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MODULE 4
–
CHAPITRE 6
Production des transplants
SOMMAIRE
1.
Infrastructure pour la production des transplants
1
1.1
Local de production
2
1.2
Tables de support pour les contenants ou les multi
cellules
4
1.3
Cham
bre de germination
5
2.
Plateaux multi
c
ellules
6
2.1
Taille des multi
cellules et durées de croissance des légumes
6
2.2
Désinfection du matériel
9
2.3
Remplissage des multi
cellules
10
3.
Terreau
11
3.1
Avantages et désavantages des terreaux avec compost
1
1
3.2
Évaluation de la salinité
1
2
3.3
La réalité sur le terrain
1
3
3.4
Quel mélange utiliser
?
15
3.5
Utilisation de mycorhizes
17
4.
Semis et germination des transplants
18
4.1
Semis des transplants
18
4.2
Recouvrement de la semence
20
4.3
Régie du semis à la levée
20
5.
Régie
après la germination
21
5.1
Conduite du climat
21
5.2
Fertilisation des transplants
23
5.3
Arrosage
24
5.4
Endurcissement des plants
26
5.5
Prin
cipaux problèmes rencontrés
27
6.
Références
29
La
production des transplants sur une ferm
e maraîchère diversifiée nécessite une infrastructure
adéquate, l’utilisation d’un mélange de terreau de qualité et la maîtrise de la régie de
productio
n. Les principaux aspects de la production de transplants sont couverts dans ce
module
. Pour pl
us de dét
ails, on peut consulter le livre intitulé
Les techniques de production de
transplants en multicellules
de Vallée et Bilodeau (1999).
1.
INFRASTRUCTURE POUR
LA PRODUCTION DES TR
ANSPLANTS
Au Québec, la production de transplants à l’extérieur n’est envisageab
le que pour des
transplantations très tardives. Selon la taille de la ferme, les transplants sont produits soit
:
—
dans une serre ou une partie de serre chauffée
;
—
dans un local chauffé aménagé
;
—
dans la maison (sous
-
sol ou ailleurs).
© Équiterre, 2009, Tous droits réservés. Module 4, Productions de transplants et de légumes en serres, Chapitre 6,
«
Production des transplants », manuscrit d
u
Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée
, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
2
L’utilisation d’
éclairage artificiel est essentielle dans les deux derniers cas.
Si le terreau est fabriqué à la ferme, il est utile de
prévoir une aire de fabrication de terreau
chauffée. Il faut
entrer
à l’intérieur
une quantité de matériau
x
(compost, terreau, terre
, etc.)
suffisante pour les besoins avant l’hiver. On peut aussi fabriquer les terreaux l’année
précédente et les entreposer dans un local qui peut être chauffé, ou encore, les mettre dans
des sacs qui peuvent être apportés à la serre pour les faire dégele
r avant utilisation.
1.1
Local de production
Production dans le sous
-
sol ou dans la maison
Pour les petites productions, il est courant de démarrer les transplants à l’intérieur du domicile.
Un bon éclairage artificiel est essentiel. Les options sont l’ut
ilisation de lampes au sodium, de
néons à spectre lumineux naturel (
ex.
:
Gro
-
lite) ou une combinaison de néons blancs et
d’ampoules incandescentes. Il faut compter un espace de 15 à 20
m
2
, généralement sur table,
pour produire les transplants de 25
paniers. De façon générale, l’espace requis est variable
selon le type de multi
cellules utilisé, les rendements de la ferme et le mode de production.
Maude
-
Hélène Desroches, Les jardins de la Grelinette
«
Les transplants sont
démarrés
dans la mais
on. Nous avons une grande fenêtre sur 40
pi de
longueur orientée au sud qui avait été planifiée pour la production de transplants. Les
transplants sont placés sur une grande table le long de la fenêtre et il y a des néons sous la
table pour pouvoir aussi f
aire croître des transplants dans cet espace. Nous économisons le
chauffag
e de la serre et voyons
croître
les plants et les semis
, ce qui nous sécurise.
»
Johanne Leboeuf, La Terre Ferme
«
Pour
les semis de tomates et
de
poivrons de serr
e, nous utilisons maintenant, au sous
-
sol de
la maison
,
des lampes au sodium avec une minuterie
,
et des panneaux blancs
sont
placés sur
les côtés de la table de semis
pour
réfléchir
la lumière. Les lampes sont moins énergivores et
plus prat
iques pour l'arrosage et la surveillance
que les néons
,
car elles sont placées moins
près des plants. Nous sommes très satisfaits d'avoir remplacé une armée de néons par 2
lampes au sodium.
»
© Équiterre, 2009, Tous droits réservés. Module 4, Productions de transplants et de légumes en serres, Chapitre 6,
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Production des transplants », manuscrit d
u
Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée
, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
3
Les transplants produits entièrement
à l’intérieur d’une maison
sont souvent étiolés, comparés à
ceux
qui ont été démarrés
en serre.
Production en serre ou en tunnel
Tout comme pour la production de transplants dans le sous
-
sol d’une maison, il faut compter un
espace d’environ 15 à 20
m
2
en serre chauffée
pour
25 paniers de légumes.
Monique Laroche, Le Vallon des Sources
«
Un
demi
-
tunnel chauffé
,
soit 135
m
2
(environ 0,5
m
2
/panier)
,
est utilisé
pour la production de
transplants. C’est serré à la fin et certains transplants sont sortis dehors et protég
és avec une
toile géotextile.
»
Frédéric Duhamel, Les Jardins de Tessa
«
Dans notre cas, l’espace requis est important
,
car nous travaillons beaucoup avec les
transplants et nous faisons peu de semis directement au champ.
Une demi
-
serre est utilisée
,
s
oit 210
m
2
(en
viron 0,7
m
2
/panier)
Nous avons aussi 70
m
2
de tables d’acclimatation. Les tables sont à l’extérieur de la serre
,
et
nous avons un dispositif qui permet de les couvrir et découvrir très facilement (figure 6.1)
».
Figure 1
–
Tables d’
acclimatation aux Jardins de Tessa
Au départ, les plants peuvent être démarrés dans un petit espace chauffé, par exemple une
section de la serre fermée par des toiles plastiques, ce qui évite d’avoir à chauffer toute la serre
au début. Lorsqu
’on se ra
pproche du temps de la transplantation en champ, l’espace en serre
devient limité en raison du grand nombre de transplants et de leur taille.
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Production des transplants », manuscrit d
u
Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée
, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
4
1
.
2
Tables de support pour les contenants ou les multi
cellules
Les tables en bois faites de lattes espacées sont
peu coûteuses
,
mais elles peuvent abriter des
insectes ou des maladies et sont difficiles à nettoyer. Les tables en métal grillagées sont plus
coûteuses
;
elles offrent
toutefois
une excellente aération et
elles
sont plus durables.
Dans la productio
n de transplants, on vise
les conditions les plus uniformes et les moins
stressantes possibles. Il y a plusieurs erreurs à éviter. D’abord, les tables doivent être
suffisamment ajourées pour que les racines ne cherchent pas à sortir des contenants
. En effet,
si les contenants sont posés sur des surfaces pleines qui gardent l’humidité, les racines auront
tendance à se développer à l’extérieur du contenant. Si les plants prennent racine en dehors
des contenants, il y aura un stress supplémentaire lo
rs de leur mise en champ. Il faut aussi
s’assurer que les plateaux et les tables so
ie
nt de niveau
,
sinon, lors de l’arrosage, l’eau peut
s’accumuler
davantage
à un endroit
plut
ôt
qu’
à
un autre, créant ainsi des inégalités de
croissance,
l’appa
rition de
la fonte de semis, etc. D’autre part, la distance variable des
transplants par rapport au tuyau d’alimentation en air chaud peut aussi causer des problèmes,
du fait de
l’
assèchement plus rapide de certaines parties ou de certains plateaux d
e transplants.
Frédéric Duhamel, Les Jardins de Tessa
«
Nous avons fabriqué des tables en bois. Pour éviter les maladies, elles doivent bien sécher au
soleil d’une saison à l’autre. Il faut faire attention à mettre les tables de niveau pour éviter la
désh
ydratation dans les multi
cellules due
à l’inclinaison
.
Les tables ont
1
m de large
ur
et
peuvent être collées
deux par
deux
pour maximiser l’espace. Sur les tables, il est important de
regrouper les plateaux par grosseur de cellules
, l
es mul
ti
cellules à 200 alvéoles ensemble,
celles à 128 alvéoles ensemble,
et ainsi de suite
, pour favoriser l’arrosage app
roprié à chaque
type de plateaux.
»
Jean
-
François Robert, Les Jardins de St
-
Félicien
«
Nous n’utilisons pas de table de support.
Le so
l de nos serres est chauffé à l’aide d’un réseau
de tuyaux enfoui
s
à 45
cm dans lesquels de l’eau tiède circule.
Les planches de culture sont
nivelées et les plateaux sont déposés directement sur le sol. Pour éviter l'enracinement excessif
dans le sol de l
a serre, il suffit de déplacer les plateaux de quelques centimètres tous les
3
-
4
jours. Cela se fait assez rapidement et force les racines à remplir les cavités.
»
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«
Production des transplants », manuscrit d
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Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée
, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
5
1.3
Chambre de germination
Une chambre de germination permet de maintenir les semis à de
s températures plus élevées
tout en minimisant les dépenses de chauffage. Elle permet une germination plus rapide et
uniforme
,
et un taux de germination plus élevé. Idéalement
,
le terreau est bien humecté avant
de mettre les plateaux dans la chambre de ger
mination
,
car il n’est pas recommandé de faire
des arrosages dans la chambre. L’air doit être maintenu très humide (un humidificateur peut
être utilisé à cette fin) afin d’empêcher l’assèchement du terreau. Il faut faire attention
à
ne pas
laisser les
plants trop longtemps à cause du risque d’étiolement.
Ferme coopérative Tourne
-
Sol
«
Nous avons une chambre de germination de 1,2
m par 2,4
m. Le sol est chauffé avec des fils
normalement utilisés pour déglacer les toits. Les bacs sont remplis de sable,
les fils chauffant y
sont déposés et une autre couche de sable recouvre les fils. Nous planifions de mettre de
l’isolant dans le fond afin de réduire la perte de chaleur vers le bas.
Les plateaux sont déposés sur le sable et recouverts d’un polythène. Qua
nd les graines sont
germées, les plantes sont transférées dans la serre. Cela économise ainsi des frais de
chauffage de
la
serre.
»
Michel Massuard, Le Vallon des Sources
«
Nous n’avons pas de chambre de germination. Nous utilisons une table chauffante
munie d’
un
fil de déglaçage de toit recouvert de sable. Un thermostat et une sonde permettent de contrôler
la température.
Nous faisons pré
-
germer les cucurbitacées. Ces dernières sont mises dans des essuie
-
tout
mouillés placés sur des plats d’a
luminium. Les plats avec les graines sont mis dans des sacs en
plastique pour éviter le dessèchement. Le tout est gardé à une température de 20 à 25
°C. Les
graines germent en 2 à 3 jours et sont semées par la suite.
»
Jean
-
François Robert, Les Jardins d
e St
-
Félicien
«
Tous nos semis hâtifs sont faits d’abord dans une chambre à
semis,
puis transférés en
serre
après la germination. L'éclairage de la chambre à semis est composé de lampes
fluorescentes de type
cool white
(66
% des lampes) et de type
d
ay light
(33
% des lampes). Une
minuterie peut commander l'ouverture et la fermeture des lampes.
»
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, rédigé
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6
2.
PLATEAUX MULTI
CELLULES
2.1
Taille des multi
cellules et durées de croissance des légumes
Le choix de la taille de plateaux multi
cellules doit se faire
en fonction de l’espèce de légume, de
la précocité voulue et du type de fertilisation planifiée (à base de compost ou à base de
fertilisant ajouté dans l’eau d’irrigation). Ce choix peut aussi être influencé par le mode de
transplantation ou le type de tra
nsplanteur. Les plants produits dans des grosses multi
cellules
sont plus précoces
,
mais ne donnent pas forcément plus de rendement. Par contre,
ils peuvent,
en général, mieux tolérer un retard de plantation.
La forme des cellules est variable. Les plus u
tilisées sont coniques. Les cellules carrées
contiennent un plus gros volume de substrat (environ 30
%), permettent un meilleur
développement du système racinaire (moins d’enroulement des racines) et une meilleure
répartition de l’eau d’arrosage à la surfa
ce du plateau (moins d’espace entre les cellules). Les
formes octogonales ou hexagonales sont des versions améliorées des cellules carrées. Il existe
aussi des cellules avec des côtes, des canaux ou des orifices longitudinaux sur la paroi interne
des alvéo
les qui limitent l’enroulement des racines.
Voici des exemples de tailles de multi
cellules utilisées par quelques fermes biologiques ainsi
que les tailles de multicellules utilisées en agriculture conventionnelle (tableau
1
). La durée
nécessaire pour la p
roduction des transplants est aussi
indiquée.
Les chiffres
décrivent le
nombre
de cellules dans un plateau standard de 28
cm par 54,6
cm.
Tableau
1
Taille
de
s
multicellules utilisées et temps nécessaire jusqu’à la transplantation
Recommandations en régie conventionnelle
(Bodnard, 1996)
Culture
Taille
de
s
multicellules utilisées
par des producteurs
biologiques
d’expérience
Taille
des
multi
cellules
(alvéoles/plateau)
Âge au repiquage et
détails de production
Tomate
hâtive
24, 38, 50
En général, semis dans des multi
cellules à
288 ou à 406 alvéoles, puis repiquage dans
des multi
cellules à alvéoles plus grosses,
dès l'apparition de la première vraie feuille.
Les plants devraient avoir environ 8
semaines au moment de la plantation
définitive.
Tomate
de
moyenne
saison ou de fin
de saison
3
6, 50 ou encore 128
avec repiquage dans
des pots de 10
cm,
On peut aussi semer
dans un plateau et
repiquer
directement
dans des pots de
10
cm
.
128 à 288
Semis direct dans l
es multi
cellules.
Pour les repiquages de la deuxième
quinzaine de mai, utiliser des plants âgés
de 6 à 7 semaines
; pour les repiquages de
juin, utiliser des plants de 5 semaines.
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7
Tableau
1
(suite)
Taille
de
s
multicellules utilisées et temps nécessaire jusqu’à la transplantatio
n
Recommandations en régie conventionnelle
(Bodnard, 1996)
Culture
Taille
de
s
multicellules utilisées
par des producteurs
biologiques
d’expérience
Taille
des
multi
cellules
(alvéoles/plateau)
Âge au repiquage et
détails de production
Poivron
hâtif
50 ou 72
Repiquage de plantules ou semis direct
dans les multi cellules.
Compter de 8 à 9 semaines avant le
repiquage au champ.
Poivron
de
moyenne
saison ou de fin
de saison
36, 50, 128 ou semis
dans des plateaux sans
alvéoles av
ec
repiquage dans des
pots de 10
cm
128 à 200
Semis direct dans les multi
c
ellules.
Compter de 7 à 8 semaines avant le
repiquage au champ.
Chou
hâtif
72 ou 98
Semis direct dans les multi
cellules.
Compter de 5 à 6 semaines avant le
repiquage au champ.
Chou
de
moyenne
saison ou de fin
de saison
72, 128
128 à 200
Semis
direct dans les multi
cellules.
Compter de 4 à 5 semaines avant le
repiquage au champ.
Concombre
,
melon
, courge
24, 50, 72
24 à 128
Semis direct dans les multi
cellules.
Compter de 3 à 4 semaines si on utilise des
multi
cellules à 24 ou à 38
alvéol
es, et de 2
à 3 semaines si on utilise des multi
cellules
à
128
alvéoles.
Ne pas laisser les plants pousser trop en
hauteur dans la serre.
Laitue
72, 128
Céleri
-
rave
72
Maïs
128, 200
Semis direct en
champ
Oignon
Plateaux ou
multicellules
a
S
emis direct en
champ
Oignon
espagnol
200 ou 288
Semis direct dans les multi
cellules.
Rabattre plusieurs fois les plantules pour
les renforcer (on coupe
la
pointe
des
oignons
,
ce qui
encourage un
développe
ment
en largeur plutôt qu’
en
hauteur
). Compter de 8 à 10
semaines
avant le repiquage au champ.
1.
Les oignons et les poireaux sont semés à raison de 200 à 500 graines par plateau d’environ 25 par 50
cm. Certains
producteurs augmentent l’épaisseur de terreau jusqu’à 12 o
u 13
cm de profondeur pour permettre une nutrition prolongée des
oignons. Les oignons peuvent aussi être semés à raison de deux à quatre par multi
cellule
,
mais cela demande une certaine
expérience
,
car ils sont plus difficiles à réussir (arrosage et ferti
lisation plus difficile
s
).
Note
: Lorsqu’on repique un jeune plant à
racines nues,
il faut
toujours le tenir par un cotylédon.
Toucher la tige entra
î
ne des blessures propices à la fonte des semis.
Frédéric Duhamel, Les Jardins de Tessa
«
Nos oignons s
ont semés dans des plateaux
dont
nous remontons les rebords à 15
cm (avec
du plastique rigide comme celui utilisé pour les pancartes électorales). Nous mettons cinq rangs
et semons 500 graines au total (versées avec un petit verseur manuel). La qu
antité de terreau
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Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée
, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
8
nourrit les oignons jusqu’à leur plantation au champ (la croissance des oignons avant leur
plantation est assez exigeante). »
Michel Massuard, Le Vallon des Sources
«
La plupart de nos graines sont soit pré
-
germées soit semées en plate
aux puis transplantées
au stade approprié (tableau 2). Le temps nécessaire au repiquage est compensé par des
économies de temps générées par l’élimination des binages et du désherbage des
transplants.
»
Tableau
2
Détails de production des transplants
à la
ferme Le Vallon des Sources
Légumes
Technique/multicellules
Raisons
Cucurbitacées
Semences pré
-
germées dans du
papier
essuie
-
tout mouillé
;
Semées dans multi
cellules 36.
Permet de mettre juste une graine par pot, ce
qui est économique. La germination
est rapide
grâce à la pré
-
germination.
Tomates,
aubergines,
piments
Semées en plateaux puis
transplantées en multi
cellules 36
Bonne uniformité des transplants
; nous ne
repiquons que du beau transplant.
Crucifères
Semées en plateaux
,
puis
transplantées
en multi
cellules 72
Régularité dans les transplants
; nous ne
repiquons que du beau transplant
; les
crucifères aiment être transplantées
; cette
méthode évite de mettre 2 graines par cellule.
Laitues
Semées directement en multi
cellules
128. Les graines
sont déposées sur le
terreau et recouvertes de vermiculite
.
Oignons et
poireaux
Les oignons et les poireaux sont
semés à la volée dans des plateaux
de 28
cm x 54,6
cm par 5
cm
d’épaisseur
;
500 graines y sont
semées.
Johanne
Lebœuf
, La Terre
Ferme
«
À
mon avis, il faut éviter les multi
cellules 200 pour les oignons et les choux en
culture
bio
logique
,
car
c'est trop petit.
Nous l
es
avons utilisé
s
sans succès pendant quelques années.
Nous réussissons bien le maïs en 128 et les cucurbitacée
s en multi
cellules 50. Les tomates et
les
poivrons sont semés en 128 et repiqués en pots de 10
cm (4 pouces)
; cela donne une
latitude intéressante pour la date de plantation.
Pour les oignons et les poireaux, nous avons obtenu de très bons résultats en s
emant dans des
plateaux (28
cm x 54,6
cm) avec 5
cm de terre (200
-
300 semences)
et en augmentant
graduellement la fertigation à base de poisson (selon les recommandations de Jean Duval).
La
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, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
9
croissance des plantules était comparable à celle de plateaux ave
c côtés surélevés contenant
deux fois plus de terreau.
Question travail, la méthode avec fertigation est moins exigeante
(moins de terreau à manipuler).
Le mélange fertilisant est fait dans un bidon plastique de
45
gallons et une pompe à piscine sert pou
r faire l'arrosage avec la solution.
Selon notre expérience, dans le cas des semis de cucurbitacées
,
il est très important que le
terreau soit chaud et qu'il le reste pendant toute la première semaine de levée. Lorsqu'on
annonce une semaine froide et nuage
use, il est préférable de retarder le semis en serre
ou de
faire pré
-
germer les graines dans un endroit chaud
,
sinon le pourcentage de levée peut être
faible.
Les cucurbitacées me semblent le semis le plus difficile à réussir dans une serre avec
une grand
e diversité de végétaux.
»
Attention
:
L
a manipulation de graines pré
germées demande de la délicatesse et de la minutie.
En effet, si le germe est brisé la plante ne poussera pas.
2.2
Désinfection du matériel
Les plateaux de multicellules doivent être la
vés et stérilisés entre chaque cycle de production.
Les substances permises pour la désinfection en agriculture biologique sont l’hypochlorite de
sodium (eau de Javel), l’alcool, le vinaigre et le peroxyde d’hydrogène (attention, certains
peroxydes contien
nent des stabilisateurs interdits en bio). L’eau de
J
avel est d’une efficacité
variable. On peut utiliser une concentration de 1 partie d’eau de
J
avel pour 10 parties d’eau. La
solution est toutefois instable et doit être renouvelée aux 2 heures et le pr
oduit est irritant. Il faut
bien laisser sécher les multi
cellules pour éviter les risques de résidus toxiques. Les objets à
désinfecter doivent être propres
, parce que l
a saleté et la matière organique empêchent l’action
du désinfectant.
Ils
doivent être en contact avec la solution désinfectante pendant au moins 10
minutes. Des bulletins sur la désinfection du matériel peuvent être consultés sur
le site d’A
gri
-
réseau (Villeneuve, 2004
; Carrier et Senécal, 2008)
,
. Des trois prod
uits désinfectants
recommandés pour la désinfection des serres en agriculture conventionnelle, seul l’Hyperox
®
est autorisé en agriculture biologique.
Les fermes qui ont des problèmes importants de maladies (par exemple dans la tomate) ont
certainement int
érêt à désinfecter leur matériel. Toutefois, plusieurs fermes ne désinfectent pas
leur matériel et n’ont pas de problèmes.
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, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
10
Jean
-
François Robert, Les Jardins de St
-
Félicien
«
Nous désinfections le matériel au début
,
mais nous avons cessé
parce que nous do
utions de
l'efficacité de cette mesure, à moins de renouveler très souvent la solution.
Nous n'avons jamais
eu de problèmes de contamination, ou du moins n'avons rien remarqué de suffisamment
important au point d'identifier la propreté du matériel de semis
comme étant un problème.
À
notre avis
,
il faut faire davantage attention au compost et à la gestion de l'irrigation.
»
Johanne Lebeuf, La Terre Ferme
«
Auparavant, p
our la désinfection,
nous passions tout à l'eau de
J
avel
,
comme décrit dans c
e
module
.
Main
tenant
,
on se contente d'étaler les cellules au soleil et de bien les faire sécher
quelques jours avant les semis et d'utiliser du Rootshield (voir plus loin).
Avec cette méthode,
on ne voit pas de différence et c'est moins compliqué.
Il y
a peu de maladies
,
sauf lorsque la
température est nuageuse sur une longue période de temps.
»
2.3
Remplissage des multicellules
Le terreau doit être humidifié avant le remplissage des cellules.
Cela
permet à la tourbe de
gonfler et de rester plus po
reuse et aussi de limiter l’affaissement du terreau lors du premier
arrosage. Il ne faut pas que le terreau soit trop mouillé. Lorsque l’on comprime une poignée de
terreau dans la main, il ne doit pas y avoir un écoulement d’eau. À l’ouverture de la main,
la
motte doit se défaire facilement avec une légère pression du doigt.
Le terreau peut être distribué manuellement de la façon la plus uniforme possible. Le surplus
de terreau est alors brossé délicatement vers l’extérieur ou vers les zones qui en ont moi
ns. On
compacte le substrat en soulevant les plateaux à une hauteur de 6
cm et en les laissant
retomber. Cette opération peut être répétée une ou deux fois. Certains producteurs font tomber
les plateaux de plus haut. Les cavités sont ensuite remplies à leu
r niveau final en rajoutant du
terreau et en brossant à nouveau. On peut
aussi
déplacer
une petite planche en
un mouvement
de va
-
et
-
vient
sur le dessus des plateaux
,
pour
enlever
le surplus et uniformise
r
la su
rface.
Le terreau ne doit pas être trop compacté. Un terreau compacté contient peu d’air, sèche
lentement et favorise les maladies racinaires. Il faut croiser les plateaux lorsqu’on les empile
afin de ne pas compacter le terreau.
© Équiterre, 2009, Tous droits réservés. Module 4, Productions de transplants et de légumes en serres, Chapitre 6,
«
Production des transplants », manuscrit d
u
Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée
, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
11
Frédéric Duhamel, Les Jar
dins de Tessa
«
Il faut remplir SANS PRESSION les cellules et
secouer
le
plateau
en
un mouvement de
rotation pour remplir toute
s
les cellules.
On e
nl
ève
le surplus de terreau avec un bâton.
On
s
oul
ève ensuite
(ma
x
. de
2
pi de haut
eur
) les plateaux et
on
les laisse
retomber en faisant
attention qu’ils tombent bien à plat pour que le terreau s’enfonce. En général
,
la graine devait
être semée à une profondeur égale à 1,5 fois sa grosseur.
»
Johanne Lebeuf, La Terre
Ferme
«
Un truc facile et simple pour préparer les multi
cellules consiste à passer un petit balai à main
(type
balai
à porte
-
poussière) sur chaque plateau après remplissage. Quand on sème par la
suite, la semence va se loger dans la dépression faite par
le passage du balai.
Nous utilisons
cette méthode depuis toujours avec un semoir aspirateur
.
»
3.
TERREAU
Certains producteurs choisissent d’acheter leur terreau. Dans ce cas, il est important d’utiliser
un terreau professionnel, conforme aux normes b
iologiques et dont la salinité est mesurée.
D’autres producteurs font leur propre mélange.
La quantité de terreau nécessaire varie avec la taille des multi
cellules utilisées. Pour les
systèmes ASC, les besoins de terreau sont d’environ 0,5
m
3
pour la prod
uction des transplants
nécessaires à 25 paniers.
3.1
Avantages et désavantages des terreaux avec compost
Il existe de nombreuses recettes de terreau. Beaucoup de personnes sont aussi prêtes à
donner des conseils basé
s sur leur propre expérience. Il faut ê
tre très prudent
. Une recette peut
fonctionner pendant 9 ans et surprise... la dixième année, c’est
la
catastrophe. Les semis ne
lèvent pas ou les transplants poussent très mal. Cette imprévisibilité est liée à l’utilisation de
compost dans l
e mélange. Les mélanges utilisés
en
agriculture conventionnelle ne contiennent
pas de compost, ce qui réduit de beaucoup le risque
. Quelques notions doivent être bien
comprises avant de s’aventurer dans ce domaine
, à plusieurs égards
encore mal connu
en
agriculture biologique
.
—
L
orsqu’il y a du compost dans le terreau, ce dernier est la source de fertilité pour les
transplants. Le compost se minéralise graduellement et libère les éléments fertilisants
pour les pl
antes
.
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Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée
, rédigé
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12
—
P
lus il y a de compost, plus le terreau est fertile
.
—
P
lus le compost se minéralise, plus la fertilité augmente
.
—
P
lus le terreau est riche, plus il est salin. Ce sont les éléments nutritifs qui sont la source
de salinité, en particulie
r les nitrates et, dans une moindre mesure, les sulfates.
Si la salinité est excessive (tableau 3)
,
soit parce qu’il y a trop de compost, soit parce que ce
dernier est trop riche
ou
qu
’il
se
minéralise trop vite, les transplants ne
pousseront pas et vont
même mourir.
En agriculture conventionnelle, la salinité est bien contrôlée
,
car les engrais chimiques ne se
minéralisent pas (ils sont déjà sous forme de minéraux) et aussi parce que la salinité de chaque
engrais est connue. Il suf
fit de mettre la bonne dose d’engrais.
La salinité
n’est pas du tout contrôlée en agriculture biologique. Non seulement la salinité d’un
terreau avec compost
varie
-
t
-
elle
au gré de
s
a minéralisation
,
elle
-
même
variable selon
la
température et
l’humidité, mais
encore
la salinité de chaque compost est différente. Si le
compost est toujours fait à la ferme de la même façon et avec les même
s
ingrédients, la salinité
de ce dernier et sa vitesse de minéralisati
on varieront peu. Si le compost est acheté, même si
l’on achète toujours la même marque, la salinité de ce dernier peut varier.
Lorsqu’un terreau est salin, on peut observer deux phénomènes apparemment contradictoires
lorsqu
’on compare les transplants
issus d’un tel terreau avec ceux produits sur un terreau peu
salin
.
—
Certains
types de légumes peuvent être beaucoup plus beaux
avec un
terreau salin
qu
’avec un terreau
peu salin
; dans ce cas, les transplants en question
sont
peu sensibles
à la salinité et profitent de la fertilité élevée
.
—
Certains
types de légumes ne poussent pas du tout ou de façon très inégale dans
un
terreau salin
; ces transplants sont sensibles à la salinité et sont affectés par cette
der
nière.
L’utilisation d’un compost de qualité permet de limiter les problèmes de salinité et permet aussi
de protéger les plantules contre certaines maladies grâce à la présence de microorganismes
bénéfiques dans le mélange de terreau. Toutefois, même avec
un
compost de qualité, il faut
faire une bonne gestion afin d’éviter les problèmes de salinité.
3.2
Évaluation de la salinité
La salinité et le pH devraient être mesurés régulièrement. Les analyses sont faites sur place à
partir d’un mélange fait de 2 v
olumes d’eau pour un volume de terreau en utilisant un pH
-
mètre
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Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée
, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
13
et un conductivimètre (qui mesure la salinité). Il faut attendre 30 minutes avant de faire la
lecture.
Voici tout d’abord les valeurs recommandées en serriculture conventionnelle pour des ter
reaux
à base de tourbe
, donc
sans compost dans le mélange
(tableau 3
).
Tableau 3
Valeurs de salinité (Lambert, 2006)
Salinité en
millis
iemmens
(mS)
Indications pour milieux tourbeux
0 à 0,25
Très basse
: carences possibles si la croissance est rapide
0,26 à 0,75
Basse
: acceptable pour les jeunes plantules et les plantes sensibles à la salinité
0,76 à 1,25
NORMALE
: sauf pour les plantes sensibles aux excès de sel
1,25 à 1,76
Élevée
: réduction possible de la croissance et
de
la vigueur
,
en période c
haude surtout
1,76 à 2,25
Très élevée
:
dommages
dus à la réduction d’absorption de l’eau par les racines en milieu
salin
; a
pparition de brûlures marginales et de flétrissement
Plus de 2,25
Excessive
: la plupart des plants sont affectés
; l
essivage requis
Pour faire correspondre cette analyse avec une analyse de salinité faite en laboratoire
: diviser
le résultat du laboratoire par environ 2,5.
Les laitues, le céleri et les concombres ainsi que d’autres cucurbitacées sont particulièr
ement
sensibles à la salinité.
Le pH des terreaux doit se situer entre 6 et 6,5.
3.3
La réalité sur le terrain
Depuis 2004, la salinité et le pH des terreaux de plusieurs agriculteurs biologiques ont été
mesuré
s. L’état des transplants a aussi été vér
ifié. Les résultats sont très variables.
En voici l
es
principales observations
:
—
la salinité des terreaux variait de 2 à 8
mS
;
—
la salinité des composts variai
t de 1,6 à 6,6
mS
;
—
une mauvaise germination et une croissance i
négale était observées avec des salinités de
terreau supérieures à 3
mS. Certaines plantes sensibles à la salinité avaient des
problèmes de croissance lorsque la salinité était supérieure à 2
mS.
D’après ces résultats et l’observation des transplants, il s
emble toutefois que les plantes
tolèrent une salinité plus élevée quand il y a du compost dans le terreau.
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14
Pour ce qui est de
l’eau d’arrosage, le pH était la plupart du temps entre 7 et 8.
Les principales conclusions que l’on peut tire
r de ces suivis sont les suivantes
.
—
L
es producteurs expérimentés
,
qui connaissent bien leur compost et qui maîtrisent bien
l’arrosage et l’aération de la serre
,
obtiennent de bons résultats avec des doses de
compost allant jusqu’à 60
% du mélange
.
—
L
es producteurs qui ne maîtrisent pas bien l’arrosage et l’aération de leur serre, ou qui ne
connaissent pas bien leur compost
,
peuvent avoir des problèmes de salinité avec aussi
peu que 20
% de compost dans le mélange de terreau
.
—
Certains
p
roducteurs obtiennent de bon
s
résultats certaines années et de mauvais
résultats dans
d’autres
. La salinité du compost n’est pas constante d’une année à l’autre
,
ce qui pourrait
expli
quer
ces
résultats.
Michel Massuard, L
e Vallon des Sources
«
Nous utilisons deux mélanges
: un mélange plus pauvre pour les semis et un autre plus riche
pour le repiquage. Ces mélanges sont utilisés avec succès depuis plusieurs années
.
—
T
erreau de semis
: 35
% compost, 50
% tourbe, 15
% v
ermiculite. Nous rajoutons à ce
mélange 4
kg d’os moulu et 5
kg de chaux pour 3
m
3
.
—
T
erreau de repiquage
: 45
% compost, 45
% tourbe, 10
% vermiculite. Nous rajoutons à
ce méla
nge 5
kg de chaux pour 3,5
m
3
.
Nous utilisons un compost bien
mûr,
de de
ux ans
,
afin d’éviter les problèmes de
germination ou
de
croissance.
Une année, nous avons acheté du terreau
,
car il nous semblait que notre compost n’était pas
assez mûr. Les résultats ont été bizarres. Les poireaux ont été beaucoup plus beaux qu
’avec le
mélange fait avec notre compost maison, mais les laitues n’ont pas germé et n’ont pas poussé.
Une autre année, nous avons semé les poireaux en partie dans notre terreau de semis et en
partie dans notre terreau de repiquage, plus riche. Les poireau
x dans le terreau de semis ont
beaucoup mieux poussé que ceux dans le terreau de repiquage.
»
Frédéric Duhamel, Les Jardins de Tessa
«
Pour les oignons et les poireaux, on ajoute du compost à notre terreau (mélange Fafard).
Ils
sont aussi
ferti
gués
après
la première et la deuxième
taille et avant la transplantation avec de
l’émulsion de poisson (5
ml/L) et des algues séchées (1
g/L).
»
La régie de l’arrosage des transplants est aussi un facteur critique. Ainsi, un producteur en
Montérégie
a toujours eu d’excellent
s
résultat
s
avec son terreau, jusqu’au jour où
une nouvelle
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, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
15
personne
s’est
s’occupé
de l’arrosage
. Cette année
-
là, les problèmes de croissance dus à la
salinité ont été importants.
3.4
Quel mélange utili
ser
?
En production conventionnelle, la plupart des terreaux sont uniquement composés de mousse
de tourbe, de vermiculite
ou de perlite. De la chaux y est ajoutée, afin d’ajuster le pH, ainsi
qu’une petite
dose d’engrais. Il est primordial d’utilise
r un bon agent mouillant dans de tels
mélanges ayant une proportion importante de tourbe. Lorsque de l’engrais est ajouté au
mélange, on recherche les proportions suivantes entre les éléments majeurs
: 1
N
: 0,15
P
:
1
Ca
: 0,5
mg (Vallée et Bilodeau, 1999
). Le potassium n’est
ajouté que plus tard
,
avec la
fertilisation régulière
,
qui commence
au stade cotylédon. Afin de donner une base pour estimer
la quantité d’engrais qu
’on peut
ajouter, toujours en fertilisation conventionnelle, on
fer
tilise avec
0,3 à 0,6
kg de triple superphosphate (46
% de P
2
O
5
), 0,6
kg de gypse, 0,3 à 0,6
kg de nitrate
de calcium (15
% de N)
par mètre cube de terreau,
ai
nsi
qu
’avec
des oli
go
-
éléments. En
agriculture biologique, ces e
ngrais sont à remplacer par des engrais acceptés en agriculture
biologique.
Voici un mélange
qui fonctionne bien en général (Senécal M., MAPAQ., communication
personnelle )
: 8 à 10
% de compost, 30
% de mousse de tourbe blonde (elle est plus chère que
l
a régulière), 30
% de perlite, 30
% de terre noire (ou d’un mélange à jardin) et
3
kg de chaux
dolomitique poudreuse par mètre cube de mélange. Plusieurs producteurs utilisent un terreau
de semis qui contient peu de compost et un terreau de repiquage pl
us riche en compost (voir
plus loin).
Dans un tel mélange, la terre noire ou un mélange à jardin (sol, terre noire et chaux) permet de
garder le terreau humide un peu plus longtemps, ce qui réduit la fréquence des arrosages. Le
niveau de compost est très b
as, ce qui élimine les risques de salinité. Il faut par la suite apporter
des fertilisants lors des arrosages.
Attention
:
—
L
’acidité de
la tourbe varie
; les quantités de chaux à rajouter par mètre cube de tourbe
peuvent varier de 2,4 à 6
kg
.
La cha
ux ne doit pas être
en granules
,
sinon le pH prend des
semaines à
augmenter
.
—
La
qualité de la tourbe varie
: certaines tourbes (en particulier celles vendues à rabais)
sont très fines et poussiéreuses. Dans ce cas, les pores sont bloqués,
le terreau ne sèche
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16
plus et les résultats peuvent être très mauvais. Il faut une tourbe fibreuse de bonne
qualité
.
—
L
a vermiculite
a tendance à garder le terreau humide plus longtemps que la perlite
.
—
Si
du sable est utilisé à la place de la perl
ite ou la vermiculite, il faut que ce soit du sable
grossier, à angles aigus. Le sable fin utilisé en construction
a
l’effet contraire à celui
recherché
:
il bouche les pores et garde le sol humide trop longtemps.
LORSQUE
PLUS DE 15 à 20
% DE COMPOST
EST UTILISÉ DANS LE MÉLANGE, IL EST
IMPORTANT DE SURVEILLER LA SALINITÉ ET LE PH AVEC UN CONDUCTIVIMÈTRE ET
UN
PH
-
MÈTRE. Ces outils coûtent
entre
100
et
150
$
, et leur utilisation
pourrait éviter des
problèmes. De façon générale
, il est recommandé de faire ces suivis quelle que soit la
composition du terreau.
Jean
-
François Robert, Les Jardins de St
-
Félicien
«
Nous n'utilisons pas de compost dans le terreau à semis, seulement dans le terreau à
repiquage (25
% environ
,
mais cette
quantité peut varier en fonction de l'exigence des cultures).
Nous faisons systématiquement analyser notre compost.
Nous faisons faire des analyses standard
s
dans le seul but de vérifier s'il n'y a pas d'excès et si
le pH est adéquat. Nous avons aussi un
pH
-
mètre et un conductivimètre pour le sol de serre.
»
Andrée Deschênes, Le Jardin des Pèlerins
«
Nos mélanges de terreaux sont les suivants
:
Terreau de semis
Terreau de repiquage
Bacs de culture
Tourbe blonde
70
%
30
-
35
%
25
%
Tourbe brune
20
%
25
-
30
%
Perlite
15
%
10
% (ou vermiculite)
13
%
Sable lavé
10
%
7
% (ou vermiculite)
Compost
15
%
25
-
30
%
25
-
30
%
Chaux dolomitique
5
-
6 g/L de tourbe
Cendre de bois franc
1 g/L de tourbe
Mycorhizes Myke Pro AG
!
2
g/L de mélange
2
g/L de mélange
On
achèterait volontiers du terreau pré
mélangé
, mais
pour le moment
,
aucun ne nous satisfait
(en 2007).
Le terreau Myke serait intéressant, mais il n’est pas disponible dans des sacs de bon
volume (
seul
s
des sacs de
35 litre
s
sont actuelle
ment
produit
s
,
ce qui
fait trop de plastique à
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, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
17
jeter).
La plupart des autres terreaux sur le marché sont souvent trop lourds, la tourbe trop
décomposée, et le pH difficile à prédire.
Donc
,
nous sommes re
venu
e
s à
l
a
production de
nos propres terreaux.
Nous utilisons de la
cendre
; elle est
facilement disponible
puisque
c'est la nôtre.
Cela renforce
quelque
peu le
contenu minéral du terreau
.
On assure ainsi un appor
t
de potassium à
no
s tomates,
dont le
besoin en
potassium est important
.
»
Denis La France, Cégep de Victoriaville
«
Lorsqu’on a développé des recettes de terreau qui donnent de bons résultats, il faut rép
éter
les mêmes procédures exactement chaque année, composter les mêmes matériaux dans les
mêmes conditions et mesurer très exactement les ingrédients lors du mélange.
Il faut s
’assurer,
entre autres, que les composts pour les terreaux sont toujours couve
rts et faire des petits tas
bien aérés.
»
3.5
Utilisation de mycorhizes
Les mycorhizes améliorent l’absorption des éléments nutritifs, en particulier le phosphore, et
augmentent la résistance des plantes à la sécheresse. Il peut être très intéressant de m
élanger
des mycorhizes au terreau. Il se peut alors que certaines plantes poussent plus vite, ce qui
permet de
retarder les dates de semis des transplants. Les alliacées répondent particulièrement
bien à la mycorhization
,
alors que les crucifè
res n’y répondent pas du tout. L’utilisation de
mycorhizes dans le terreau permet aussi d’en inoculer le sol des champs
,
ce qui est très
intéressant.
Andrée Deschênes, Le Jardin des Pèlerins
«
Nous mettons des mycorhizes dans notre terreau surtout pour in
oculer le sol de nos champs.
En effet, dans notre type de sol, il est bon d’avoir des mycorhizes pour les raisons suivantes
:
—
no
tre
sol
est
très
sableux
et
sa
structure doit être renforcée. Les mycorhizes produisent de
la gloma
line (glycoprotéine) qui sert de colle pour les microagrégats
;
—
les échanges d'éléments nutritifs sol
-
plante
-
sol sont facilités par les hyphes et la
pénétration intracellulaire
remarquable
d
es mycorhizes
;
—
l'eau est une préoccupation constante
; nous avons des allées enherbées en permanence
(trèfle Huia) pour éviter les pertes d'eau, mais sur le rang, on doit aussi tout faire pour la
conserver. Les cultures de couverture et engrais verts ont pour fonction de couvrir la
surface, évit
er l'érosion
éolienne et encourager la microflore, spécialement les
mycorhizes.
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«
Production des transplants », manuscrit d
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Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée
, rédigé
par Anne Weill et Jean Duval.
18
Il est à noter que j'ai été à même de constater que l'agriculture biologique n'est pas garante de
bons sols et de bonne mycorhization.
Les fermes qui ont atteint une bonne dynamique
micro
bienne ne sont pas
très
nombreuses.
Mais quand cela arrive,
les résultats sont
au
-
delà de
ce qu'on peut imaginer
(rendement même en temps de sécheresse, résilience même en saison
très humide, constance des rendements, indices de s
ucre, etc.). J'espère qu'un jour nous
y
arriverons
.
»
4
.
SEMIS ET GERMINATION
DES TRANSPLANTS
4.1
Semis des transplants
Le semis direct dans les multi cellules doit se faire avec des semences ayant un haut taux de
germination. Les semences peuvent
être enrobées pour faciliter le semis. Il est recommandé de
ne pas conserver les semences plus d’un an pour la plupart des espèces.
Le semis de surface est adéquat pour la majorité des espèces. L’utilisation d’un poinçon qui
permet de faire une légère dép
ression au milieu de la cellule est toutefois recommandée
,
car
cela
assure
de bien positionner la semence. Cette opération est très importante pour les
crucifères pour faciliter leur enracinement initial, Les trous de semis peuvent être faits à l’
aide
d’un objet pointu afin de ne pas compacter le terreau. Il est aussi possible d’utiliser un gabarit
avec des goujons qui est pressé délicatement contre le terreau. Une brosse souple peut aussi
être utilisée pour enlever un peu de terreau de la surface
des cellules (Vallée et Bilodeau,
1999).
Voici les
principaux types de semoirs disponibles
:
—
le
petit semoir verseur de base pour les opérations de petite envergure
,
au
coût
de
5 $
environ (figure 2)
;
—
le
semoir à vibrateu
r (figure 3)
;
ce
semoir
possède
un petit vibrateur qui fait descendre la
semence sur une spatule.
Il
permet de semer 5 à 10 plateaux à l’heure
, et s
on prix est
d’environ 50
$
;
—
le
semoir à plaque
s
(figure 4)
,
composé de
deux plaques trouées en plexiglas. Les
semences se logent dans les trous de la plaque du dessus
, alors que l
a plaque
du
dessous est positionnée de façon à bloquer les trous. En
déplaçant
une plaque par
rapport à l’autre
,
il est possible d’e
nligner les trous des deux plaques
et de
faire tomber
les
semences
dans les plateaux. Il faut un ensemble de plaques par type de plateau. Le prix
est d’environ 120
$
;
Tiré du Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée. Pour consulter le guide en entier, cliquez ici (des liens ont été ajoutés dans la table des matières vers chacun des chapitres).
Organisation : Équiterre
Auteur(s) : Bio-Action, par Anne Weill, Ph. D., agronome et Jean Duval, M. Sc., agronome
Date de publication : 02 mars 2010
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