Ajouté à Mes favoris.

Logo Agri-Réseau
S'informerLe savoir et l'expertise du réseau agricole et agroalimentaire
Logo Agri-Réseau
S'informerLe savoir et l'expertise du réseau agricole et agroalimentaire

S'informer

Le savoir et l'expertise du réseau agricole et agroalimentaire

Chargement en cours

Filtrer la recherche 
  • Sujet(s) :
  • Production(s) :
Format
Type de contenu
Date de début
Date de fin
Régions

Apiculture - Chronique No 27 - 17 mars 2023

Image Agri-Réseau
AU RUCHER CETTE SEMAINE
17 mars 2023


Webinaire

Le webinaire Le traitement estival de Varroa destructor : quand, comment et pourquoi? présenté par Laurence Plamondon, M.Sc., le 25 janvier dernier est maintenant disponible en rediffusion sur la page Youtube du CRSAD.


La qualité des reines produites commercialement, partie 2

Dans la première partie de la chronique, publiée la semaine dernière, nous avons vu que selon certaines expériences conduites par le Dr David R. Tarpy et son équipe aux États-Unis et par le Dr Medhat Nasr et son équipe en Saskatchewan, la qualité des reines produites par les éleveurs de reines demeure bonne. Tous deux ont cependant constaté beaucoup de variabilité au sein d’une même entreprise, ce qui fait que les apiculteurs reçoivent majoritairement des bonnes reines, mais qu’il y a quand même quelques reines moribondes qui se glissent dans les lots. Alors pourquoi les apiculteurs observent-ils autant de reines de moindre qualité ou avec une longévité réduite une fois les reines dans leur élevage? La réponse se situe avant ou après l’accouplement et la seconde partie de la conférence du Dr Tarpy permet d’en apprendre davantage. 

Les facteurs externes pour expliquer la qualité des reines

Les raisons pour lesquelles les reines de bonne qualité finissent par mourir prématurément et devenir moribondes se situent à plusieurs niveaux : des facteurs chimiques, en lien avec la gestion des ruches et des facteurs environnementaux. 

Les facteurs chimiques

L’exposition aux pesticides est un facteur bien connu dans la détérioration de la qualité des reines. Leur impact diffère cependant selon la route d’exposition. Par exemple, des ouvrières nourries avec du pollen contaminé vont produire des reines de moins bonne qualité, mais il n’y aura pas d’effet sur le nombre de reines produites. Par contre, si les reines sont élevées dans de la cire contaminée, le nombre de reines produites sera diminué, mais la qualité des reines restera bonne. L’exposition aux pesticides réduisait aussi la viabilité des spermatozoïdes et une viabilité réduite du couvain produit par les reines exposées. (Exposition à un mélange de pesticides, représentatif des conditions qui peuvent être retrouvées dans les ruches. Milone et Tarpy, 2021).

Parmi les facteurs chimiques, on retrouve également les phéromones de la reine et du couvain, mais ils ne seront pas abordés dans le cadre de cette chronique. 

Les facteurs en lien avec la gestion des colonies et des abeilles

L’un des principaux facteurs en lien avec la gestion concerne le transport des reines. L’exposition à des températures trop élevées ou trop basses pendant le transport a un effet négatif sur la qualité des reines en diminuant entre autres la viabilité des spermatozoïdes dans la spermathèque. Cela avait d’ailleurs été démontré par plusieurs groupes de chercheurs, dont Andrée Rousseau, chercheure en sciences apicoles au CRSAD. 

Les facteurs environnementaux

Les facteurs environnementaux, principalement en lien avec la nutrition disponible pour les larves, affectent aussi la qualité de la reine. La concentration en sucres dans la diète a un effet sur les niveaux d’hormone juvénile. L’hormone juvénile permet d’induire le développement ovarien chez la reine (De Souza et al, 2018). De plus, la taille de la reine (qui est un indicateur de sa qualité, plus la reine est grosse, meilleure est sa qualité) est déterminée par la qualité et la quantité de gelée royale qu’elle reçoit durant son développement larvaire. Enfin, il ne faut pas non plus négliger la nutrition des faux-bourdons. L’apport supplémentaire de sucre et de supplément protéique permet de produire des mâles plus gros et avec un sperme de meilleure qualité (Rousseau et Giovenazzo, 2016). 

Enfin, il est intéressant de noter que certains critères selon lesquels une reine est jugée mauvaise peut ne pas être représentatif de sa qualité. Par exemple, les reines qui présentent un patron de ponte irrégulier ne sont pas nécessairement des mauvaises reines. Le patron de ponte irrégulier peut avoir différentes causes, comme la présence de virus (celui des ailes déformées, par exemple) ou d’autres maladies, mais peut aussi résulter d’une faible réserve spermatique. L’une des expériences réalisées par le Dr. Tarpy et son équipe a permis de mettre en lumière l’influence de la colonie sur la qualité de la reine. Un échange de reines avait été réalisé entre deux colonies : la reine qui présentait un patron de ponte irrégulier était placée dans une colonie dont le patron de ponte était régulier, et la reine au patron régulier était placée dans la première colonie qui présentait le patron de ponte inégal. Au terme de l’expérience, chaque colonie avait conservé le patron de ponte de la colonie originale, celui-ci n’ayant pas été corrigé ou détérioré par la présence de la nouvelle reine. Le patron de ponte semble donc être un trait qui caractérise une colonie plutôt qu’une reine seule. 


 
Image Agri-Réseau

La qualité des reines est attribuable à un ensemble de facteurs

Capture d'écran de la présentation du Dr Tarpy



En conclusion, la qualité des reines peut être expliquée par un ensemble de facteurs, autant liées à la reine elle-même et la qualité de sa fécondation, mais aussi les conditions d’élevages, de transport et de d’autres facteurs en lien avec la colonie et la régie des ruches. Il ne faut pas oublier non plus que le succès de fécondation et que la population de la colonie reposent sur un autre individu non-négligeable : le faux-bourdon. Ceux-ci sont sensibles aux stress subits au cours de leur développement larvaire et sont aussi responsable, ultimement, de la qualité des reines. 


Références :
De SOUZA, D.A., HUANG, M.H. & TARPY, D.R. 2019. Experimental improvement of honey bee (Apis mellifera) queen quality through nutritional and hormonal supplementation. Apidologie 50, 14–27. https://doi.org/10.1007/s13592-018-0614-y
McAfee, A., Chapman, A., Higo, H. et al. 2020. Vulnerability of honey bee queens to heat-induced loss of fertility. Nat Sustain 3, 367–376. https://doi.org/10.1038/s41893-020-0493-x
Milone, J. P. et D. R. Tarpy. 2021. Effects of developmental exposure to pesticides in wax and pollen on honey bee (Apis mellifera) queen reproductive phenotypes. Nature scientific reports 11, 1020. https://doi.org/10.1038/s41598-020-80446-3. 
Rousseau, A. et P. Giovenazzo. 2016. Optimizing Drone Fertility With Spring Nutritional Supplements to Honey Bee (Hymenoptera: Apidae) Colonies. J. Econ Entomol. 109 (3): 1009-1014. https://doi.org/10.1093/jee/tow056
Rousseau, A., Houle, É. et Giovenazzo, P. 2020. Effect of shipping boxes, attendant bees, and temperature on honey bee queen sperm quality (Apis mellifera). Apidologie 51, 724–735. https://doi.org/10.1007/s13592-020-00756-3

Bulletin rédigé par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD

Organisation : Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD)
Auteur(s) : Martine Bernier
Date de publication : 17 mars 2023

En cliquant sur « Accepter tous les cookies », vous acceptez le stockage de ces témoins de connexion sur votre appareil. Ceux-ci permettent au CRAAQ de générer des statistiques et d'améliorer votre expérience utilisateur. Vous pourrez les désactiver en tout temps dans votre fureteur Web.

Ceci est la version du site en développement. Pour la version en production, visitez ce lien.