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Vigne, Avertissement No 3, 19 mai 2022

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Vigne
Croissance importante. Mises en garde météo. Stratégies GIEC. Mauvaises herbes : belles conditions pour le désherbage mécanique. Insectes : huile en prévention contre le phylloxéra. Taille. Maladies : blanc, excoriose, anthracnose. Gels printaniers : températures critiques.
 
  
DÉVELOPPEMENT PHÉNOLOGIQUE

Certains cépages, dont le Frontenac rouge, atteignent les stades « inflorescences visibles » (EL12) et « allongement de l'inflorescence » (EL15) sur les sites les plus chauds de la Montérégie.

Le tableau de suivi des degrés-jours 2022 est disponible sur Agrométéo! Pour la vigne, le 1er mars correspond au début des calculs pour l'accumulation des degrés-jours en base 10 (DJ10). Selon les cépages, le débourrement a lieu entre 52 DJ10 (cépages à débourrement hâtif) et 74 DJ10 (cépages à débourrement tardif).

Vous pouvez aussi consulter Agrométéo pour un visuel provincial de l'état d'avancement du développement des cépages à débourrement hâtif et semi-tardif ainsi que d'autres modèles bioclimatiques pour la vigne. 
 
Image Agri-Réseau

Phénologie des cépages à débourrement hâtif

Agrométéo

Image Agri-Réseau

Phénologie des cépages à débourrement semi-tardif

Agrométéo

 

NOUVELLES PLANTATIONS : RIEN NE SERT DE COURIR, IL FAUT PARTIR À POINT!
 
Stratégie GIEC 
La préparation du sol avant l'implantation des vignes est primordiale et entraînera des répercussions durant toute la vie de la plantation. Avant de planter les vignes, assurez-vous que le sol est meuble et bien drainé, que le pH et la fertilité sont optimaux et que les mauvaises herbes sont bien contrôlées. 

Certains vignerons se préparent pour de nouvelles plantations, d’autres ont déjà commencé. Les plants en dormance (à racines nues) peuvent être plantés dès maintenant. Toutefois, il serait sage d’attendre que les risques de gel soient passés avant de planter les vignes en croissance (celles en pots qui ont des feuilles). Pour en savoir plus, consultez le Guide d’implantation - Vigne et un conseiller viticole.
 

CULTURES DE COUVERTURE : DÉPÊCHEZ-VOUS D’HABILLER LES SOLS NUS!
 
Stratégie GIEC 
Le semis d'un couvre-sol entre les rangs coûte plus cher que l'enherbement naturel spontané. Toutefois, il permet généralement une couverture plus rapide, plus dense et régulière du sol.  

La plupart des parcelles de vignes rustiques et de vignes non rustiques qui sont protégées par des couvertures géotextiles ont un gazon permanent entre les rangs. Toutefois, dans les parcelles de vignes qui sont protégées par buttage, on remarque des sols nus! Si rien n’est fait, ce sont les mauvaises herbes qui prendront la place pour créer une couverture naturelle (la nature a horreur du vide, c’est bien connu!). Ces dernières offrent une couverture de sol gratuite, mais inégale qui peut favoriser la ponte de certains insectes tels que le scarabée japonais. De plus, leur apport à la conservation des sols est limité. Vous pouvez semer des cultures de couverture qui, en plus de protéger votre sol contre l’érosion, peuvent nourrir la vie du sol et améliorer sa structure, attirer des pollinisateurs et des insectes prédateurs, réduire la pression des mauvaises herbes sur le rang et, en prime, ajouter un aspect esthétique à votre vignoble! Les conseillers et vignerons du Dura-Club ont réalisé plusieurs essais sur les cultures de couverture, ces dernières années, et ont conçu des fiches pour vous aider à sélectionner la ou les variétés adaptées à votre situation. Consultez la Fiche sur les cultures de couverture pour les vignobles et la Fiche synthèse sur les cultures de couverture pour les vignobles. Mais surtout, dépêchez-vous d’habiller vos sols!
 

Image Agri-RéseauImage Agri-Réseau

Image du haut : Millet japonais
Image du bas : Tournesol

Photos : Evelyne Barriault, agr. (MAPAQ)

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Phacélie

Photo : Raphaël Fonclara, agr. (Dura-Club)
 


 
MÉTÉO : MISES EN GARDE
 
Des conditions de chaleur sont au programme pour la prochaine fin de semaine. Plusieurs produits, dont le soufre, ne sont pas recommandés au-delà de 25 à 27 °C ou en période d’humidité excessive, laquelle ralentit le séchage des produits sur les plants de vigne.  
 
 
MAUVAISES HERBES
 
Stratégie GIEC 
La gestion intégrée des mauvaises herbes comprend la lutte mécanique, physique et chimique. 


Lutte mécanique

De belles conditions (temps chaud et ensoleillé) pour le désherbage mécanique sont prévues pour la prochaine fin de semaine dans certaines régions. Le désherbage mécanique est plus efficace contre les mauvaises herbes lorsque celles-ci sont très jeunes, soit en germination (fil blanc) ou au stade plantule.

Pour en savoir plus sur les outils disponibles, consultez le blogue de l'agronome Denis Giroux sur Agri-Réseau.

Lutte physique
Les paillis peuvent offrir une alternative intéressante aux herbicides, surtout durant les premières années d'implantation.  

Lutte chimique
Plusieurs produits peuvent être appliqués dans un vignoble en production et quelques-uns sont homologués pour les vignes en implantation. Pour en savoir plus, consultez SAgE pesticides ou le document Proposition de stratégies de lutte contre les mauvaises herbes sur les vignes établies au Québec selon la période de la saison.  


 
INSECTES et ACARIENS
 
Stratégie GIEC 
Même si la vigne n'est pas en floraison présentement, plusieurs autres plantes à proximité le sont. Si vous devez absolument intervenir avec un insecticide, faites-le de préférence avec des produits dont les indices de risque pour l'environnement (IRE) sont faibles et lors de périodes pendant lesquelles les pollinisateurs, dont les abeilles, sont peu actifs : en soirée, par temps nuageux, etc.

Phylloxéra

Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
Les collaborateurs de la Montérégie ont observé les premières galles de phylloxéra. Si vous avez eu des problématiques avec ce puceron ou si vous observez la présence de cochenilles (lécanies) sur les bois, une application d'huile entre les stades « bourgeons dans le coton » (El 03) et « pointe verte » (EL 05) et avant l'apparition des premières galles de phylloxéra pourrait aider. Sur les vignes établies, les dommages du phylloxéra (galles sur feuilles) sont plus esthétiques qu’économiques. Toutefois, dans certaines situations, ou sur de jeunes vignes, ils peuvent réduire leur croissance, car l'abondance des galles peut affecter le potentiel de photosynthèse des vignes. 

Pour les vignobles aux prises avec le phylloxéra, le dépistage et l’observation sont importants afin de juger de la nécessité d’intervenir et du moment pour le faire. Une fois que le puceron est dans la galle, les traitements ont peu d’effet sur l’insecte. Il faut viser la sortie des larves de la 2e génération qui, selon les prévisions actuelles, devrait avoir lieu autour du 11 et 12 juin dans les régions les plus chaudes du Québec. Par la suite, les interventions deviennent plus difficiles, car les différentes générations se chevauchent, et on retrouve plusieurs stades présents en même temps. 

Pour plus d'information, consultez le document Synthèse des informations techniques sur l’utilisation de l’huile dans la lutte contre le phylloxéra gallicole. En plus d'être efficace contre le phylloxéra, l'application de l'huile aura aussi un effet contre la lécanie, le blanc et certains acariens.

Attention, certaines conditions doivent être présentes pour assurer l'efficacité des applications d'huile : revoir l'avertissement N° 1 du 4 mai 2022 pour les conditions de succès des applications d'huiles.


Lécanie de la vigne (cochenille)

Mauricie
La lécanie de la vigne produit une génération par année. Elle est extrêmement polyphage (plus de 350 plantes lui servent de nourriture). De fortes infestations peuvent être observées sur certains plants dont les branches peuvent être complètement recouvertes de milliers d'individus. Les plants infestés perdent de leur vigueur, fleurissent moins bien et produisent des fruits de plus faible taille. De plus, le miellat sécrété par la lécanie de la vigne peut favoriser le développement de fumagine sur le feuillage et ainsi réduire l'activité photosynthétique de la plante.

 
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Image du haut : 1re galle de phylloxéra
Photo : Jean-François Péloquin, agr.
Image du bas : Feuille de vigne avec galles de phylloxéra
Photo : IRIIS phytoprotection

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Lécanie de la vigne

Photo : IRIIS phytoprotection

  

Ptérophore de la vigne (Pterophorus periscelidactylus)

Montérégie

Les collaborateurs du réseau ont également observé des chenilles, dont celle du ptérophore. Les adultes de cet insecte pondent leurs œufs tôt au printemps, avant la floraison des vignes. Lorsque les œufs éclosent, les jeunes larves se nourrissent des feuilles terminales, mais n’affectent pas les fruits. Les dommages, généralement marginaux et de faible importance économique, sont concentrés dans les pourtours des vignobles, près des boisés. Il n’existe aucun seuil d’intervention contre cet insecte ni aucun insecticide homologué.

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Larve du ptérophore de la vigne

Photo : MAAARO

 
Calepitrimerus vitis (acarien causant l'acariose de la vigne)

Estrie et Montérégie-Est
Cet acarien qui cause une malformation des feuilles a été aperçu dans certains vignobles. Il est particulièrement présent lorsque le départ de la végétation est très lent au printemps. À ce moment, les attaques d'acariens, au niveau des bourgeons, provoquent l'arrêt de croissance de certains d'entre eux. Les pousses du printemps sont alors rabougries et les entre-nœuds peuvent demeurer courts. Sur les feuilles, les piqûres d'acariens provoquent de nombreuses taches composées de nécroses brunes entourées de petites taches claires souvent allongées. Le développement des tissus est inhibé, provoquant de légères déformations de la feuille. Les feuilles apparaissent alors petites et frisées. Les pertes de récolte peuvent être importantes lors des années où le départ de la vigne est difficile et où les populations d’acariens se développent rapidement.

Ériophyide de la vigne (acarien causant l'érinose)

Montérégie-Est et Montérégie-Ouest 
Les premiers symptômes associés à la présence de cet acarien ont également été observés. Les ériophyides se retrouvent dans le feutrage, sur la face inférieure des feuilles. Sur les vignes établies, les dommages sont plutôt esthétiques. Toutefois, s’ils surviennent sur de jeunes vignes, ils peuvent réduire la croissance. Des traitements au soufre ou à l’huile, réalisés avant la floraison, peuvent aider à contrôler ces acariens. Les traitements réalisés plus tard en saison risquent d’affecter aussi les acariens prédateurs. Ces produits sont également homologués pour lutter contre le blanc, à une dose plus élevée dans le cas du soufre. Consultez votre conseiller. Dans certains cas, des traitements localisés peuvent être faits. En Ontario, le seuil de 25 % de plants infestés est suggéré.
 
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Acariose : présence de taches claires en mosaïque, de couleur jaune, causées par de nombreuses piqûres d'acariens

Photo : Ephytia

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Érinose : dommages d’ériophyides (face inférieure d’une feuille)

Photo : Evelyne Barriault (MAPAQ)

 
TAILLE
 
Stratégie GIEC
Lorsque les bois sont sains et exempts de maladies, ils peuvent être broyés et laissés au sol dans le vignoble. Ils constituent ainsi un apport de matière organique qui contribue à la santé des sols. 

La taille est en cours dans la plupart des vignobles, ou déjà terminée. Pour éviter de créer des plaies de taille et de gêner la circulation de la sève, appliquez les bonnes pratiques de taille. Consultez à cet effet le rapport final Évaluer l'impact des plaies de taille sur la circulation de la sève et l'alimentation des bourgeons de la vigne. Profitez également du moment de la taille pour détecter la présence de maladies sur les bois, comme la tumeur du collet (Agrobacterium) et l’excoriose.

Revoir l'avertissement N°2 du 12 mai 2022 pour des photos pouvant vous aider à identifier certaines maladies présentes sur les bois de taille.

Que faire avec les bois de taille? 
Certains pathogènes causant des maladies de la vigne passent l'hiver sur les bois. Au printemps, lorsque les conditions leur sont favorables, ils peuvent causer une infection. C'est le cas, entre autres, du blanc de la vigne (Erysiphe necator), de l'anthracnose (Elsinoe ampelina), de la tumeur du collet (Agrobacterium vitis) et, dans une moindre mesure, de la pourriture noire (Guiniardia bidwellii) et de la pourriture grise (Botrytis cinerea). Lorsque ces maladies sont présentes en grande quantité dans le vignoble, il est préférable de sortir les bois de taille du vignoble afin d'en disposer. Toutefois, quand les maladies sont bien contrôlées, les bois peuvent être broyés et laissés au champ, en guise d'amendement pour alimenter les microorganismes et contribuer à la vie du sol.

 
MALADIES
 
Stratégie GIEC 
C'est le temps de réaliser l'ébourgeonnage et l'épamprage. Les premiers symptômes du mildiou (taches jaunes, puis sporulations blanches) sont souvent observés sur des pampres près du sol. En retirant les pampres, on réduit les risques d'infection par le mildiou. Si vous n'avez pas le temps de faire ces opérations dans tout le vignoble avant la pluie, concentrez-vous sur les zones où il y avait du mildiou l'an dernier. 

Pour les vignobles avec des antécédents d’anthracnose, de blanc et d'excoriose, les premiers traitements ne sont pas à négliger. Si vous observez des symptômes sur les bois de vos vignes, c'est que vous avez des antécédents et que la maladie est présente dans votre vignoble. 
 
Afin de vous guider dans vos interventions phytosanitaires, n'oubliez pas que l'Affiche de production fruitière intégrée - Vigne 2021 est GRATUITE et disponible ici


Épamprage et prévention des maladies
Les spores de mildiou passent l’hiver dans le sol, sur les parties infectées l’année précédente (surtout les feuilles). Au printemps, lorsqu’elles sont matures, les spores sont disséminées sur les parties vertes de la vigne, par les éclaboussures, lorsqu’il pleut. C’est la raison pour laquelle les premiers symptômes du mildiou (taches jaunes, puis sporulations blanches) sont souvent observés sur des pampres près du sol.
 
Le retrait des rameaux non fructifères (pampres) et de certains bourgeons permet d’optimiser l’aération et l’activité photosynthétique des vignes. Pour obtenir les meilleurs résultats tout en optimisant les opérations, l’épamprage et l’ébourgeonnage devraient être pratiqués au stade « 1 à 2 feuilles déployées » (EL 07).
 
Réaliser ces opérations trop tôt ou tard en saison n’est pas optimal pour la culture ni pour les finances! Des méthodes mécaniques et chimiques sont disponibles pour réaliser l’épamprage.
 
L’adoption de bonnes pratiques d’épamprage dès les premières années suivant la plantation de la vigne rendra les travaux d’autant plus faciles lors des saisons subséquentes. Avec l’épamprage et l’ébourgeonnage, on vise à conserver entre 10 et 25 rameaux par mètre linéaire (le double pour les conduites Scott Henry et Smart Dyson) selon le cépage, l’âge des plants et leur vigueur.
 
Il est temps de commencer à penser à protéger vos vignes, surtout si vous avez des antécédents de maladies et/ou des cépages réputés plus sensibles à celles-ci.
 
Avant la pluie, une attention particulière devrait être portée à ces maladies : mildiouanthracnosepourriture noireexcoriose.

Revoir l'avertissement N°2 du 12 mai 2022 pour connaître les stades à risque et les stratégies associées à ces maladies.

 
 GELS PRINTANIERS et TEMPÉRATURES CRITIQUES

Revoir l'avertissement N°2 du 12 mai 2022 pour de l'information sur les gels printaniers et les températures critiques. Assurez-vous que vos équipements de protection contre les gels printaniers soient prêts à démarrer si les besoins se présentent. Mieux vaut prévenir que guérir!

 
POUR PLUS D'INFORMATION
 
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.

 


Cet avertissement a été rédigé par Karine Bergeron et Evelyne Barriault, agronomes (MAPAQ), puis révisé par la Direction de la phytoprotection (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du réseau Vigne ou le secrétariat du RAP.  La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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Organisation : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ)
Auteur(s) : RAP - Réseau Vigne
Date de publication : 19 mai 2022
Infolettre Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP)

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