
Conditions météo : fin de semaine fraîche et pluvieuse, suivie de chaleur estivale. Développement de la culture : poursuite des semis dans plusieurs régions, levée lente et croissance plutôt ralentie dans la primeur. Insectes : hausse de l’activité du doryphore, encore restreinte pour d’autres ravageurs. Maladies : pourriture de plantons en hausse, de même que la présence de rhizoctone brun à certains endroits, poursuite de la prévention du mildiou. Gestion des mauvaises herbes : poursuite ou début des interventions, avec une bonne efficacité et peu de phytotoxicité.
Pour la période du 30 mai au 5 juin 2025, du temps frais a fait un retour en début de période avant une hausse du mercure à des valeurs au-dessus de la moyenne à partir du 3 ou 4 juin selon le secteur. Le mercure a même atteint 29 à 31 °C un peu partout en province le 4 juin. Les nuits ont été à nouveau fraîches et même froides par endroits, par moments (ex. : 2 °C en Mauricie et 0 à 2 °C dans des secteurs de Portneuf, le 3 juin) (consultez le sommaire agrométéorologique). Du côté des précipitations, elles ont eu lieu principalement en début de période (30 et 31 mai) avec des cumuls plus importants au centre et dans l’est de la province (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la nouvelle période qui débute (soit du 6 au 12 juin), Environnement Canada prévoit des températures en général au-dessus de la moyenne pour le sud et le centre de la province, et plus près des moyennes de saison ailleurs. Des précipitations plutôt faibles sont prévues pour samedi, et plus significatives mardi. Finalement, la fumée pourrait affecter certains secteurs de la province au cours des prochains jours.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Pour une deuxième semaine consécutive, des conditions en deux temps (frais et pluvieux, puis chaud et plus sec) ont retardé des travaux au champ. La progression de la culture demeure plutôt ralentie en plusieurs endroits, avec entre autres une levée qui retarde. La température du sol est demeurée encore plutôt fraîche pour la date, mais avec une hausse notable en fin de période (voir un exemple à la figure 1). Les sols de certaines parcelles ne se sont pas ressuyés aussi rapidement et uniformément que prévu et des zones humides sont encore bien visibles. L’avancement des semis varie toujours selon le producteur et le type de sol, avec des conditions qui n’ont pas été des plus idéales depuis le début de la saison. Il reste encore des superficies à semer un peu partout en province et les producteurs espèrent une météo collaboratrice dans les prochains jours afin de compléter le tout. Une fois levée, la culture se développe plutôt bien, mais on observe encore un retard notable par rapport à la saison dernière. La décoloration du feuillage de jeunes plantules mentionnée dans l’avertissement N° 4 du 30 mai 2025 s’est grandement atténuée, comme cela était attendu. Le tableau 1 présente l’avancement des semis et le développement de la culture en différentes régions.
Tableau 1 : État d'avancement des semis et stade de développement de la primeur pour des producteurs types, rapportés par les collaborateurs du RAP (en date du 5 juin 2025)
| Régions | Superficies ensemencées1 | Stade de la culture (primeur)3 |
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| 2025 | 2024 | 2025 | 2024 | |
| Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | 80 à 90 % | 100 % | Plants 20-30 cm | Boutons floraux |
| Outaouais | 75 à 100 % | ND | Plants 6-10 cm | ND |
| Lanaudière | 90 à 100 % | 100 % | Plants 20 cm | Boutons floraux à tout début floraison |
| Centre-du-Québec et Mauricie | 55 à 100 % | 100 % | Plants 8-15 cm | Début bouton floral |
| Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | 70 à 100 % | 100 % | Plants 5-15 cm | Plants 25-35 cm |
| Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | 20 à 100 %2 (moy : 60-80 %) |
75 à 100 %2 | Germination avancée | Émergence |
GESTION DES RAVAGEURS
Les grandes variations des températures ont affecté l’activité de plusieurs insectes en cours de période. Peu de progression a été rapportée par les collaborateurs, sauf exception. La venue de températures plus chaudes et surtout les nuits moins fraîches devraient cependant stimuler certains d’entre eux au cours des prochains jours.
Une hausse de l’activité des adultes du doryphore de la pomme de terre est rapportée avec les récentes journées chaudes, principalement dans le sud, mais aussi au centre de la province. L'activité demeure encore plutôt limitée avec même une absence du ravageur dans certains champs. La colonisation des plants est débutée en bordure de parcelles adjacentes à un champ qui était en pomme de terre en 2024. Plus d’envolées sont aussi mentionnées, mais peu de dommages de nutrition pour le moment. Les traitements insecticides au semis (planton, sillon) montrent une bonne efficacité avec des observations d’adultes morts, au sol (voir photo 1). Les températures du sol présentement en hausse devraient favoriser l’émergence des adultes.
Quelques collaborateurs du sud et du centre de la province ont installé tout dernièrement des pièges pour le suivi de la cicadelle de la pomme de terre, dans des parcelles plus avancées végétativement. Dans les autres cultures où un suivi de cet insecte est réalisé depuis quelques semaines, les populations sont faibles ou même nulles. C’est un contraste avec la saison dernière où on notait des captures jusqu’à 20 individus/piège/semaine dans des parcelles du sud de la province à la même période.
Concernant les autres ravageurs d’intérêt, de nouvelles activités de vers fil-de-fer ont été identifiées, principalement dans le secteur centre de la province. Les dommages demeurent restreints et localisés. Il est bon de rappeler qu’aucune méthode de contrôle n’est possible lors de leur détection en champ après la plantation. Aucune activité de vers gris (noctuelles) n’a été rapportée pour le moment dans les parcelles au stade de la levée. Mais avec une levée plus lente que d’habitude en plusieurs endroits, cela pourrait rendre la culture plus susceptible à des attaques par ces chenilles, advenant des nuits plus chaudes. C’est donc à surveiller, particulièrement dans les sites avec un historique de dommages. Aucune mention d’activité d’adultes de la punaise terne et d'altises n’est signalée.
GESTION DES MALADIES
Des collaborateurs du sud et du centre de la province rapportent une incidence à la hausse de pourriture de plantons, particulièrement dans les sols à texture plus lourde. Cela touche plusieurs parcelles et cultivars, mais à différents degrés d'intensité. Il faudra attendre jusqu’à la semaine prochaine pour mieux connaître l’ampleur du problème. Des observations indiquent que des pourritures sont présentes malgré une bonne préparation de la semence avant la plantation et parfois pour des semences rondes. Le croûtage de la surface du sol pourrait avoir contribué au développement de pourritures par asphyxie des plantons. Certains sols pourraient être aérés lorsque c’est possible afin de limiter les dommages et de favoriser une levée plus rapide. Les producteurs sont donc invités à aller échantillonner leurs champs afin de vérifier la condition des plantons. Le document Problèmes à la levée (en anglais) peut être consulté pour aider à déterminer les causes possibles du manque à la levée.
Des observations à la hausse de rhizoctone brun sont signalées dans certaines régions, mais en situation de sols restés très humides sur une longue période. Une levée lente dans un sol frais n’est pas étrangère à cette situation.
Selon le site Web PlantAid, par USA Blight, aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n’a été répertorié en Amérique du Nord.
Il demeure important de débuter un suivi du mildiou dès que des conditions favorables se présentent, et ce, pour les parcelles plus avancées. Le développement du champignon est principalement favorisé par une humidité de l’air élevée (plus de 88 %), des précipitations ainsi que des températures surtout entre 12 et 24 ºC sur une certaine période. Pour la gestion du mildiou, il n’est pas trop tard pour adhérer à des outils d’aide à la décision comme un modèle prévisionnel (ex. : Miléos) et/ou à des capteurs de spores. Le suivi des volontaires (champs en rotation) et les rebuts de tubercules lors d’un vidage tardif d’entrepôt doivent être réalisés.
GESTION DES MAUVAISES HERBES
Les interventions avec les désherbants de prélevée de la culture sont terminées, se poursuivent ou débutent selon le cas. La période des semis plus étalée cette année oblige des producteurs à changer leur approche pour les applications d'herbicides. À date, il est rapporté une bonne efficacité des interventions, en lien avec des conditions souvent humides. Cependant, des collaborateurs indiquent que certaines mauvaises herbes demeurent plus présentes dans des champs après un traitement comme le chiendent, le souchet, des renouées et la petite herbe à poux. Aucun cas de phytotoxicité à la culture n'est rapporté présentement.
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.




