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Article paru dans Bovins du Québec, été 2005
Il faut du sélénium au menu!
Par Geneviève Côté* et Yvon Couture**
Le sélénium est un élément mineur qui, bi
en que présent en petite quantité dans
l’organisme, est pourtant e
ssentiel au fonctionnement
et à l’intégrité de
différentes structures tissulaires. Il
agit en collaboration avec la vitamine E
comme antioxydant et est un composé d’
enzymes, de protéines et d’hormones
fabriquées par la thyroï
de. Une déficience en sélénium peut entraîner des
manifestations cliniques comme la d
ystrophie musculaire (maladie du muscle
blanc) chez le jeune veau, mais également
des problèmes plus subtils au niveau
de la reproduction (rétention placentaire
, mammite), de la performance et du
système immunitaire (baisse de la rési
stance aux maladies
infectieuses, par
exemple, diarrhée néonatale et
pneumonie). Ce dernier point est
particulièrement important
pour les veaux qui
entrent en parc d’engraissement et
qui sont soumis à beaucoup
de stress, car ils doivent compter sur un système de
défense qui fonctionne
de façon optimale.
Le sélénium se retrouve à l’
état naturel dans
le sol et, conséquemment, dans les
fourrages et les grains. Au Québec par contre, comme en Ontario et dans les
Maritimes, les sols sont généralement
déficients, ce qui nous obligent à
supplémenter l’alimentation des bovins.
Une étude représentative
Dans le cadre du Projet d’expertis
e vétérinaire en santé des bouvillons
d’abattage, la Fédération des
producteurs de bovins du
Québec et la Faculté de
médecine vétérinaire ont réalisé une ét
ude visant à déterminer le taux de
sélénium des veaux d’embouche du Québec.
En voici les principaux résultats :
Méthodologie
Afin d’obtenir des veaux ayant été
élevés en période estivale et en
période hivernale, deux
échantillonnages ont été effectués,
soit au printemps (avril) et à
l’automne (novem
bre) 2004. Pour
chaque saison, un
échantillonnage
de 90 veaux, répartis sur 18 fermes
(six fermes par région et cinq veaux
par ferme), a été ciblé. Les fermes
ont été sélectionnées au hasard aux
encans de Saint-Isidore, de
Sawyerville et de Sa
int-Hyacinthe et
provenaient de l’Ouest, du Centre et
de l’Est du Québec. Cette méthode
d’échantillonnage a permis d’obtenir
un portrait
représentatif du
Québec. Une
prise de sang
était ensuite
effectuée dans
la veine jugu-
laire du cou. Les
producteurs pro-
priétaires étaient
ensuite contac-
tés par télépho-
ne pour complé-
ter un questionnaire visant à
documenter la méthode de
supplémentation de leur troupeau en
sélénium.
Article paru dans Bovins du Québec, été 2005
À titre comparatif, nous avons également pr
élevé trois groupes
de veaux de poids
comparables qui provenaient de l’Ouest canadi
en et des génisses laitières du Centre-
du-Québec (deux fermes) et de l’Estrie (trois
fermes) d’âges comparables et alimentées
selon les normes en production laitière.
Résultats
Au total, 201 veaux d’embouche dont l’état de
santé était inconnu mais qui étaient de
poids comparables (la moyenne
des poids par encan variait ent
re 249 et 278 kg) ont été
échantillonnés. Ces veaux provenaient de 42
fermes. La taille des troupeaux étaient en
moyenne de 85 têtes (variaient de 10 à 240).
Le Tableau 1 résume les résultats obtenus. D’a
bord, pour les deux saisons, la majorité
des veaux d’embouche du Québec n’avaient
pas un niveau adéquat de sélénium. Par
contre, les veaux du printemps avaient des
taux de sélénium significativement plus
élevés que ceux de l’
automne. Ainsi, au printemps, troi
s fermes avaient des veaux avec
des niveaux adéquats de sélénium
, huit autres avaient des veau
x à teneur marginale et
13 fermes, des veaux déficients en sélénium
alors qu’à l’automne,
aucune ferme n’avait
de veaux avec des niveaux adéquats de séléni
um. Un portrait complet des résultats
sériques se trouve à la figure 1.
Tableau 1. Teneur moyenne en sélén
ium sérique des veaux d’embouche au
printemps et à l’automne 2004 et comparat
if avec les veaux de l’ouest canadien et
les génisses laitières
Printemps 2004
Automne 2004
Type de
bovin
Région
Région
administrative
Nbre
veaux*/nbre
fermes
Moyenne
sélénium**
(
μ
mol/L)
Nbre
veaux*/nbre
fermes
Moyenne
sélénium**
(
μ
mol/L)
Boucherie
Est du
Québec
Capitale.-Nat.,
Chaudières-App,
Bas-St-Laurent-
Gaspésie,
Saguenay-LSJ
40/9 0,346 40/8 0,129
Boucherie
Centre
du
Québec
Lanaudière,
Montérégie,
Estrie, Centre-du
Qc, Mauricie
43/9 0,357 40/8 0,195
Boucherie
Ouest du
Québec
Laurentides,
Outaouais,
Abitibi
29/6 0,250 9/2 0,350
Moyenne veaux d’embouche du Qc
112/24
0,325
89/18
0,181
Boucherie
Ouest
canadien
Manitoba,
Saskatchewan
- - 44/3 0,769
Laitier
Centre-
Québec
Centre-du-Qc,
Estrie
- - 26/5 0,723
* Quelques fermes n’avaient pas 5 veaux mais 3 ou
4 ce qui explique que le total ne soit pas un
multiple de 5;
** carence < 0,32
μ
mol/L, marginal : 0,32-0,68
μ
mol/L et adéquat : 0,68-1,13
μ
mol/L
1
1
Valeurs de référence, veaux de 30-300 jours. Source
: Veterinary Clinics of North America, Novembre
2000, p.439.
Le sélénium est un élément mineur qui, bien que présent en petite quantité dans l’organisme, est pourtant essentiel au fonctionnement et à l’intégrité de différentes structures tissulaires. Il agit en collaboration avec la vitamine E comme antioxydant et est un composé d’enzymes, de protéines et d’hormones fabriquées par la thyroïde. Une déficience en sélénium peut entraîner des manifestations cliniques comme la dystrophie musculaire (maladie du muscle blanc) chez le jeune veau, mais également des problèmes plus subtils au niveau de la reproduction (rétention placentaire, mammite), de la performance et du système immunitaire (baisse de la résistance aux maladies infectieuses, par exemple, diarrhée néonatale et pneumonie). Ce dernier point est particulièrement important pour les veaux qui entrent en parc d’engraissement et qui sont soumis à beaucoup de stress, car ils doivent compter sur un système de défense qui fonctionne de façon optimale.
Organisation : Bovins du Québec, été 2005
Auteur(s) : Geneviève Côté et Yvon Couture
Date de publication : 13 novembre 2007
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