CONDITIONS MÉTÉO
Au cours de la dernière semaine, les températures ont été en dents de scie. Du gel et de la neige ont été observés dans plusieurs régions, et d’autres jours, nous avons eu des températures au-dessus des normales de saison. De plus, le vent a été très présent. Voir le sommaire agrométéorologique pour plus de détails.
Le dépaillage progresse chez plusieurs producteurs, mais a été retardé pour certains en raison des conditions climatiques ou du fait que les travailleurs étrangers étaient encore en quarantaine. Quelques plants semblent étiolés; reste à voir ce qu’il en sera dans les prochaines semaines. Les bâches ont été gardées sur les champs qui étaient à des stades sensibles pour le gel, bien que leur stade soit très avancé. Des plantations ont débuté dans plusieurs régions pour la fraise d’automne et devraient s’accélérer au cours de la prochaine semaine.
Régions | Hâtif* | Jewel (rang natté) ** |
Montérégie | Floraison avancée | Boutons verts avancés |
Laurentides et Lanaudière | Floraison avancée | Boutons verts avancés |
Estrie, Centre-du-Québec et Mauricie | Pleine floraison | Développement végétatif |
Chaudière-Appalaches et Capitale-Nationale | Pleine floraison | Développement végétatif |
Bas-Saint-Laurent, Gaspésie et Saguenay–Lac-Saint-Jean |
ND | Développement végétatif |
Malgré que les bâches soient encore présentes dans la majorité des champs hâtifs, du gel de fleurs nous a été rapporté par plusieurs conseillers. Ces dégâts ont été rapportés pour les fraises d’automne ou fraises hâtives sous bâches, sur plusieurs cultivars, et pour les plants qui étaient aux stades « boutons verts avancés » et « floraison ». Du gel de fleurs en plein champ nous a également été rapporté. Lorsque disponibles, les bâches sont encore présentes dans les champs qui sont à des stades sensibles au gel printanier.
Sur les plants sous les bâches, des œufs de pucerons du fraisier sont encore observés sous les feuilles des plants, et certains conseillers nous ont rapporté l’éclosion des œufs et l’observation de jeunes larves.
Le puceron du fraisier adulte se distingue bien des autres pucerons, car tout son corps est recouvert de soies courtes aux extrémités renflées. Les jeunes larves de stade 1 sont un peu plus difficiles à identifier, car elles ne possèdent pas encore les soies qui les caractérisent. Notez que les premiers stades larvaires de la punaise terne sont souvent confondus avec les pucerons, en raison de leur couleur vert pâle et de leur dimension. La punaise terne n’a pas de cornicules (deux petits pics) à l’extrémité de son abdomen. De plus, elle est très mobile et peut se déplacer plus rapidement que le puceron.
En cas de doute sur l'identification des pucerons que vous observez actuellement dans vos champs, n'hésitez pas à envoyer des spécimens au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ qui pourra les identifier.
Il est à noter que les virus ne se transmettent pas aux œufs des pucerons. Les jeunes larves de pucerons qui viennent d'éclore ne sont donc pas porteuses de virus. Cependant, elles pourront se contaminer en s'alimentant dans des champs où il y a présence de virus. Pour la transmission de virus vers des champs sains, ce sont les formes ailées des pucerons qu’il faudra surveiller. Pensez à installer vos pièges collants jaunes.
Des adultes de la punaise terne sont observés dans plusieurs champs, mais il ne semble pas y avoir de larve pour le moment. Les dommages par la punaise se font surtout aux stades « chute des pétales » et « début des fruits verts ». Commencez le dépistage dès l’apparition des premiers boutons verts et poursuivez jusqu’à la fin de la récolte, au moins deux fois par semaine, afin de repérer les jeunes larves de punaise en croissance. Pour plus de détails sur cet insecte, veuillez consulter la fiche technique Punaise terne.
On nous a mentionné l’observation d'anthonomes actifs dans certains champs. Dépistez vos champs, car des dommages peuvent survenir dès le stade « bouton vert », et intervenez au besoin si le seuil d’intervention est atteint. Pour plus de détails sur cet insecte, veuillez consulter la fiche technique Anthonome de la fleur du fraisier.
Les tétranyques et tarsonèmes s’activent sous les bâches. Plusieurs conseillers ont recommandé des traitements contre ces acariens dès que les bâches seront retirées et que les températures seront plus chaudes. Vous pouvez vous informer des stratégies à adopter en consultant les fiches techniques suivantes : Dépistage et contrôle des tétranyques à deux points dans les fraisières et Tarsonème du fraisier.
MOISISSURE GRISE
Des conseillers nous ont rapporté l’observation de symptômes de moisissure grise sur les sépales et pétales de plants encore sous bâches. Des traitements seront donc à prévoir lors de l’enlèvement des bâches, mais malheureusement, le stade sensible pour les interventions sera dépassé dans plusieurs cas. Dans certains cas, des producteurs ont retiré les bâches le jour pour faire des interventions contre la moisissure grise, et les ont remises en place lors des nuits plus fraîches. Pour plus de détails sur la maladie et les stratégies, veuillez consulter la fiche La moisissure grise dans la fraise.
TACHE COMMUNE
Pour certains champs, quelques taches actives ont été observées sur du vieux feuillage. Pour ces champs, il faudra prévoir la protection des nouvelles folioles dès l’augmentation des températures. De fait, le champignon Mycosphaerella fragariae causant la tache commune infecte en premier les jeunes feuilles de moins de dix jours, mais les symptômes ne sont visibles que sur les feuilles matures, environ trois semaines après l’infection. Sur ces feuilles, les taches violacées ont un centre brunâtre à blanchâtre (taches ocellées ou en « œil d’oiseau »), et elles sont réparties aléatoirement à la face supérieure des feuilles. Les taches peuvent avoir différentes colorations (pourpre, violet, brun, avec ou sans centre blanchâtre à grisâtre).
Lors de la saison 2018-2019, une souche plus virulente du champignon Neopestalotiopsis a été rapportée et a causé d’importants dommages dans la culture de la fraise en Floride. En plus d’attaquer le cœur des plants, cette souche plus agressive attaque le feuillage et les fruits. L’équipe de Floride lui donne actuellement le nom de Neopestalotiopsis spp. Depuis cette détection, la problématique a pris de l’ampleur en Floride et depuis peu, ce champignon plus agressif a été détecté dans d’autres régions de l’Amérique du Nord, notamment la Caroline du Nord, le New Jersey, la Géorgie, le Texas, la Pennsylvanie et le Mexique. À l’automne 2020, ce nouveau champignon a été détecté dans deux champs en Ontario, sur le cultivar Albion.
Au Québec, une détection du champignon Neopestalotiopsis rosae a été réalisée en 2019, et une en 2020. La souche détectée n’est pas celle de la Floride, mais nous jugeons qu’il est important d’être très vigilants.
Ce qu’il y a de particulier avec cette maladie, c’est que les dommages sur le feuillage peuvent s’apparenter à diverses autres maladies observées en champ, telles que la tache commune, la tache pourpre, la tache phomopsienne ou la tache zythienne (Zythia fragaria). Pour plus de détails sur cette maladie et les distinctions à faire avec les autres maladies listées, veuillez consulter la fiche Neopestalotiopsis spp.
Sur les fruits, les dommages peuvent ressembler à une infection par Colletotrichum sp. causant l’anthracnose. Cependant, la sporulation de Neopestalotiopsis spp. est noire, alors que celle de Colletotrichum sp. est orangée.
Sur le système racinaire, des tests de diagnostic en laboratoire doivent être effectués afin de déterminer la cause du dépérissement des collets et racines. Les dommages de taches foliaires et de pourritures du système racinaire sont très communs chez le fraisier et pourraient ne pas être associés à la présence de Neopestalotiopsis spp. lors d’une première observation au champ. Il est donc important de porter une attention particulière aux divers symptômes et, en cas de doute, d’envoyer les échantillons suspects au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ, afin de les faire analyser.
Les infections se produisent à des conditions chaudes, soit entre 15 et 30 °C, avec un optimum à 25 °C. Une humidité élevée et la pluie favorisent aussi le développement et la sporulation de Neopestalotiopsis spp. L’infection peut être causée par des éclaboussures d’eau lors de fortes pluies ou produite par le système d’irrigation. Le passage des travailleurs, lorsque le feuillage est mouillé, peut aussi contribuer à la propagation de l’inoculum. Des recherches plus approfondies doivent être effectuées afin de déterminer le cycle de vie de ce champignon sous nos conditions climatiques.
Les recherches actuellement réalisées en Floride nous indiquent que le pathogène peut survivre dans le sol, sur des résidus de culture enfouis, même si ceux-ci ont été détruits par un herbicide avant l’enfouissement. Lorsque le champignon est détecté dans un champ, il est actuellement recommandé de faire une rotation d’au moins trois ans, afin de permettre la décomposition complète des résidus de fraisier.
La stratégie d’intervention pour cette maladie est à établir. Comme elle est encore peu connue sous nos conditions, des études plus approfondies doivent être réalisées. Toutefois, certaines mesures prophylactiques peuvent être réalisées. La détection des maladies en laboratoire sur les transplants avant la plantation, le dépistage aux champs par l’observation des symptômes et le diagnostic de la maladie en laboratoire sont quelques exemples de mesures à privilégier afin de prévenir la maladie.
En Floride, plusieurs essais sont en cours afin de déterminer la sensibilité de divers cultivars à la maladie, et d'identifier les fongicides qui pourraient être efficaces contre ce pathogène. Pour le moment, aucun fongicide n’est homologué contre cette maladie. Une récente publication en Floride indique que lorsque la maladie est présente dans un champ, elle pourrait être dispersée par le tétranyque à deux points.
Fongicides | ||||
SERIFEL |
Bacillus subtilis amyloliquefaciens (souche MBI 600 ) |
Moisissure grise | ||
BAD74 LC, BAD747 WG (anciennement DOUBLE NICKEL) | Bacillus amyloliquefaciens (souche D747) |
Blanc et moisissure grise | ||
MERIVON | Fluxapyroxade/ Pyraclostrobine (7/11) |
Anthracnose, blanc, moisissure grise | ||
MIRAVIS PRIME | Pydiflumétofène/ Fludioxonil (7/12) |
Moisissure grise | ||
FPY 500 | Fluopyram (7) | Blanc | ||
ORONDIS GOLD | Oxathiapiproline/ Métalaxyl-M et isomère-S (49/4) |
Pourriture amère et stèle rouge | ||
DIPLOMAT 5 SC, FONGICIDE 5 SC | Sel de zinc de polyoxine D (19) | Ajout de brûlure phomopsienne et de pourriture amère à l’étiquette | ||
Insecticides | ||||
BIOCERES F WP | Beauveria bassiana | Punaise terne | ||
HARVANTA 50 SL, CYCLANILIPROLE 50SL | Cyclaniliprole (28) | Ajout de l’altise à tête rouge à l’étiquette | ||
Herbicides | ||||
BIOLINK EC |
Acide caprique (acide décanoïque) / Acide caprylique (acide octanoïque) | Feuilles larges et graminées en traitement localisé | ||
Nouvel usage, homologation ou inscription pour la saison 2021 Possibilité d'utilisation en régie de culture biologique. Veuillez vous informer auprès de votre organisme de certification si l'utilisation de ce produit est acceptée. |
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Stéphanie Tellier, agr., M. Sc, et révisé par Elisabeth Fortier, agr., M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Fraise ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.