Bleuet en corymbe, Avertissement No 8, 8 juin 2022

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Bleuet en corymbe

Le 'Patriot' est au stade fruit vert dans la majorité des régions. La grêle fait des siennes. Les conditions sont favorables aux infections par l'anthracnose. Les captures du petit carpocapse se poursuivent. La ponte des lécanies est commencée, mais il est trop tôt pour intervenir.

STADES DE DÉVELOPPEMENT ('PATRIOT')

Fruits verts
Photo : Violaine Joly-Séguin, agr. (Club conseil du corymbe)
Montérégie, 7 juin 2022

Début des fruits verts
Photo : Club Fertior
Chaudière-Appalaches, 7 juin 2022

Régions	Bourgeons à feuilles	Bourgeons à fruits
Montérégie	Expansion des pousses à point noir	Fruit vert
Laurentides et Lanaudière	Expansion des pousses à point noir	Fruit vert (grosseur d'un petit pois)
Estrie, Centre-du-Québec et Mauricie	Expansion des pousses à point noir	Fruit vert (grosseur d'un petit pois)
Chaudière-Appalaches et Capitale-Nationale	Expansion des pousses à point noir	Fruit vert (début)
Bas-Saint-Laurent	Expansion des pousses	Floraison

Liste et photos des stades du bleuet en corymbe : Highbush blueberry growth stages table (en anglais)

Note : Le tableau ci-dessus indique les stades atteints dans certaines bleuetières pour le cultivar 'Patriot'. Selon votre emplacement, les stades atteints par vos bleuetiers peuvent différer et être plus ou moins avancés.

MÉTÉO EN BREF

Gauche : feuillage tombé et déchiré par la grêle
Droite : grêle au sol après le passage de la tempête
Chaudière-Appalaches, 4 juin 2022

Des épisodes de grêle sont survenus au cours de la dernière fin de semaine dans quelques bleuetières, notamment celles situées dans les régions du centre et de l'est du Québec. En Chaudière-Appalaches, certains producteurs rapportent des dommages considérables (photos ci-haut). Les précipitations demeurent récurrentes dans la majorité des régions, avec une moyenne de plus de 20 mm accumulés depuis le début de juin. En moyenne, selon les régions, la saison actuelle est en avance de 4 jours sur la normale, mais en retard de 5 jours sur l'année dernière (basé sur l'accumulation de degrés-jours en base 5 °C). Pour plus de détails, vous pouvez consulter le sommaire agrométéorologique de la dernière semaine.

À PROPOS DE LA GRÊLE

La grêle déchire et fait chuter le feuillage, mais blesse (« poque ») et fait également tomber des fruits au sol. L'expérience des années passées montre que les fruits endommagés et restés accrochés aux plants vont poursuivre leur développement (prise de calibre) et mûrir. Toutefois, selon l'intensité des blessures, les fruits mûrs renfermeront très probablement une portion durcie et désagréable en bouche. Un petit amas (« motton ») causé par la cicatrisation de l'impact d'un grêlon. Certains se demandent également, avec raison, si toutes les blessures causées par la grêle peuvent devenir des portes d'entrée pour certaines maladies comme la moisissure grise et l'anthracnose. La réponse est non. Donc, selon les expériences passées, il n'a pas été utile d'effectuer des traitements supplémentaires ou particuliers avec des fongicides. Toutefois, soyez aux aguets puisque toutes les saisons ne se ressemblent pas. En cas de doute, n'hésitez pas à consulter votre agronome.

ANTHRACNOSE

Pour les producteurs ayant un historique de présence d'anthracnose, rappelez-vous que le risque d'infection est le plus élevé entre les stades floraison et fruit vert « grosseur d'un petit pois ». Les infections (germination des spores) nécessitent 12 heures de mouillure consécutives entre 15 et 27 °C, conditions aisément rencontrées ces jours-ci. Pour en savoir davantage, consultez le bulletin d’information N° 9 du 1^erjuin 2016.

Symptômes d'anthracnose sur fruit mûr
Photo : Christian Lacroix, agr. (MAPAQ)

PETIT CARPOCAPSE et NOCTUELLE DU CERISIER (PAPILLONS GRAPHOLITA)

Des pièges ont récemment été installés dans le Bas-Saint-Laurent. Les captures se poursuivent en Estrie (2-3 captures/piège). Les captures ont explosé sur certains sites de la Mauricie (> 100 captures/piège). Si votre historique de dommages le justifie, les traitements ont généralement lieu entre la nouaison et le début des fruits verts. À noter qu'il est inutile d'intervenir si vous n'avez pas un historique de dommages par ces insectes. Pour en savoir davantage, consultez l'avertissement N° 4 du 12 mai 2022.

LÉCANIES (GROUPE DES COCHENILLES)

Carapaces (boucliers) de lécanies saines (en brun) et très probablement parasitées (en noir)
Photo : Marie-Ève Dion, agr.
Mauricie, 6 juin 2022

Les lécanies sont signalées plus fréquemment depuis quelques années. Cette semaine, elles ont été remarquées dans plusieurs régions, dont la Montérégie, les Laurentides, la Mauricie et Chaudière-Appalaches. La ponte des oeufs est en cours sous les boucliers (Laurentides). Pour intervenir, il faut attendre l'éclosion des oeufs, alors que les jeunes formes mobiles sortiront de leur bouclier et seront exposées aux éventuels traitements insecticides. Deux traitements sont recommandés à partir de l'éclosion des oeufs. Les traitements mal ciblés ou trop hâtifs seront inefficaces puisque les boucliers protègent très bien les femelles pondeuses et leurs oeufs.

Complément d'information sur les lécanies
La lécanie de la vigne (parthénolecanium corni) fait partie du grand groupe des cochenilles. Il s'agit de l'espèce la plus fréquemment rencontrée en bleuetière, mais elle peut être observée dans plusieurs cultures, dont la vigne et la camerise. Ce sont des insectes qui peuvent passer inaperçus puisque les infestations sont souvent limitées à quelques plants isolés. De plus, les lécanies, camouflées sous leur carapace cireuse (bouclier), se confondent avec la couleur des tiges. Toutefois, lorsque rien n'est fait, le nombre de plants atteints tend à augmenter au fil des ans. Dans certains cas, il peut en résulter une perte de vigueur notable des bleuetiers. Le printemps, après la font des neiges, est un bon moment pour dépister les lécanies. Les tiges sont bien visibles et les activités de taille vous permettent d'observer les plants un à un. Si vous apercevez des structures (« pustules ») semblables à celles visibles sur la photo ci-haut, n'hésitez pas à marquer les plants atteints et à les montrer à votre conseiller horticole.

Au besoin, des interventions avec de la chaux soufrée et/ou de l'huile de dormance (deux produits autorisés en régie biologique) peuvent être réalisées avant que les bourgeons à fruits n'éclatent. L'huile agit sur l'intégrité des carapaces des lécanies et nuit à leur développement subséquent. L'huile peut être utilisée seule. Toutefois, l'ajout de chaux soufrée à la bouillie de pulvérisation pourrait améliorer l'efficacité du traitement, de même qu'aider au contrôle d'autres maladies comme l'anthracnose et les chancres de tiges (Fusicoccum). À noter que l'huile de dormance ne peut à elle seule venir à bout des infestations importantes de lécanies. Pour les sites très infestés, d'autres traitements pourront être réalisés plus tard vers la fin de juin au moment de l'éclosion des oeufs. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les références suivantes :

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.

Cet avertissement a été rédigé par Christian Lacroix, agr. (MAPAQ) et révisé par la Direction de la phytoprotection (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Bleuet en corymbe ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

S'informer

Le savoir et l'expertise du réseau agricole et agroalimentaire

Bleuet en corymbe, Avertissement No 8, 8 juin 2022