du-Québec. Fait particulier, cette détection a été faite dans une serre (fermée) de tomates et isolée de productions en pomme de terre. La souche US-23 a été identifiée, soit la même que lors des saisons 2022 à 2024. Même si les conditions de développement du champignon peuvent être différentes en serre qu’en champ, la vigilance s’impose. Les producteurs de pommes de terre de cette région en particulier doivent intensifier le suivi de leurs champs et ce, malgré le temps plus sec prévu.
Au cours de la dernière période, les risques de développement et de sporulation du champignon ont varié passablement en province. On rappelle que même si peu de précipitations sont prévues, des conditions d’hygrométrie élevée (ex. : longue période de mouillure du feuillage, humidité de l’air supérieure à 87 % la nuit sur une certaine période et moins longue par nuit plus chaude) favorisent le développement du champignon. La pratique de l’irrigation peut également augmenter les risques.
Une protection régulière de la culture doit être maintenue en adaptant la fréquence d’application et le choix du produit selon les conditions météorologiques en cours et celles à venir. Il convient de rester vigilant jusqu’au défanage complet des champs.
Si la présence du mildiou est suspectée dans votre région ou dans une de vos parcelles, il ne faut pas hésiter à communiquer avec votre conseiller agricole ou l’avertisseur du RAP Pomme de terre. En cas de doute, les producteurs sont encouragés à soumettre un échantillon au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ pour une identification.
Ailleurs au Canada, aucun nouveau cas n’a été rapporté en Ontario en cours de période (le premier remontant au 17 juillet) et aucun ailleurs au Canada. Pour un suivi par capteurs de spores au Québec, le site Airspore peut être consulté au besoin. Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, un nouveau cas a été rapporté dans l’ouest de l’État de New York, ce qui porte le total à 3 pour cette région.
Une liste des produits homologués pour le contrôle du mildiou est disponible sur le site Web de SAgE pesticides et/ou celui du Profil ontarien pour la protection des cultures.
Brûlure hâtive
Les conditions météo passées et en cours favorisent le développement de la brûlure hâtive dans plusieurs secteurs de la province. Ce sont surtout les cultivars de primeurs et certains de mi-saison qui sont plus touchés, étant en phase de sénescence, de dépérissement ou sous stress (ex. : sécheresse, carences minérales, dommages par des insectes). Les cultivars plus tardifs présentent aucun ou très peu de symptômes. Les espèces Alternaria solani (type pathogène) et Alternaria alternata (type d’organisme de faiblesse) ont été identifiés par endroits. Des taches nécrotiques diverses et souvent d’origine abiotique peuvent être confondues avec la brûlure hâtive, d’où la nécessité d’une identification en laboratoire.
Voici des observations concernant d’autres maladies suivies par le RAP Pomme de terre :
- Jambe noire : généralement peu de progression dans les cas déjà rapportés. Peu de nouveaux cas signalés. Symptômes plus visibles lors de l’évasement ou le tassement des plants en sénescence. Ne pas confondre avec la dartrose.
- Dartrose : plus de cas identifiés dans les secteurs du sud et du centre de la province, avec une incidence variable. Une fois identifiée dans un champ, la dartrose, une maladie de faiblesse et de sénescence de plants, est difficilement contrôlable en cours de saison.
- Plants virosés : pas de changement sur la semaine dernière, avec plusieurs cas rapportés pour plusieurs cultivars, pouvant contribuer à une sénescence plus rapide des plants atteints.
- Gale commune : peu de cas rapportés, sauf localement (ex. : Montérégie), aux endroits ayant reçu moins de précipitations, variable selon le cultivar.
- Flétrissure verticillienne : hausse notable de symptômes ou début selon le cas, et ce dans plusieurs régions. Plusieurs cultivars sont touchés, à la faveur de conditions environnementales propices, contribuant au dépérissement de plants. Des cultivars sont plus tolérants que d’autres et c’est le moment de prendre cette observation en note lors des visites en champ.
- Moisissure blanche (pourriture sclérotique) : un peu plus d’observations rapportées, sans impact sur la culture, sous la forme de mycélium sur du feuillage touchant le sol, dans des champs plus végétatifs, dans le centre et le sud de la province. Il n'y a rien sur les tiges pour le moment.
- Moisissure grise (Botrytis) : hausse des symptômes dans des parcelles plus végétatives, dans le fond d’allées mais aussi sur du feuillage médian de plants, sans impact sur la culture. À ne pas confondre avec le mildiou.
En général, l’activité des principaux ravageurs demeure prévisible et sous contrôle, malgré la chaleur en cours de période.
Les adultes estivaux du doryphore de la pomme de terre sont plus actifs par endroits dans le sud de la province, avec un début de ponte et de larves. Un contrôle est parfois nécessaire, localement. Dans les régions plus centrales, la même situation se présente, mais avec moins de pression des adultes d’été en général, si le contrôle de la 1ère génération a été bien réalisé. Ailleurs en province, les larves sont présentes, sans contrôle nécessaire, mais le suivi se poursuit. Par endroits, des punaises soldats qui effectuent un contrôle du doryphore sont en action (voir photo 3). On rappelle que si une intervention est requise pour des individus de la 2e génération, il faut opter pour un produit de contrôle de groupe chimique différent de celui utilisé lors du contrôle de la 1ère génération et aussi tenir compte de la date du défanage ou de la récolte prévus pour justifier un traitement ou non.
L’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a généralement peu progressé en cours de période, sauf localement, selon le piégeage et le suivi fait en champ par les collaborateurs (captures variant de 5 à 15 adultes/piège/semaine en moyenne). Dans certains secteurs de la Montérégie et de la région de Québec, des captures sur pièges collants jaunes dépassant le seuil indicatif de 25 adultes/piège/semaine ont été compilées très localement, dans des parcelles sans insecticide appliqué au semis. Un peu plus d’activité de nymphes a aussi été observée, mais avec peu de symptômes foliaires associés. La poursuite du dépistage demeure nécessaire surtout avec le temps sec et chaud à venir. Les symptômes peuvent apparaitre plusieurs jours après l'activité des CPT.
Voici des observations concernant d’autres ravageurs suivis par le RAP Pomme de terre, en cours de période :
- Punaise terne : faible présence d’adultes et de dommages foliaires rapportés, dans des têtes de plants.
- Altise à tête rouge : hausse d’activité et de dommages foliaires à la suite du temps plus chaud et sec, principalement dans des secteurs du sud de la province (Montérégie, Lanaudière). Aucun seuil d'intervention n'est établi pour ce bioagresseur dans la pomme de terre.
- Pucerons : une hausse de leur présence est rapportée dans des secteurs du centre (parcelles commerciales) et de l’est de la province, principalement dans l’étage supérieur de plants et production de miellat luisant sur le feuillage. Les auxiliaires (ex. : coccinelles, syrphes) aident généralement à contrôler les populations. Mais sous plus forte pression et par temps chaud prévu, un contrôle avec un produit phytosanitaire peut être nécessaire, parfois en association avec le contrôle d’autres insectes comme la CPT. En plus du dépistage visuel en champ, l'activité des pucerons peut être détectée sur des pièges collants jaunes.
- Tétranyque à deux points : tout début d’activité, très localement, sous du plus vieux feuillage, en bordure de quelques champs (Capitale-Nationale). Le temps chaud et sec favorise leur activité, avec souvent une migration en bordure de champ à la suite de la sénescence de mauvaises herbes. Ces acariens, difficilement visibles à l'œil nu, se retrouvent sous le feuillage des plants. Il n'y a pas de seuil de nuisibilité connu dans la pomme de terre.
- Psylle de la pomme de terre : aucune capture n’a eu lieu dans le cadre des activités d’un piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Mathieu Côté, agronome et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

